ESTHÉTIQUE
Maria FENNICH* Faïza ABDALLAOUI**
*Professeur assistante en odontologie conservatrice
**Professeur de l’enseignement supérieur en odontologie conservatrice
Chef du service d’odontologie conservatrice
Service d’odontologie conservatrice
Faculté de médecine dentaire de Rabat
BP 6212, Les Instituts, Rabat, Maroc.
Éclaircir une dent dépulpée est une thérapeutique qui exige de connaître la nature de la dyschromie, le principe de l’éclaircissement, les produits employés et les différentes techniques existantes. Cette thérapeutique passe par le choix de la technique présentant le meilleur rapport bénéfice/coût/sécurité ainsi que par le respect du protocole d’éclaircissement en prenant les précautions nécessaires pour minimiser les risques. Enfin, il s’agit de connaître les limites de l’éclaircissement et savoir dans quelles situations cliniques passer à un traitement prothétique.
La blancheur de dents a toujours été recherchée comme signe de bonne santé, de jeunesse et, surtout, critère de beauté. L’obtention de dents blanches a donc été un souci constant qui a poussé à la mise au point puis à l’évolution de nombreux procédés de blanchiment. Il est préférable d’employer le terme « éclaircissement » plutôt que l’ancienne dénomination « blanchiment », car ce procédé vise à faire passer les structures dentaires dyschromiées d’un aspect initialement foncé à un aspect plus clair [1, 3].
Avant d’entreprendre une thérapeutique d’éclaircissement dentaire, il est capital de déterminer l’étiologie de la dyschromie car elle oriente le choix du traitement et influence le pronostic. L’étiologie peut ainsi être d’origine externe (il s’agit des dyschromies extrinsèques) ou interne (ce sont les dyschromies intrinsèques).
Il s’agit de dépôts de surface liés essentiellement au tabagisme et aux habitudes alimentaires : consommation de thé, de café ou absorption de colorants divers.
Les dyschromies intrinsèques sont dues au passage et à la transformation des pigments dans les tubules dentinaires et sont de trois ordres : physiologique, pathologique et iatrogène.
Les dyschromies physiologiques peuvent être liées à l’hérédité ou au vieillissement.
On rencontre les dyschromies pathologiques lors de :
• maladies systémiques (ictère, érythroblastose fœtale) ;
• de perturbations génétiques (dentinogenèse et amélogenèse imparfaites) ;
• d’anomalies acquises permanentes (tétracycline, fluorose) ;
• ou en cas d’atteintes pulpaires (nécrose, hémorragie post-traumatique).
Les dyschromies iatrogènes peuvent apparaître à la suite d’un traitement endodontique avec :
• traitement endodontique incomplet, par oubli d’un canal ou en raison d’une cavité d’accès incomplète (avec persistance de parenchyme pulpaire au niveau des surplombs) ;
• une hémostase mal contrôlée ;
• un matériau d’obturation coronaire non hermétique.
Les colorations anormales coronaires sont liées à une altération de la translucidité des tissus dentaires par incorporation au sein de leur matrice organique de pigments (ou produits chromogènes) qui correspondent à de longues chaînes de molécules organiques.
La méthode d’éclaircissement repose sur l’utilisation d’un agent oxydant fort, le peroxyde d’hydrogène, qui, grâce à son faible poids moléculaire, se diffuse rapidement à travers les tissus dentaires (tubules dentinaires et espaces interprismatiques de l’émail) pour atteindre les pigments responsables de la coloration. Le produit oxydant déclenche alors une réaction chimique reposant sur l’oxydation des grosses molécules des pigments présentes dans la matrice organique amélaire et dentinaire. Cela aboutit à leur fragmentation (avec formation de composés plus clairs), alors que les particules les plus petites seront éliminées par diffusion ou solubilisées [1, 4, 5, 9-12].
Les indications les plus courantes du traitement d’éclaircissement interne sur dents dépulpées concernent les dyschromies consécutives à :
• un traumatisme (58,8 % des cas) ;
• un ancien traitement endodontique iatrogène (23,9 % des cas) ;
• une nécrose pulpaire (13,7 % des cas [13]).
