Clinic n° 09 du 01/10/2010

 

GÉRER

PASSIONS

Fanny GRÉGOIRE  

Chirurgien-dentiste libéral, exerçant à Saint-Germain-lès-Arpajon depuis 1 an, Guillaume Savard, 33 ans, mène de front carrière et musique. Il consacre pour ainsi dire la moitié de son temps à son groupe de rock électrique, Thank You Margaret. Créateur tous azimuts depuis toujours, il peint aussi à l’acrylique. Curieux de nature, passionné par la philosophie des sciences – il est titulaire d’une maîtrise de philosophie, d’un master d’éthique médicale et biologique de Paris Descartes et d’un master de sciences de l’éducation –, il fait partager ses réflexions dans la rubrique « Éthique » de Clinic.

Quand avez-vous commencé la musique ?

Adolescent. Mon arrière-grand-père, pianiste, a été Prix de Rome, mais mes parents n’étaient pas directement musiciens. Ils voulaient être sûrs que mon envie de faire de la guitare n’était pas un caprice mais un choix ferme. J’ai donc suivi quelque temps l’apprentissage du conservatoire, composé mes premières chansons et joué en public, à partir de la classe de première, à la fête du lycée et à la fête de la musique.

Pourquoi avoir créé un groupe ?

Comme presque toutes les personnes qui jouent de la guitare, j’ai eu plusieurs groupes, de différents styles. Thank You Margaret existe depuis bientôt une année. Le trio s’est formé à Orléans lorsque j’y travaillais. Et nous gardons le mystère sur le nom, ce qui nous plaît beaucoup.

Comment gérez-vous vie professionnelle et hobby ?

Pour le moment, plutôt facilement car j’arrive à regrouper mes consultations en trois jours – certes, très denses – et à me consacrer à la musique le reste du temps, même si cela demande tout autant d’énergie. J’ai grand plaisir à déconnecter et j’estime que mes deux activités s’équilibrent bien jusqu’ici.

Quel est votre rôle dans le groupe ?

Nous sommes trois. Un batteur, un bassiste et moi, à la guitare et au chant. Comme j’ai le plus d’expérience dans ce groupe, assez naturellement, je m’occupe de l’organisation, des représentations – déjà 17 concerts dont 2 festivals depuis octobre dernier –, des contacts. Nous avons créé un logo, des tee-shirts, et nous allons éditer un mini-album de 5 titres.

Il s’agit de s’investir et… d’investir ?

Quand on est un tant soit peu exigeant sur les résultats, il faut investir dans un matériel de qualité. À ce poste de dépenses, essentiel, qu’est le matériel, il faut ajouter la location des locaux de répétition, les frais de transport, le budget promotionnel… C’est la première fois qu’on se donne les moyens, même si cela reste très modeste.

Quelle est votre finalité ?

Nous avons envie de voir jusqu’où on peut aller en s’amusant. Ce que l’on peut donner sans trop de pression mais avec un maximum de nous-mêmes. Sans nourrir d’ambitions délirantes, nous avons envie de faire et d’en découvrir le plus possible dans le monde de la musique qui est très riche en rencontres.

Se produire sur scène, est-ce important ?

Oui, très. Les musiciens ont besoin de se produire sur scène, de partager avec un public, même si c’est aussi très intimidant puisque l’on expose une part de soi-même que l’on ne montre pas habituellement. Jouer en concert provoque une montée d’adrénaline et procure des sensations qui peuvent être très fortes. Toutefois, après chaque concert, je reviens vite les pieds sur terre : je reste un chirurgien-dentiste.

Parlez-vous de cette passion à vos patients ?

Non. Mon activité musicale n’est pas évoquée au cabinet où je me consacre exclusivement au service des patients. Je n’aime pas mélanger les genres.

Et si ce n’était pas la musique ?

Alors, je me consacrerais à fond à la peinture et à l’écriture. J’ai également toujours envie d’explorer de nouveaux champs des sciences humaines. Actuellement, je m’intéresse à John Stuart Mill (cf. De la liberté), qui est l’un des philosophes du libéralisme, pour bien en saisir les fondements. La réflexion philosophique est pour moi un régal dont je ne peux me passer. J’aimerais avoir le temps de me plonger dans la Critique de la raison pure, de décortiquer le sens des mots choisis par Kant…, mais c’est autrement plus technique.

Conjuguer carrière et passion, est-ce un idéal en quelque sorte ?

Pour moi, aujourd’hui, oui. Pour beaucoup de mes confrères aussi. Partager une passion avec quelques amis ou avec le public permet une réalisation personnelle différente et complémentaire de celle que procure la vie professionnelle. En s’organisant bien, on peut trouver le temps nécessaire, même s’il faut faire parfois certains sacrifices sur le sport ou d’autres loisirs. Quand on sait, en plus, qu’il n’y a sans doute pas de meilleur antidote à la routine ou au surmenage, cela ne vaut-il pas la peine de se donner les moyens d’y parvenir ?

Pour en savoir plus

www.facebook.com/thank.you.margaret

www.myspace.com/thankyoumargaret

Quelques vidéos sur Youtube :

• http://www.youtube.com/watchv=5zLY4PQSzbs

• http://www.youtube.com/watch?v=unVK1A4dNhs