Praticien à Paris dans le VIIe arrondissement, Christian Chaufour, 55 ans, navigue en Bretagne du Nord. Après avoir participé sur des bateaux modernes aux plus grandes courses de voile, comme la Fasnet en mer d’Irlande, il s’est passionné pour les voiliers de tradition. Au-delà de son goût pour les vieux gréements, c’est un certain art de vivre – l’esprit du yachting classique – qui l’anime.
Ma passion réelle pour les vieux gréements remonte à une dizaine d’années. Elle date de ma rencontre avec Philippe Menhinick. Il m’a parlé de son bateau, le fabuleux Nan of Fife, et j’ai été conquis. Ce voilier, qui affiche 25 mètres hors tout (20 m de coque) et 306 m2 de voiles, a été construit en 1896, 2 ans avant Pen Duick, le bateau d’Eric Tabarly, également réalisé par William Fife Junior en Écosse. C’est aujourd’hui le plus ancien et le plus beau yacht français en état de naviguer, grâce au formidable travail de restauration entrepris par Philippe Menhinick lui-même pendant 2 ans.
L’esthétique des bateaux, la beauté et la magie des courses ainsi que les valeurs d’un sport authentique que je peux partager avec un milieu de connaisseurs.
Oui, épisodiquement. Nan est un bateau à la fois très technique et très difficile à manœuvrer qui nécessite un équipage de 15 personnes. J’étais très heureux d’en faire partie comme membre d’équipage. En effet, de 2001 à 2006, je l’ai loué avec des amis pendant quelques semaines pour participer aux Régates royales de Cannes et aux Voiles de Saint-Tropez où régatent les plus beaux bateaux du monde.
J’ai racheté un Morning 34 – le sister ship de Morning Cloud, le bateau ayant appartenu à Edward Heath, Premier ministre britannique – et j’ai pu le garder 3 ans, de 2002 à 2005. Ce yacht m’a permis de participer aux régates Cowes-Dinard, 165 miles, compétition annuelle entre l’île de Wight et la capitale de la Côte d’Émeraude. Cette course mythique, créée en 1906 sous l’impulsion du roi d’Angleterre Édouard VII, rassemble chaque année de 120 à 130 unités de toutes tailles.
Oui, car c’est à Dinard, où mon grand-père avait une villa, que j’ai fait mes débuts à la voile. J’avais 10 ans. À 19 ans, j’ai eu mon premier bateau en bois, un Belouga. À 28 ans, j’ai acheté mon premier Requin, Mao ti toi.
Doenna est mon quatrième Requin. Réalisé par les chantiers Bertin en 1962, c’est sans doute le plus beau de la flotte (n° 232). Il a été présenté au Salon nautique de Paris de 2010, par l’AFPR (Association française des propriétaires de Requins) dont je suis le vice-président depuis 4 ans. Avec Pascal Civel, son précédent propriétaire, chirurgien-dentiste également, il a été 3 fois champion de France : en 2002 à Saint-Quay-Portrieux, en 2005 à Arcachon et en 2006 à La Trinité.
Effectivement, beaucoup de propriétaires de Requin peuvent préférer le Dragon, qui a une tout aussi belle ligne mais qui a une activité de régate plus importante, en particulier internationale. Ce n’est pas mon cas. Le Requin marche mieux par petit temps et il a l’avantage d’avoir une cabine, ce qui permet d’aller plus au large. C’était très appréciable au début, avec mes fils en bas âge.
Les noms des sponsors ne peuvent pas apparaître, ni sur les voiles ni sur la coque des bateaux. Un voilier d’exception comme le Nan of Fife est sponsorisé, sans aucun signe apparent, par Rhum Clément depuis sa restauration.
Pour le moment, a priori, du 14 au 17 juillet, les Voiles Classiques de La Trinité, à bord d’un très beau 8 mètres JI de 1924, avec des amis. À Noirmoutier avec le Requin fin juillet, la Lancel Classique, et mi-août, les régates du Bois-de-La-Chaize. Enfin peut-être en septembre, les Voiles de Saint-Tropez, si j’obtiens une dérogation pour courir avec Doenna (bateau de moins de 10 mètres).
Pour le moment, je me consacre à mon activité professionnelle. Je pratique essentiellement l’implantologie et la prothèse sur implant. Les deux autres chirurgiens-dentistes s’occupent l’une des soins, l’autre de la parodontie. Je ne pourrai pas consacrer vraiment plus de temps à la navigation avant d’avoir 65 ans, c’est-à-dire pas avant d’avoir acheté les murs de mon cabinet. Toutefois, j’espère, d’ici à 3 ans, pouvoir passer à la semaine de 4 jours.
En réalité, il n’y a pas de définition bien précise. Cette appellation varie en fonction de chaque club. Mais pour les compétitions, le CIM (Comité international de Méditerranée), par exemple, se montre vigilant lors des jauges initiales des yachts comme des autres voiliers en compétition.
En 2010, le Requin a fêté ses 80 ans, salués par la sortie d’un livre Voilier de légende, le Requin. Il s’agit d’un ouvrage d’une centaine de pages, le premier du genre concernant le Requin, avec 250 photographies d’Yves Suinat. Il est édité par l’Association française des propriétaires de Requins (sur commande, sur le site de l’association, www.classe-requin.fr).