Clinic n° 05 du 01/05/2011

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

La perte du contact interproximal (CI) entre des prothèses implantaires fixées et les dents adjacentes est souvent observée en pratique clinique quotidienne car les patients viennent se plaindre de bourrages alimentaires. Elle est considérée comme une complication commune associée aux implants. Il n’existe pas d’étude sur ce problème bien qu’une perte de CI puisse avoir un effet dommageable sur les structures péri-implantaires. La présente étude a pour objets d’évaluer le...


La perte du contact interproximal (CI) entre des prothèses implantaires fixées et les dents adjacentes est souvent observée en pratique clinique quotidienne car les patients viennent se plaindre de bourrages alimentaires. Elle est considérée comme une complication commune associée aux implants. Il n’existe pas d’étude sur ce problème bien qu’une perte de CI puisse avoir un effet dommageable sur les structures péri-implantaires. La présente étude a pour objets d’évaluer le taux de perte de contact interproximal entre prothèses implantaires fixées et dents adjacentes et de clarifier les facteurs qui l’affectent.

Matériel et méthode

L’étude porte sur 105 patients porteurs de prothèses fixes uniquement implanto-portées et ayant présenté, au moment de leur mise en place, des contacts interproximaux avec les dents adjacentes ajustés à 50 µm, à l’aide d’une jauge (fine lame de métal). Le nombre total d’implants est de 146. La période d’observation s’étend de 1 à 123 mois. Les dents adjacentes peuvent être des dents naturelles, des couronnes unitaires, des couronnes solidarisées entre elles ou des bridges. Même chose pour les dents antagonistes qui peuvent être également des prothèses sur implants et des prothèses adjointes, partielles ou complètes. Tous les 6 mois, des mesures du contact interproximal sont réalisées avec la jauge de 50 µm qui doit passer avec une résistance modérée entre la couronne implantaire et la dent adjacente. Le contact est considéré comme perdu si la jauge est insérée sans résistance. Le taux de perte de contact est comparé entre les contacts mésiaux et les contacts distaux.

Résultats et discussion

Sur les 186 contacts interproximaux observés, 80 sont considérés comme perdus. Le taux de perte de CI est de 51,8 % du côté mésial des prothèses implantaires et de 15,6 % du côté distal. Cette différence entre les contacts mésiaux et distaux est significative. À la mandibule, le taux de perte de CI est significativement plus important qu’au maxillaire. Du point de vue chronologique, les résultats indiquent que la moitié des contacts défectueux surviennent en 5,5 années. L’âge, l’état de la denture antagoniste, la vitalité des dents adjacentes et leur éventuelle solidarisation entre elles affectent significativement la perte de CI sur le côté mésial des prothèses implantaires et pas du côté distal. Un consentement éclairé approprié devrait être obtenu du patient avant le début du traitement implantaire.

L’essentiel

La perte de contact entre des couronnes implantaires et les dents adjacentes est observée fréquemment, spécialement du côté mésial des implants. Les bourrages alimentaires qu’elle entraîne peuvent causer des dommages sur les tissus péri-implantaires. Dans les limites de cette étude, les résultats montrent que la perte de contact interproximal (CI) entre les prothèses implantaires et les dents adjacentes concerne 43 % de l’échantillon étudié ici. Le taux de perte du CI du côté mésial est significativement plus élevé que celui du côté distal et il est significativement plus élevé à la mandibule. Il augmente avec le temps. La moitié des surfaces de contact de l’échantillon étudié ici sont perdues au bout de 5,5 années. D’autres facteurs affectent ce taux comme, par exemple, l’âge des patients, l’état de la denture antagoniste, la vitalité et la solidarisation des dents adjacentes. L’absence de CI doit être corrigée. Comme elle est fréquemment observée, il est recommandé de disposer de prothèses déposables par les praticiens. La perte de CI s’explique probablement par la migration mésiale des seules dents adjacentes. Il semble impossible de la prévenir compte tenu de la différence d’ancrage osseux entre les implants et les racines naturelles.