Dans ces cas, il s’agit de pigments organiques qui répondent bien au traitement d’éclaircissement. En effet, il peut s’agir de plusieurs composés possibles libérés à la suite de l’hémolyse des globules rouges puis de la dégradation de l’hémoglobine :
• le fer (hémosidérine) qui se combine avec l’hydrogène sulfuré pour donner du sulfure de fer de couleur noire ;
• l’hémine, de couleur bleu noir ;
• l’hématine, de couleur brun foncé ;
• la méthémoglobine, de couleur rouge brun ;
• l’hématoïdine, de couleur rouge [4, 5, 7].
L’éclaircissement est contre-indiqué en cas de :
• dents trop fragiles ou trop délabrées ne laissant persister que de l’émail ;
• dents immatures ;
• fêlures importantes, fractures ;
• dysplasie ou anomalie de structure de l’émail ;
• colorations rebelles liées à l’utilisation de certains matériaux tels les amalgames dentaires, les résines phénoplastes (colorations orange) [4, 6, 7].
Il s’agit d’eau oxygénée, de formule H2O2, encore appelée bioxyde d’hydrogène ou peroxyde d’hydrogène. L’eau oxygénée est utilisée à des concentrations variables, le plus souvent à 100 ou 130 volumes, ce qui correspond, respectivement, à des solutions de 30 et 35 % en poids d’eau oxygénée.
Au-delà de 3 %, le peroxyde d’hydrogène est caustique pour la peau et les muqueuses, il sera donc manipulé avec prudence pour éviter des brûlures.
Par ailleurs, le produit étant instable et décomposé par la lumière, il sera conservé en milieu réfrigéré, dans un flacon ambré, et nécessitera un renouvellement régulier au cours de son utilisation.
Quant à l’efficacité de l’eau oxygénée dans l’éclaircissement des colorations dentaires, elle est différente selon le pH, en effet :
• en milieu acide, sa dissociation aboutit à la libération d’oxygène naissant connu pour son pouvoir oxydant sur les structures colorées :
nH2O2 → nH2O + n(2O2) ;
• alors, qu’en milieu basique, la réaction devient :
nH2O2 → nHO2– + nH+
L’ion perhydrol (HO2–) est une molécule de très faible volume qui possède un pouvoir oxydant plus élevé que celui de l’oxygène naissant sur les groupements colorés. L’adjonction d’ammoniac (NH3) à la solution a été donc proposée pour la rendre basique [2, 5].
Il s’agit de peroxyde d’hydrogène stabilisé dans une solution de glycérine et couplé à l’urée (CH4N2O) pour former le peroxyde d’urée ou peroxyde de carbamide [CO (NH2)2, H2O2].
Le peroxyde de carbamide est commercialisé à des concentrations allant de 10 à 35 % et comporte un tiers de peroxyde d’hydrogène. Ainsi, dosé à 10 %, il équivaut à du peroxyde d’hydrogène à 3,3 ou à 10 volumes [2].
Le perborate de sodium (NaBO3) est une poudre blanche, fine, antiseptique, chimiquement stable à l’état sec. Mis en solution dans de l’eau distillée, il se décompose lentement en métaborate de sodium (NaBO2), eau oxygénée et oxygène naissant. Trois molécules de perborate de sodium sont alors nécessaires pour libérer une molécule d’oxygène naissant selon la réaction :
3NaBO3 + H2O → 3NaBO2 + O2 + H2O2
2H2O2 → 2H2O + O2
Utilisé seul, le perborate de sodium est un agent d’éclaircissement acceptable et inoffensif ; cependant, pour augmenter la quantité d’oxygène naissant libéré, certains auteurs préconisent de l’associer au peroxyde d’hydrogène : deux molécules de perborate de sodium suffisent alors pour libérer une molécule d’oxygène naissant selon une réaction du même type [2, 5] :
2NaBO3 + H2O2 → 2NaBO2 + O2 + H2O2
2H2O2 → 2H2O + O2
Récemment décrit comme produit d’éclaircissement interne, le percarbonate de sodium (dénommé aussi peroxhydrate de carbonate de sodium) est fabriqué à base de carbonate de sodium additionné de peroxyde d’hydrogène.
