TRIBUNE
Premier motif de consultation mais aussi le premier motif de résistance au soin, la douleur fait partie du quotidien du praticien. Deux praticiens libéraux témoignent de la façon dont ils s’occupent du patient qui souffre
Prendre en charge la douleur, c’est d’abord prendre en charge l’individu. L’accueil du patient doit être très humain. On doit le rassurer et lui faire sentir que l’on prend personnellement en charge son cas. Le chirurgien-dentiste et le rendez-vous sont déjà le premier médicament ! Cette phase est importante car dans la douleur, l’aspect psychologique peut jouer un rôle amplificateur. Ensuite, il faut prendre en charge la douleur physique. Les douleurs les plus vives et les plus fréquentes proviennent de pulpites aiguës. C’est l’acte endodontique qui permettra de soulager le patient. Pour les autres douleurs, je prescris du paracétamol et parfois du tramadol.
L’expérience compte beaucoup dans la compréhension de la douleur. Néanmoins, il reste des pathologies dont les symptômes peuvent être difficiles à comprendre et analyser. C’est le cas peu fréquent de certaines pathologies pulpaires chroniques et, bien sûr, des glossodynies et des stomatodynies. Quand j’ai du mal à comprendre une douleur, j’explique à mon patient que je ne sais pas tout, mais que je cherche activement une explication – et donc une solution – à son problème, ce qui peut nécessiter de s’y reprendre à plusieurs fois. Il a ainsi le sentiment d’être écouté et d’avoir collaboré en ayant fait progresser l’expérience de son praticien. Cela peut créer un lien de confiance très fort. L’échange de connaissances au travers d’Internet est un outil précieux.
Que je sache, je ne reçois pas de patients qui souffrent adressés par d’autres soignants. En revanche, certains patients viennent d’eux-mêmes parce que leur problème n’a pas été traité avec succès ailleurs, ou parce que leur douleur a été niée et prise pour « du cinéma ».
La douleur est notre quotidien ! Avec la prévention, nous recevons heureusement moins souvent des patients avec de fortes douleurs qu’avant. Car l’urgence est un problème quand survient l’imprévisible. C’est le cas, par exemple, de l’analgésique qui ne « prend » pas pour soigner une pulpite. Quand j’ai 1 heure devant moi, c’est gérable. Quand j’ai moins de temps, je m’occupe d’éliminer l’inflammation locale. Et je m’arrange pour traiter le patient un peu plus tard dans un milieu moins acide.
Quand il arrive de ne pas comprendre l’origine de la douleur, j’adresse mon patient à un confrère. Et si nous n’avons pas de solution, je recommande de consulter un stomatologue ou un ORL.
De mon côté, je reçois de plus en plus de patients envoyés par des médecins généralistes pour des problèmes de céphalées ou de douleurs articulaires. Ils me demandent de déceler une éventuelle origine dentaire ou un problème d’occlusion.