TRIBUNE
Alors que le débat sur les retraites bat son plein, deux praticiens, l’un en début d’exercice, l’autre sur le point de le quitter, témoignent de la façon dont ils se préparent ou non à cet événement.
Compte tenu des conditions dans lesquelles nous prendrons notre retraite, il vaut mieux se préparer personnellement sur un plan financier. C’est la raison pour laquelle j’ai ouvert un plan Madelin il y a 2 ans, dès que j’ai pu commencer à mettre de l’argent de côté.
En ce qui concerne mon cabinet, à 37 ans, je suis dans la phase de développement. Et si je continue dans ce sens jusqu’à un âge proche de la retraite, je pourrais mettre en avant toute la valeur ajoutée créée au moment de le céder. Un cabinet qui a un développement tout au long de l’activité d’un praticien est beaucoup plus attractif qu’un autre qui stagne vers la fin, quand le praticien cesse de faire des investissements ou de se former.
Le fait aussi d’exercer en groupe à trois est un bon argument vis-à-vis d’un repreneur car la patientèle est relativement stable et nos trois visions de l’exercice nous permettent d’avoir une large palette d’activités.
Mal. Je n’ai pas pensé du tout à ma retraite jusqu’à 64 ans ! J’ai alors commencé par diffuser des annonces sur Internet et à la faculté de Garancière. Par Internet, j’ai eu une demi-douzaine de contacts. Une bonne partie d’entre eux, ne connaissant pas ma ville, n’ont pas voulu se déplacer. Deux ou trois seulement sont venus au cabinet. Apparemment, ils attendaient autre chose. Et puis, je ne m’étais pas bien préparé. D’abord, je n’avais pas idée du prix à proposer. Ensuite, les éventuels repreneurs ont tiqué sur la charge salariale sans même s’intéresser au service rendu. C’est vrai, mon assistante est bien payée mais c’est une perle ! Elle gère tout : les patients, les laboratoires, les délégués médicaux… Lorsque j’entre dans mon cabinet, c’est uniquement pour exercer. Eux auraient voulu ne payer que le salaire minimum !
C’est la deuxième fois de ma vie que je pense à mon avenir : après le bac et aujourd’hui.
J’exerce seul, mon chiffre d’affaires se situe dans la bonne moyenne pour le département. Il n’est peut-être pas suffisant pour attirer un repreneur. Mais je sais qu’il est possible de bien l’améliorer car ma ville est dynamique. Le nombre d’habitants a progressé de moitié par rapport à l’année de mon installation en 1982. Et pourtant, je sais que la cession de mon cabinet sera difficile. Les instances professionnelles me le disent. Je vais proposer à la faculté de prendre des stagiaires même si cette formule ne fait pas l’unanimité chez mes confrères. Et puis, je cherche une entité qui m’aide à faire les démarches nécessaires pour relooker mon cabinet et pour me présenter des remplaçants ou des collaborateurs.