2(Na2CO3) + 3(H2O2) → 2Na2CO3 3H2O2
Une fois dissout dans l’eau, il se décompose en carbonate de sodium et peroxyde d’hydrogène.
L’efficacité du percarbonate de sodium, serait comparable à celle du peroxyde d’hydrogène [10].
Concernant la cytotoxicité du percarbonate de sodium, testée in vitro (sur des fibroblastes de souris) elle semblerait être comparable à celle du peroxyde d’hydrogène et supérieure à celle du perborate de sodium [14].
En fait, des études in vivo seraient à conduire avant de généraliser l’utilisation clinique du percarbonate de sodium [7, 10].
Un examen clinique et radiographique minutieux de la dent et des tissus de soutien environnants est nécessaire.
La qualité du traitement endodontique est évaluée ; la reprise de l’obturation canalaire est réalisée si le traitement est jugé insatisfaisant [20].
Le détartrage et le polissage de la dent et de ses voisines sont réalisés pour éliminer toute coloration externe acquise.
La teinte de référence des dents, avant le début du traitement, est relevée au moyen d’un teintier (Vita par exemple) et des photographies préopératoires sont réalisées.
Une digue étanche (de préférence de couleur claire) est mise en place.
Les anciennes obturations coronaires et les tissus cariés sont éliminés et la cavité d’accès est corrigée.
L’obturation canalaire est éliminée jusqu’à 2 mm au-delà du collet, puis un bouchon cervical étanche d’au moins 2 mm d’épaisseur est mis en place afin de protéger la jonction amélo-cémentaire de toute diffusion du produit d’éclaircissement. Différents matériaux ont été décrits pour réaliser ce bouchon de protection cervicale : ciments polycarboxylates [3], oxyphosphates de zinc [2, 4, 6, 14, 16, 17] et super-EBA [2, 4]. Actuellement, la préférence va aux ciments verres ionomères, car non seulement ils permettraient un scellement efficace [5, 8, 15, 20] mais ils présenteraient également l’avantage supplémentaire de ne pas avoir à être déposés en fin de traitement, puisqu’ils peuvent servir de base pour la restauration définitive [19].
Certains auteurs [3, 14] recommandent un avivage mesuré de la dentine décolorée, sa surface étant avivée avec une fraise boule sur contre-angle à faible vitesse en faisant attention à ne pas dénuder l’émail. En revanche, d’autres [2, 6, 19] sont contre cette procédure en raison du délabrement tissulaire qu’elle implique.
La surface interne dentinaire peut être dégraissée au moyen d’alcool (entre 90 et 96°) [3, 17] ou encore de chloroforme ou d’éther [14].
Le mordançage de la dentine à l’acide orthophosphorique à 37 % pendant 20 secondes avant éclaircissement ne fait pas l’unanimité. Benhamou et Sultan [3] ainsi que Benhamour et Besnaiou [14] et Louis et Bonnet [2] le recommandaient pour faciliter la diffusion de l’agent d’éclaircissement en ouvrant les tubules dentinaires. Plotino et al. [19] s’y opposent car :
• il augmenterait le risque de diffusion en direction du parodonte cervical ;
• sans toutefois améliorer l’efficacité de l’éclaircissement pour Mohammadi et al. [18].
Le produit d’éclaircissement employé peut être à base de :
• perborate de sodium + eau distillée ;
• perborate de sodium + eau oxygénée (entre 30 et 35 %) ;
• de perborate de sodium + peroxyde de carbamide (entre 30 et 35 %).
Plusieurs auteurs [3, 14, 17] optent plutôt pour l’association perborate de sodium + eau oxygénée en raison de son action plus rapide. D’autres [2, 5, 21] préfèrent le perborate de sodium + eau distillée en raison de son caractère plus inoffensif.
Le mélange perborate de sodium avec le peroxyde de carbamide, au lieu de l’eau distillée, ne présenterait pas d’intérêt puisqu’il ne serait pas plus efficace [21, 22]. En revanche, pour certains auteurs [23], l’addition du peroxyde de carbamide le rendrait plus efficace.
