Petit, mais costaud

Vous l’avez sans doute remarqué : depuis 2 ou 3 ans, presque tous les fabricants nous proposent des produits similaires dans chaque catégorie. Cela n’a rien d’original : promenez-vous dans un supermarché, vous y verrez 5 ou 6 marques de liquide vaisselle, de dentifrice, de shampoing, de chocolat, de biscottes, de sardines à l’huile… Qu’est-ce qui, objectivement, les distingue, mis à part l’étiquette ? Eh bien pour les adhésifs amélo-dentinaires, c’est à peu près la même chose aujourd’hui. Les praticiens réclament des automordançants tout en un pour ne pas se compliquer la vie : on leur vend des SAM1 de 7^e génération, même si toutes les études semblent montrer qu’ils sont moins performants à long terme que les produits à plusieurs étapes successives. Dans cette lignée, le Bond Force est en tout point semblable à ses homologues. Autrement dit, un produit monocomposant à appliquer directement sur l’émail et la dentine, à laisser agir pendant 20 secondes en frottant les surfaces, à évaporer à la soufflette faiblement puis un peu plus fort durant 5 + 5 secondes et à polymériser une dizaine de secondes.

Il est vrai que, question pratique, ce système est de loin préférable à celui des générations précédentes. Le One-Up Bond était sympathique mais nécessitait le mélange préalable de 2 composants, certes d’un magnifique rose fuchsia, mais un tantinet laborieux. En outre, le produit se figeait rapidement dans les recoins des cavités, ce qui était relativement agaçant.

Le Bond Force, lui, est contenu dans un petit flacon noir, assez souple, avec une buse à peine un peu large. C’est la raison pour laquelle le mode d’emploi recommande clairement de ne pas trop appuyer sur le flacon pour verser la goutte de produit dans le godet fourni avec l’ensemble. Comme avec tous ces adhésifs trois en un, il faut bien agiter le récipient pour homogénéiser son contenu avant de s’en servir et le replacer chaque soir au réfrigérateur pour prolonger sa durée de vie.

Le liquide, de fluidité intermédiaire, est jaune très clair. Si, autrefois, un tel adhésif semblait vraiment révolutionnaire, il est devenu aujourd’hui très banal, n’appelant aucune critique particulière. Un produit sans histoire et sans problème : facile à utiliser, efficace tant que l’on ne lui réclame pas la lune. Celui-ci contient un peu de fluor pour renforcer les structures environnantes, avec un solvant alcoolique qui ne s’évapore pas trop vite et dont l’odeur n’est pas désagréable. Même si le fabricant ne le préconise pas, il est prudent, avec les automordançants, de biseauter le bord des cavités ou de mordancer sélectivement l’émail périphérique car, en principe, ces adhésifs ne collent pas très bien à l’émail intact.

Tokuyama a relooké l’année dernière les emballages de toute sa gamme : celui-ci est d’un joli bleu électrique métallisé, comme seuls les Japonais savent le faire. Le Bond Force présenterait une durabilité de l’adhésion comparable à celle du Clear Fill SE Bond (Kuraray), automordançant à 2 composants successifs (SAM2), réputé le plus performant du marché. L’étude dont provient ce résultat, publiée en 2008 au congrès de l’IADR de Toronto, a été réalisée au sein de la société Tokuyama. Il faut donc l’accueillir avec intérêt mais, également, avec une certaine réserve.