Clinic n° 02 du 01/02/2011

 

ELIO (Ekler)

NOUVEAUX PRODUITS

Ce que j’en pense

Marc APAP  

Cela fait des années que je lorgne ce système. À chaque exposition, en France ou à l’étranger, je visite le stand de la société Ekler qui le commercialise. Son inventeur, concepteur, designer fabricant, fournisseur est un ingénieur que je connais bien, installé comme moi, dans la banlieue ouest de Paris. Chaque fois que je vais le voir, il propose une version améliorée de l’appareil. Lors du dernier congrès de l’ADF, je me suis dit « Ça y est ! » : l’ensemble m’a...


Cela fait des années que je lorgne ce système. À chaque exposition, en France ou à l’étranger, je visite le stand de la société Ekler qui le commercialise. Son inventeur, concepteur, designer fabricant, fournisseur est un ingénieur que je connais bien, installé comme moi, dans la banlieue ouest de Paris. Chaque fois que je vais le voir, il propose une version améliorée de l’appareil. Lors du dernier congrès de l’ADF, je me suis dit « Ça y est ! » : l’ensemble m’a paru suffisamment convaincant pour sérieusement concurrencer les quelques équipements similaires, autrement plus chers, disponibles sur le marché.

À la base, l’Elio est un éclairage opératoire à LED. Son look inhabituel peut surprendre. Il n’en impose pas autant que les réalisations américaines, cossues et massives. Un design intemporel, à la fois aérien et baroque, auquel on finit par s’habituer pour le trouver presque élégant. L’ensemble est tout blanc laqué, au bout d’un long bras articulé. Le modèle essayé ici comporte deux ampoules, logées dans des cavités circulaires à ses extrémités. Elles dispensent une puissante lumière blanche, sous forme d’un spot qui m’a paru assez étroit en largeur, mais très semblable en hauteur, à celui de mon scialytique à halogène. Comme tous les dispositifs de ce genre, il peut pivoter dans les deux axes de l’espace, verticalement et horizontalement. Depuis peu, le fabricant l’a doté d’une troisième articulation, pour une orientation oblique d’environ 30° à droite ou à gauche. Cette spécificité répond aux recommandations du groupe de travail de l’ESDE (European Society of Dental Ergonomics) en vue d’un éclairage optimal de toute la cavité buccale quelle que soit la position de l’opérateur.

Des possibilités uniques

Mais la véritable originalité de l’Elio, c’est la présence d’une petite caméra placée entre les LED. Dissimulée derrière un spot noir, elle capture tout ce qui se passe sous le faisceau de l’éclairage. Dotée d’une définition de 795 × 596 pixels en 550 lignes, d’une mise au point automatique quasi instantanée et d’une distance focale de 50 à 70 cm, elle produit des images d’une netteté étonnante que l’on peut visionner sur un écran 17 ou 19 pouces.

Son zoom optique d’abord, numérique ensuite, offre un grossissement de 36 fois. Cela ne signifie pas grand chose, car les rapports sont très différents de ceux d’un microscope par exemple, s’agissant d’une image projetée à une certaine distance de l’opérateur. Disons qu’en conservant la bonne définition du zoom optique, il est possible de voir une seule molaire en plein écran.

La brochure publicitaire expose toutes les possibilités du système : on peut l’utiliser pour filmer une intervention en bouche, visualiser son travail en direct sur le moniteur, observer à fort grossissement des détails anatomiques et remplacer ainsi le microscope, ou capturer des images fixes de haute qualité, pour les présenter au patient à des fins de motivation.

Il existe actuellement 3 ou 4 dispositifs de « vidéoscopie » dentaire. Lors des démonstrations, leurs promoteurs placent l’objectif devant le patient, au-dessus de sa poitrine, pour filmer l’intervention comme une personne extérieure tenant la caméra. Cette position peut sembler intéressante pour visualiser des faces palatines qui ne pourraient être observées sans miroir, mais elle est absurde : elle ne permet d’observer les choses que sous un seul angle, la caméra étant fixe et difficile à déplacer. L’opérateur est de toute façon obligé de voir de ses yeux le champ opératoire, et d’une manière générale, tout ce qui échappe au regard de la caméra. C’est un peu comme s’il essayait de conduire une voiture en la téléguidant de l’extérieur, plutôt qu’en étant assis au volant.

Grâce aux spécificités de l’Elio et sa longue distance de mise au point, on peut le placer au-dessus de la tête du praticien, en orientant l’objectif pratiquement dans le même axe que son regard. Au lieu de se pencher sur la bouche du patient, l’opérateur peut effectuer son travail en vision directe comme indirecte dans le miroir, en regardant seulement l’écran de contrôle. Bien sûr, cela demande une petite gymnastique pour se repérer dans l’espace, mais l’opération ne m’a pas paru insurmontable. J’ai pu l’expérimenter sur un patient avec une sonde et un miroir. Il est probable que la courbe d’apprentissage soit un peu plus longue s’agissant de fraiser une molaire sous spray d’air et d’eau, mais ce premier succès m’a semblé très encourageant. Pourvu que l’écran soit situé assez bas, la position de travail, du dos et surtout du cou, est extrêmement confortable, d’autant que l’on regarde au loin et qu’il n’y a pas de convergence des yeux comme à travers des loupes.

Les commandes de l’appareil sont regroupées sur une pédale sans fil, légère et peu encombrante dont la manipulation est très simple : zoom plus et moins, et inversion de l’image permettent de trouver rapidement les réglages optimaux. La finesse des images est remarquable, mais gagnerait à être encore améliorée. Le rendu des couleurs est bon, quoiqu’un peu froid. Il est plus réaliste lorsque les LED sont éteintes, car la caméra fonctionne très bien en basse lumière, mais cette option n’est sans doute pas recommandable en pratique.

L’absence de vision en relief est peut-être l’inconvénient de ce type d’appareil. J’avoue ne pas avoir apprécié cet aspect des choses en situation réelle. L’ensemble est parfaitement opérationnel en tant que système d’éclairage opératoire à lumière froide et pour la capture d’images fixes ou animées, de la dimension d’un visage à celle d’une dent. Travailler sur écran représente une utilisation encore futuriste. Mais cet exploit m’a semblé tout à fait accessible étant donné les atouts dont l’appareil dispose déjà.

ELIO

Les plus

• Excellente qualité d’éclairage.

• Bonne définition de l’image.

• Substitut des aides optiques très prometteur.

• Prix extrêmement avantageux.

Les moins

• Finesse de l’image encore perfectible.

• Efficacité clinique à confirmer

Prix de vente recommandé

• 4 990 € + accessoires (écran, pédale sans fil, etc. pour environ 1 000 €).

Ekler

Tél. : 01 34 80 44 90 – www.ekler.fr