Quelle que soit l’association retenue, on réalise le mélange jusqu’à l’obtention d’une pâte relativement ferme (consistance de crème fraîche épaisse), placée dans la chambre pulpaire à l’aide d’un porte-amalgame. Cette préparation est mise au contact de la portion interne de la face vestibulaire, sans déborder sur les parois amélaires [6]. Elle est ensuite recouverte d’une obturation provisoire étanche. Il peut s’agir :
• d’oxyde de zinc-eugénol [16, 20] ;
• d’eugénate à prise rapide [2, 3, 5, 6, 17] ;
• ou encore de ciment verre ionomère [2, 6, 20].
Une petite boulette de coton peut être interposée entre le produit éclaircissant et l’obturation provisoire afin de prévenir les variations dimensionnelles de cette dernière [3-5, 16].
La durée d’éclaircissement dépend du produit employé :
• s’il s’agit du perborate de sodium avec l’eau oxygénée ou le peroxyde de carbamide, le mélange est laissé en place pendant 2 à 7 jours [3, 4, 14, 17, 20] ;
• si on emploie le perborate de sodium avec l’eau distillée, la réaction est moins rapide, la durée pourra être de 2 à 3 semaines [2, 4-6, 20].
À l’issue de ce délai, il convient de déposer le produit et de rincer abondamment avant de juger du résultat.
L’opération est renouvelée deux ou trois fois jusqu’à l’obtention d’une teinte satisfaisante [2-4] ; on peut même aller jusqu’à quatre fois [14].
La causticité importante du peroxyde d’hydrogène (à 30 ou 35 %) impose un certain nombre de précautions :
• les tissus gingivaux voisins ainsi que les collets vestibulaires et linguaux sont enduits d’une pâte protectrice à base de vaseline (Orobase®) ;
• une digue étanche est posée, elle doit passer les points de contact et être ligaturée au niveau des collets par un fil de soie ciré ;
• le patient et le praticien doivent porter des lunettes de protection ;
• pour le patient, des compresses saturées d’eau froide afin de protéger les lèvres ainsi qu’un champ épais sont mis en place.
La technique thermocatalytique consiste à placer dans la chambre pulpaire des boulettes de coton saturées en eau oxygénée à 30 ou 35 % et à activer la dissociation de l’eau oxygénée à l’aide du bleaching instrument ou à l’aide d’un instrument manuel réchauffé à la flamme. L’apport d’une source de chaleur augmente considérablement la vitesse et l’efficacité de la réaction mais aussi les risques de complications.
• Technique utilisant le bleaching instrument
La température est réglée sur 70 °C, puis l’embout de l’instrument est positionné sur le coton et maintenu en place jusqu’à la sensation d’un échauffement par le patient (sans toutefois dépasser 5 minutes).
L’embout ne doit en aucun cas toucher les parois dentaires, sous peine de provoquer des fêlures et fractures secondaires.
Au bout de 5 minutes, il faut renouveler le produit et réchauffer.
L’opération est recommencée 5 ou 6 fois dans la séance, le traitement durant ainsi 30 minutes.
• Technique utilisant un instrument manuel (fouloir à amalgame) réchauffé à la flamme
Il faut :
• chauffer la pointe de l’instrument au rouge ;
• l’appliquer sur le coton pendant 10 secondes ;
• reprendre ces étapes ;
• au bout de 5 minutes, renouveler le produit et réchauffer ;
• recommencer l’opération 5 ou 6 fois.
À la fin de la séance, on contrôle la teinte obtenue. Si elle n’est pas satisfaisante, un pansement temporaire est mis en place puis le même processus est recommencé lors d’une séance ultérieure.
Toutefois, cette technique est à éviter car le risque de fissuration des tissus durs est accru étant donné que la température n’est pas étalonnée.
Un gel de peroxyde d’hydrogène ou de peroxyde de carbamide, dosé entre 30 et 35 %, est injecté au niveau de la cavité d’accès. L’activation se fait par la lumière. On emploie une lampe halogène classique, une lampe à diode électroluminescente, une lampe à arc plasma ou une lampe laser.
L’irradiation par la lumière se fait du côté lingual ou palatin. La chronologie opératoire est de 5 à 6 séquences de 5 minutes avec renouvellement du produit entre chacune d’elles.
