Clinic n° 07 du 01/07/2010

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Les traumatismes dentaires surviennent le plus souvent chez des jeunes patients. La fracture coronaire des dents permanentes en est la conséquence la plus fréquente (26 % à 76 % de tous les dommages) et peut intéresser et exposer la pulpe. Les fractures radiculaires sont moins fréquentes. La plupart de ces dernières (environ 80 % d’entre elles) guérissent spontanément tandis que la nécrose pulpaire survient dans 20 % des cas. L’article présent décrit la gestion d’un cas...


Les traumatismes dentaires surviennent le plus souvent chez des jeunes patients. La fracture coronaire des dents permanentes en est la conséquence la plus fréquente (26 % à 76 % de tous les dommages) et peut intéresser et exposer la pulpe. Les fractures radiculaires sont moins fréquentes. La plupart de ces dernières (environ 80 % d’entre elles) guérissent spontanément tandis que la nécrose pulpaire survient dans 20 % des cas. L’article présent décrit la gestion d’un cas d’incisives centrales et latérales maxillaires traumatisées et demeurées 8 années sans traitement.

Cas clinique

Le patient, âgé de 18 ans, se plaint de douleurs et de gonflements récurrents au niveau du maxillaire antérieur. Il a été victime, 8 ans auparavant, d’une chute de bicyclette qui a endommagé ses 4 incisives maxillaires. Ces dents n’ont jamais été traitées. La 11 et la 22 présentent des fractures coronaires et, au dessus, deux voussures osseuses vestibulaires. La radio montre 2 importantes lésions périapicales. Seule la 21 qui, elle, présente une fracture horizontale au niveau du tiers médian de sa racine, répond aux tests de vitalité. Cette dent, qui est immobile et insensible à la percussion, laisse supposer que sa racine a pu guérir et conserver sa vitalité par interposition d’un tissu conjonctif entre les 2 fragments. La décision est prise de tenter de guérir les lésions périapicales par un traitement endodontique et, en cas d’échec après 4 à 6 semaines, d’envisager un traitement chirurgical. Six semaines après l’obturation des canaux par une pâte à l’hydroxyde de calcium, le drainage fistulaire et les symptômes étant encore présents, les canaux sont obturés à la gutta-percha et la chirurgie périapicale est entreprise, englobant la racine fracturée de la 21 qui, bien que non mortifiée, pourrait, par proximité, compromettre la circulation sanguine dans l’os voisin. Les cavités osseuses sont comblées avec du Bio-Oss (Geistlich Biomaterials). Une antibiothérapie est instaurée pendant 8 jours. Une semaine plus tard, malgré des signes d’amélioration, les dents sont encore mobiles en raison du large dégât osseux postchirurgical. Une attelle de contention (fil d’acier collé) est mise en place pendant 4 mois. Après sa dépose, les dents sont pratiquement immobiles. Au 6ème mois, les dents sont asymptomatiques et des signes évidents de guérison périapicale sont observables. Au 12ème mois, la guérison de l’os périapical est pratiquement complète.

L’essentiel

En l’absence d’exposition pulpaire, le traitement initial des racines fracturées inclut la réduction de la fracture, l’immobilisation par fixation rigide pendant 2 à 3 mois et un ajustement occlusal. La nécrose pulpaire ne survient que dans 20 % des cas. Le traitement endodontique est indiqué quand la pathologie pulpaire est avérée. Il constitue le traitement de choix quand il est possible. En cas d’impossibilité ou d’échec du traitement, la chirurgie endodontique est indiquée. Les racines fracturées peuvent guérir spontanément (80 % des cas) car, si la vitalité pulpaire est préservée, les odontoblastes et les cellules du cément produisent un dépôt de tissu calcifié, avec une possible connexion entre les deux fragments radiculaires. Cette guérison peut aussi se produire par l’intermédiaire d’un tissu conjonctif ou par celui de tissus calcifié et conjonctif associés. Une fracture coronaire sans exposition pulpaire provoque rarement une nécrose pulpaire. Mais le risque croît avec le temps si la dent demeure sans soins. C’est ce qui a dû se produire pour les 11 et 22 dans le cas clinique présenté ici. Une autre dent (la 12), indemne de toute fracture, s’est mortifiée, probablement parce qu’elle a été luxée par le choc traumatique.