Clinic n° 02 du 01/02/2011

 

ENQUÊTE

Anne-Chantal de Divonne  

On entend parfois parler de l’ARS comme d’une « usine à gaz ». Comment réagissez-vous ?

La création d’une culture ARS prend du temps car les personnes sont issues d’horizons différents. En même temps, nous devons monter un plan régional de santé avec des schémas de prévention, d’offre de soins et d’offre médico-sociale. La loi HPST apporte beaucoup de nouveautés, plus de démo-cratie sanitaire et d’instances de concertation, des projets de contrats...


On entend parfois parler de l’ARS comme d’une « usine à gaz ». Comment réagissez-vous ?

La création d’une culture ARS prend du temps car les personnes sont issues d’horizons différents. En même temps, nous devons monter un plan régional de santé avec des schémas de prévention, d’offre de soins et d’offre médico-sociale. La loi HPST apporte beaucoup de nouveautés, plus de démo-cratie sanitaire et d’instances de concertation, des projets de contrats locaux de santé, des dispositifs d’éducation thérapeutique du patient qui n’existaient pas… Cela fait donc beaucoup de changements. Mais je ne pense pas que l’ARS soit une « usine à gaz ». Auparavant, le monde de la santé fonctionnait en tuyaux d’orgues et sans pôle commun pour porter réellement la prévention et la promotion de la santé. Aujourd’hui, avec l’ARS, nous pouvons avoir une vision large et transversale de la santé. En Île-de-France par exemple, 12 projets prioritaires (cancer, nutrition, Alzheimer…) sont conçus pour harmoniser les axes prévention, organisation des soins et organisation médico-sociale.

Comment la santé bucco-dentaire s’intègre-t-elle dans les projets ?

Des axes bucco-dentaires ont par exemple été identifiés à destination des personnes âgées, à cause de l’impact de la santé bucco-dentaire sur la nutrition, et dans des projets en faveur des jeunes, car c’est l’un des trois obstacles, en matière de santé, à l’insertion professionnelle. Dans le cadre du projet « cancer », nous allons favoriser la détection et le dépistage précoce des cancers de voies aéro-digestives supérieures. Nous travaillerons sur la façon dont les chirurgiens-dentistes peuvent être impliqués dans la lutte contre le tabagisme et sur l’accueil, dans les cabinets dentaires, des enfants dépistés en milieu scolaire. Je souhaite aussi mettre en œuvre ce qui a été prévu, mais non appliqué, par la convention et le plan de Xavier Bertrand en faveur des femmes enceintes. Il faut que les médecins et les gynécologues les orientent vers les chirurgiens-dentistes et que ceux-ci aient un vrai rôle de prévention. Nous serons en relation étroite avec la profession pour déterminer le contenu d’une consultation spécifique « femme enceinte ». Dans chacun de ces projets, des programmes, des objectifs et des moyens seront définis.

Quel est l’intérêt d’actions régionales plutôt que nationales ?

La dimension régionale permet de tenir compte de situations différentes. L’ARS peut recueillir des données et identifier des catégories de population et des territoires prioritaires sur lesquels elle pourra agir pour réduire les inégalités. Elle peut se mettre d’accord avec la profession sur de bonnes pratiques professionnelles qui puissent être diffusées largement. Le but est d’améliorer la qualité et l’efficience des pratiques.

Quelle place tiennent alors les grands plans nationaux comme M’T dents ?

Ces grands plans creusent les inégalités. Les populations qui ont une certaine culture comprennent et acceptent les messages tandis que les autres restent de côté. Le sucre fait partie de la culture maghré-bine et ne pas en manger est inadmissible ; il est donc inutile de dire aux Maghrébins de ne pas en manger. Dans ce domaine, comme dans le dentaire ou pour le dépistage organisé du cancer, il faut cibler les catégories de la population dont les indicateurs sont les plus mauvais et faire évoluer les comportements en adaptant les messages aux habitudes sociales et culturelles. C’est tout le travail de la promotion de la santé.

Que peut changer l’ARS dans le quotidien du chirurgien-dentiste ?

Je ne suis pas du côté de l’offre de soins. En ce qui me concerne avec l’ARS, l’accent est clairement mis sur la prévention et la santé publique. Et dans ce domaine, une question reste d’actualité : la délégation de tâches. Il faut trouver des moyens pour que malgré la diminution de leur nombre, les chirurgiens-dentistes continuent d’assumer leur mission de soignants sans négliger l’apprentissage du maintien d’une bonne santé bucco-dentaire. Je n’ai pas encore d’élément permettant de dire comment l’ARS pourrait donner aux assistantes dentaires des missions d’éducation à la santé. L’idée doit mûrir avec la profession.

Le rôle des URPS

Les unions régionales contribuent à l’organisation de l’offre de santé régionale. Elles participent notamment :

– à la préparation et à la mise en œuvre du projet régional de santé ;

– à l’analyse des besoins de santé et de l’offre de soins, en vue notamment de l’élaboration du schéma régional d’organisation des soins ;

– à l’organisation de l’exercice professionnel, notamment en ce qui concerne la permanence des soins, la continuité des soins et les nouveaux modes d’exercice ;

– à des actions dans le domaine des soins, de la prévention, de la veille sanitaire, de la gestion des crises sanitaires, de la promotion de la santé et de l’éducation thérapeutique ;

– à la mise en œuvre des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens ou des contrats ayant pour objet d’améliorer la qualité et la coordination des soins ;

– au déploiement et à l’utilisation des systèmes de communication et d’information partagés ;

– à la mise en œuvre du Développement professionnel continu (DPC).

En bref

URPS

Un budget

Les URPS perçoivent une contribution versée par chaque chirurgien-dentiste conventionné en fonction du revenu de l’exercice libéral. Le taux de cette contribution est fixé par décret dans la limite de 0,5 % du montant annuel du plafond des cotisations de la Sécurité sociale (Article L4031-4).

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