Lorsque l’éclaircissement interne par les deux techniques précédentes se révèle insuffisant, il peut être complété par un éclaircissement externe.
Il consistera (selon la technique retenue pour l’éclaircissement interne préalable) soit à appliquer, en vestibulaire, une compresse imbibée d’eau oxygénée et à réaliser un apport thermique par le bleaching instrument ou une spatule à bouche chauffée, soit à activer, par la lumière, un gel de peroxyde d’hydrogène appliqué directement ou au moyen d’une gouttière. La chronologie opératoire est la même que pour l’éclaircissement interne.
En fin de séance, il convient de placer un ciment temporaire puis, au bout de quelques jours (dent réhydratée), on peut juger du résultat et décider alors d’une nouvelle séance ou de la mise en place de l’obturation définitive et du polissage de la dent.
La méthode combinée consiste à associer l’éclaircissement interne au fauteuil à la méthode ambulatoire entre les séances.
La méthode d’éclaircissement externe/interne s’inspire de la technique d’éclaircissement des dents pulpéz. Elle consiste, après réalisation de gouttières, à demander au patient d’injecter dans la cavité d’accès, laissée ouverte, un gel de peroxyde de carbamide à 10 % et de le renouveler toutes les 2 heures et/ou de le laisser en place pendant la nuit. Toutefois, cette méthode n’est pas recommandée parce qu’il faut maintenir la dent ouverte durant le traitement. Cela s’accompagne d’un risque significatif de contamination bactérienne du canal, et ce même en présence d’un bouchon de protection cervical.
Les thérapeutiques d’éclaircissement de la dent dépulpée donnent généralement d’excellents résultats lorsque les indications sont respectées.
Quant à la stabilité des résultats, une récidive minime apparaît durant la semaine qui suit le traitement. Il est donc conseillé d’accentuer un peu l’éclaircissement de façon à prévenir ce risque.
Par ailleurs, il est fréquent de constater une légère récidive entre 1 et 3 ans après le traitement ; cela peut s’expliquer par le fait que les substances colorantes préalablement oxydées peuvent être réduites secondairement.
La récidive pourrait aussi être liée à une mauvaise adhésion immédiate du composite à la dent [20]. En effet, le peroxyde d’hydrogène entraîne :
• un dégagement d’oxygène persistant (bulles) ;
• la formation, à la surface dentinaire, d’un précipité amorphe, une sorte de boue dentinaire.
Ces deux éléments altèrent la qualité des collages immédiats mais se dissolvent au bout d’une quinzaine de jours.
Certains auteurs préconisent l’élimination des résidus d’oxygène par l’application d’acide ascorbique à 10 % ou de catalase [10]. D’autres conseillent de différer la pose du composite, afin de retrouver une bonne adhésion du matériau de restauration à la dent [2, 4, 7, 20, 25].
Selon les auteurs, le délai préconisé avant obturation définitive est de :
• 2 semaines au moins [2, 7] ;
• 1 mois [4].
La restauration coronaire définitive se fait généralement au moyen de résines composites. Du fait que les résines actuellement dans le commerce s’assombrissent dans le temps, il est conseillé de remplir la chambre pulpaire et les faces internes de la cavité d’accès avec une résine composite de teinte plus claire que celle inspirée par le teintier. En revanche, pour les parties visibles de la dent, on utilise la teinte indiquée par celui-ci.
Les premiers cas de résorption externe dans les zones cervicales des dents traitées par éclaircissement interne ont été relevés à la fin des années 1970. L’apparition de ce problème survenait de 1 à 7 années après traitement et pouvait aboutir à la perte des éléments dentaires.
Il s’est avéré que l’utilisation de peroxyde d’hydrogène à forte concentration, surtout en association avec la chaleur, augmentait les risques de résorption cervicale externe. Cela serait en rapport avec une augmentation de la perméabilité dentinaire [27].
