En mai dernier, la valeur boursière d’Apple dépassait celle de Microsoft. Quelle est la raison de ce regain d’intérêt pour la firme à la pomme, donnée pour morte à la fin des années 1990 ?
Commentant l’événement, le New York Times y voit l’émergence du consommateur dans un secteur jusque-là dominé par l’entreprise [1]. Après trente années de développement, l’informatique professionnelle n’offre plus les mêmes perspectives de croissance. En revanche, l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication avec l’internet et la téléphonie mobile se fait dans un marché de plusieurs milliards de particuliers.
Depuis ses débuts, Apple a été tournée davantage vers l’utilisateur que vers l’entreprise. Ce qui a été longtemps un handicap face à Microsoft s’est transformé en un atout avec la démocratisation des outils informatiques. Aujourd’hui, dans les résultats d’Apple, les ordinateurs portables pèsent deux fois plus que les machines de bureau et la part du baladeur iPod et des produits ou services musicaux en ligne par iTune égale celle des ordinateurs [2]. En revanche, Microsoft réalise la quasi-totalité de ses résultats avec Windows ou Office, l’activité sur l’internet et le loisir représentant une part marginale [3].
Selon le cabinet Informa Telecoms & Media, le taux de pénétration mondiale des abonnements à la téléphonie mobile devrait approcher 75 % en 2013 [4]. D’après Gartner, si 2009 a vu une stagnation des ventes avec tout de même plus de 300 millions d’unités vendues, l’année a été marquée par le décollage des smartphones, ces téléphones mobiles permettant de naviguer sur l’internet, qui ont progressé de 27 %. Dans ce secteur, Apple a fait une entrée fracassante avec son iPhone, particulièrement en France, où il représente la moitié des ventes. En ne proposant qu’un seul produit de haut de gamme, Apple affiche une marge de 30 %, alors que Nokia, le numéro 1 du téléphone mobile, espère 11 %. Face à ce succès, l’adversaire se nomme Google. En effet, la société à l’origine du célèbre moteur de recherche a lancé Android, un système d’exploitation ouvert qui a été adopté par de nombreux fabricants de téléphones. Il doit permettre d’étendre l’activité du groupe à l’internet mobile et d’augmenter les sources d’activité publicitaire rémunératrices. La guerre fait rage et, alors qu’Android prend la première place aux États-Unis, Apple contre-attaque en sortant l’iPhone 4 et l’iPad. Cette tablette tactile, à mi-chemin entre un ordinateur portable et un smartphone, est un redoutable concurrent pour les livres électroniques qui peinent à s’imposer.
La tablette d’Apple, avec son interface tactile intuitive, pourrait créer la surprise en rendant l’informatique accessible à un public jusqu’alors réticent. Mais elle est peut-être bien plus que cela [5]. En faisant disparaître de plus en plus les attributs de l’ordinateur et du logiciel pour donner à voir l’essentiel, c’est-à-dire l’information, ne préfigure-t-elle pas la prochaine révolution numérique ?