Clinic n° 09 du 01/10/2010

 

C’EST MON AVIS !

Michel Goldberg  

Au commencement de l’Institut français pour la recherche odontologique (IFRO), il s’agissait de permettre la mise en fonction d’une structure impliquée dans l’octroi de bourses de recherche aux jeunes chercheurs ou aux laboratoires. Il fallait aider ou sauver le soldat Recherche Odontologique. Ce dernier, laissé dans les limbes, fragile ou profondément vulnérable, restait invalide sur la grand-route de la connaissance. Dans les commissions d’instituts, le sida, les pathologies...


Au commencement de l’Institut français pour la recherche odontologique (IFRO), il s’agissait de permettre la mise en fonction d’une structure impliquée dans l’octroi de bourses de recherche aux jeunes chercheurs ou aux laboratoires. Il fallait aider ou sauver le soldat Recherche Odontologique. Ce dernier, laissé dans les limbes, fragile ou profondément vulnérable, restait invalide sur la grand-route de la connaissance. Dans les commissions d’instituts, le sida, les pathologies cardio-vasculaires, immunologiques ou autres, apparaissaient comme majeures face aux simples pathologies dentaires. Ces dernières ne bénéficiaient que de miettes. C’est donc à l’honneur de l’ADF et d’industriels d’avoir conçu et réalisé l’IFRO.

Restait à en faire une chose sérieuse et efficace. Ce furent à des hospitalo-universitaires que fut dévolue la tâche d’organiser et de mettre en œuvre la structure. Finis les prix dépourvus de toute signification scientifique, patronnés par des industriels qui entendaient en faire un outil publicitaire, finis les prix « enterrement de première classe » récompensant le travail de celui qui ne ferait plus jamais de recherche. Un comité scientifique rigoureux, mis en place par ses pairs, un réseau d’experts nationaux et internationaux furent créés. C’est l’essentiel de la tâche de l’IFRO, avec la présentation des acquis, avec la publication d’un cahier annuel. Puis est venue s’ajouter à cette tâche l’organisation de journées spécialisées. Deux ont déjà eu lieu : l’une consacrée aux cellules souches de la pulpe dentaire, l’autre aux maladies rares affectant la sphère cranio-faciale.

Quatre-vingts bourses ont été attribuées en 10 années, grâce au mécénat de certains, grâce à l’ADF qui a pris sur ses fonds propres, grâce à quelques industriels qui ont compris l’enjeu : Pierre Fabre, Gaba, Colgate, GC, tandis que d’autres abandonnaient un navire qui maintenait le cap contre vents et marées.

Aujourd’hui, tout bouge, partout et vite. On pensait qu’après avoir défriché le génome humain, nous disposerions de toutes les ressources nécessaires pour traiter les déviances pathologiques.

L’épigénétique et d’autres concepts sont venus bousculer les idées établies. Cependant, un fossé subsiste entre les progrès de la science et ceux de la recherche odontologique. Il est urgent de persévérer, de tenter de réduire ce hiatus. Faute de structures appropriées, faute d’une organisation efficacement soutenue par les doyens et chefs de service, nous avançons la tête dans le guidon et, dans beaucoup de domaines, nous claudiquons péniblement.

Ce sera la tâche de mon ami Henry Magloire, qui me succède, et celle de Martine Bonheur Mallet, qui succède à Dominique Deville de Perière à la présidence du Conseil scientifique, que de poursuivre dans le droit fil, tenter de donner de l’oxygène à une recherche qui a du mal à prendre ses marques.