La fuite de l’agent éclaircissant à travers les tubules dentinaires vers le desmodonte est alors facilitée, provoquant une baisse de pH pouvant occasionner une réaction inflammatoire locale et des résorptions cervicales externes ou, tout simplement, l’apparition d’érosions cervicales. En fait, cette fuite serait surtout observée en l’absence de cément au niveau de la jonction amélo-cémentaire en rapport avec :
• une anomalie histologique de jonction (10 % des dents) ;
• un traumatisme ;
• un traitement orthodontique ;
• une maladie ou un traitement parodontal ;
D’après une étude [28] comparant le perborate de sodium + eau distillée avec le perborate de sodium + peroxyde d’hydrogène, le perborate de sodium + peroxyde de carbamide et le peroxyde de carbamide, le perborate de sodium mélangé à l’eau distillée serait l’agent le moins agressif. Il entraînerait le moins de diffusion d’éléments oxydants de la chambre pulpaire vers la surface radiculaire externe.
Finalement, le maximum de mesures de prévention doit être instauré vis-à-vis des résorptions cervicales externes :
• éviter l’eau oxygénée à forte concentration ;
• proscrire la méthode thermocatalytique qui s’accompagne d’un risque élevé de lésions du desmodonte ;
• limiter la diffusion en effectuant une isolation cervicale par un matériau étanche ;
• mettre en place temporairement d’hydroxyde de calcium pendant 15 jours, au moins, pour reconditionner le pH avant de passer à la restauration coronaire définitive ;
• effectuer des contrôles réguliers à 1, 3, 6 et 12 mois.
Les techniques d’éclaircissement interne au fauteuil par apport thermique risquent d’accroître des microfêlures préexistantes, voire en être l’origine. Bien que l’utilisation d’un matériel thermostaté réduise ces risques, la combinaison de la chaleur et du peroxyde d’hydrogène concentré potentialise les effets iatrogènes sur les dents traitées.
Par ailleurs, sur les dents dépulpées, l’eau oxygénée à grande concentration provoque une modification structurelle : de petites zones de fractures avec des porosités marquées au niveau de la dentine apparaissent et la jonction amélo-dentinaire devient irrégulière. On observe une légère déminéralisation des tissus dentaires, une augmentation de solubilité et une diminution de la dureté, autant de facteurs qui fragilisent la dent.
Pour conclure, les techniques ambulatoires qui utilisent de l’eau oxygénée et les techniques thermo-catalytiques ou combinées font appel à des produits agressifs, dont l’emploi doit être exceptionnel et prudent. Face aux risques de résorption de fragilisation dentaire, il est même préférable de les exclure définitivement de nos thérapeutiques.
Par ailleurs, le perborate de sodium est un agent d’éclaircissement efficace, dont le mélange avec l’eau distillée ne produirait pas de modifications de l’ultrastructure des tissus dentaires [28] ni de résorption cervicale externe. Il serait donc préférable d’opter pour ce mélange.
Ces cas ont été traités par la technique ambulatoire faisant appel à un mélange de perborate de sodium et d’eau distillée (fig. 2 à 5).
Actuellement, à l’ère de la dentisterie fondée sur la preuve et malgré la multiplicité des techniques dont il dispose pour réaliser l’éclaircissement d’une dent non vitale, le praticien devra opter pour la technique qui possède le meilleur rapport bénéfice/coût/ sécurité, à savoir la technique ambulatoire faisant appel à un mélange de perborate de sodium et d’eau distillée. En effet, celle-ci s’avère simple, rapide à mettre en œuvre, économique et sans risque.
Par ailleurs, les résultats obtenus sont satisfaisants dans la majorité des cas, à condition de cibler les indications, de respecter le protocole et de s’assurer de la motivation du patient avant d’indiquer ce type de thérapeutique qui améliore le traitement des dyschromies sans atteinte de l’intégrité de l’organe dentaire.
Testez vos connaissances suite à la lecture de cet article en répondant aux questions suivantes :
1. Les dyschromies intrinsèques peuvent survenir suite :
a. à la consommation excessive de thé ou de café
b. au tabagisme
c. à un traumatisme
2. Le produit d’éclaircissement le plus inoffensif est :
a. le perborate de sodium mélangé au peroxyde d’hydrogène
b. le perborate de sodium à l’eau distillée
c. le peroxyde d’hydrogène
3. Une fois l’éclaircissement interne terminé :
a. la restauration définitive est différée de 2 semaines au moins
b. la restauration définitive est différée de quelques jours
c. la restauration définitive doit être réalisée le jour même
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