TRIBUNE
Plus que l’ouverture rapide d’un nombre important de dossiers, l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (ASIPSanté), qui gère les dossiers médicaux personnels (DMP), s’intéresse davantage aujourd’hui au nombre des professionnels de santé qui vont utiliser le dossier d’une même personne. Deux chirurgiensdentistes donnent leur point de vue sur la perception qu’ils ont de l’utilité de ce DMP.
Dans un premier temps, je ne pense pas que le DMP change fondamentalement les habitudes des chirurgiens-dentistes d’un point de vue individuel. Nous tenons déjà les dossiers de nos patients et nous recueillons auprès d’eux les réponses aux questionnaires médicaux, questionnaires qui ne peuvent en aucun cas être supprimés.
Il est vrai qu’avec le DMP, l’information sera plus juste… mais aussi plus brute ! Ce sera à nous de la décoder. Or, nous n’avons pas été formés pour recevoir et traiter la quantité d’informations qui va s’y trouver.
En revanche, je pense que le DMP va renforcer les échanges entre thérapeutes. Car si le plus simple reste le contact direct avec le médecin, qui d’ailleurs est le seul à pouvoir décider de la modification ou de l’arrêt de la prescription, là, nous aurons une base d’intervention commune. Le DMP va aussi renforcer le dialogue avec les patients. Il va nous permettre d’être plus exhaustifs dans nos interrogations. Ce sera un outil intéressant pour avoir un suivi interprofessionnel de l’état de santé du patient. Il va surtout être d’un grand apport pour les chirurgiens-dentistes qui font des actes chirurgicaux, de l’implantologie mais aussi des extractions.
Qu’inscrire dans le DMP ? Tout ce qui concerne les actes prothétiques, la nature des matériaux utilisés (éléments qui existent déjà dans les devis remis au patient), la date des traitements endodontiques et le passeport implantaire. Il ne faudrait pas pour autant, en cas de problèmes, que les informations communiquées soient utilisées dans un but coercitif !
Le principal changement induit par le DMP est le fait que, en cas de problème, nous ne pourrons plus prétendre ignorer l’état de santé du patient.
Nous ne sommes pas les plus concernés par le dossier médical personnel. Il a été présenté comme un instrument intéressant pour les patients. Il permettra sans doute aussi d’éviter les examens redondants. Ce qui ne sera pas pour déplaire à la Sécurité sociale. Cela dit, la consultation de ce dossier informatisé pourra nous être utile en cas d’urgence, d’allergies, de traitements lourds et de grosses pathologies avec la prise de médicaments qui peuvent être contre-indiqués pour nos traitements.
Les informations que nous pouvons apporter seront intéressantes pour la traçabilité prothétique et implantaire.
Mais pour créer et utiliser ce dossier médical, il faudra le rendre facile d’accès. Or, pour le moment, la procédure est encore floue.