Clinic n° 02 du 01/02/2011

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Comparés aux ciments conventionnels, les ciments résine présentent plusieurs avantages tels une rétention augmentée, une solubilité minimale dans les fluides buccaux et une biocompatibilité acceptable. Plus récents, les ciments résine auto­adhésifs introduits pour simplifier les procédures cliniques de collage (pas de traitement dentinaire préalable), présentent des forces de collage inférieures à celles des ciments résine conventionnels qui sont fondées sur l’application...


Comparés aux ciments conventionnels, les ciments résine présentent plusieurs avantages tels une rétention augmentée, une solubilité minimale dans les fluides buccaux et une biocompatibilité acceptable. Plus récents, les ciments résine auto­adhésifs introduits pour simplifier les procédures cliniques de collage (pas de traitement dentinaire préalable), présentent des forces de collage inférieures à celles des ciments résine conventionnels qui sont fondées sur l’application d’un système adhésif avec mordançage, rinçage, etc. Un agent mordançant doux pourrait améliorer les forces de collage des ciments auto­adhésifs. L’objet de cette étude est d’évaluer l’effet de l’acide tannique et de l’acide polyacrylique sur les forces de collage à la dentine de 2 ciments résine autoadhésifs.

Matériel et méthode

Les faces occlusales de 18 dents de sagesse extraites sont meulées jusqu’à exposer des surfaces planes de dentine. Elles sont divisées en 3 groupes. Le groupe 1, sans aucun traitement de surface, sert de contrôle. Dans le groupe 2, la dentine est prétraitée par application d’une solution à 25 % d’acide poly­acrylique (Ketac Conditioner ; 3M ESPE) pendant 10 secondes. Le groupe 3 est traité à l’acide tannique à 20 % pendant 10 minutes. Des cylindres de composite polymérisé sont collés aux différentes surfaces en utilisant un des 2 ciments autoadhésifs à tester : Maxcem Elite (Kerr Corp) et RelyX Unicem (3M ESPE). Les spécimens sont sectionnés perpendiculairement à l’interface de collage en baguettes de 1 mm2 de section qui sont soumises à des tests de traction jusqu’au décollement.

Résultats et discussion

Le prétraitement avec l’acide poly­acrylique, qui est un agent acide doux, résulte en une augmentation significative des forces d’adhésion des spécimens collés avec le RelyX Unicem, probablement parce que ce ciment renferme des particules de verre ionomère. Le prétraitement des boues dentinaires par des acides augmenterait en effet les forces de collage des ciments au verre ionomère à la dentine. En revanche, l’acide poly­acrylique ne montre aucun effet sur les forces de collage du Maxcem Elite. L’acide tannique qui a été utilisé pour éliminer ou modifier les boues dentinaires dans le but d’améliorer le collage des ciments verre ionomère sur la dentine ne produit dans cette étude aucun effet sur les 2 ciments résine autoadhésifs testés. Il n’a pas démontré d’efficacité complète dans l’élimination des boues dentinaires.

L’essentiel

Dans les limites de cette étude, les résultats indiquent que le prétraitement de la dentine avec un acide polyacrylique (acide doux) augmente les résistances de collage du RelyX Unicem, ciment résine autoadhésif qui ne produit pas de couche hybride visible. En revanche, le mordançage par cet acide n’améliore pas la résistance de collage du Maxcem Elite. Il a été montré qu’en l’absence de prétraitement dentinaire, ces deux ciments résine autoadhésifs ne présentent pas de différences significatives concernant leurs résistances de collage. Si les cliniciens, qui assez habituellement nettoient leurs préparations avant collage des restaurations, veulent s’épargner la mise en œuvre d’une étape supplémentaire, ils n’auront qu’à incorporer l’acide polyacrylique dans la phase de nettoyage. L’efficacité de ce traitement devrait être évaluée cliniquement sur un long terme et sur d’autres ciments résine autoadhésifs. L’acide tannique, autre acide doux testé ici, utilisé généralement dans le but d’améliorer le collage des ciments verre ionomère, ne produit aucun effet sur les 2 ciments résine auto­adhésifs de cette étude. Une des limites de celle-ci est que le prétraitement de la dentine a été évalué sous des conditions spécifiquement in vitro.