Clinic n° 06 du 01/06/2010

 

ÉVALUATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES

ACTUALITÉS

« La qualité des soins ne se présume plus, elle doit être définie, évaluée, prouvée et, au-delà, constamment améliorée ». Conscient de cette nouvelle attente de la société et des patients vis-à-vis des professionnels de santé, Serge Deschaux, conseiller technique à la CNSD, a entamé une démarche qualité visant à l’amélioration de l’organisation du cabinet libéral. Il en tire aujourd’hui un bilan positif qui l’incite, en s’appuyant sur la CNSD, à diffuser cette démarche d’évaluation de la pratique professionnelle (EPP) à la France entière.

Dès 2004, avec des médecins, Serge Deschaux se lance dans l’élaboration d’un référentiel sur l’environnement de soins qu’il veut à la fois « transversal et évolutif ». Ce référentiel est en effet utilisable par toutes les professions de santé et il intègre les changements de la réglementation. C’est d’ailleurs ce qui le différencie des référentiels de certification actuels qui ne peuvent évoluer car ils sont publiés au Journal officiel.

Une fois le référentiel accepté par la Haute Autorité de santé (HAS), l’expérimentation est lancée en début d’année auprès d’une cinquantaine de chirurgiens-dentistes volontaires. Neuf « chirurgiens-dentistes animateurs » formés par la HAS se rendent dans les cabinets pour aider les praticiens à faire le bilan et s’engager sur des voies d’amélioration par rapport au référentiel. Quelques semaines plus tard, un point sur les améliorations réalisées est fait.

Et les résultats « démontrent clairement une amélioration des pratiques en matière d’environnement de soins », en particulier dans les domaines de la sécurité, de l’infrastructure et de l’hygiène, se réjouit Serge Deschaux.

De l’environnement…

À côté des preuves chiffrées, les praticiens estiment « l’outil efficace » et « la démarche structurante ». Elle leur a permis de faire un bilan de leur environnement de soins et de choisir des pistes d’amélioration. Et puis la démarche a renforcé la cohésion de l’équipe dentaire en impliquant l’assistante.

Aujourd’hui, Serge Deschaux veut exporter la méthode dans d’autres départements et, pourquoi pas, la généraliser à la France entière. Car il faut se lancer dans cette voie. La loi « hôpital, patients, santé et territoires » (HPST) votée cet été intègre l’EPP dans le développement professionnel continu (DPC). On attend simplement les décrets d’application.

Pour Serge Deschaux, c’est un outil qui permettrait à l’ensemble de la profession d’aborder l’EPP de façon « simple », sans en faire une usine à gaz ou un outil très onéreux. « La culture de l’évaluation est peu présente dans la profession. L’aborder par le biais de cette expérience serait un premier pas, une bonne façon de roder la profession » à l’évaluation, pense Serge Deschaux. Ce militant de longue date de la qualité est conscient aussi que l’évaluation de l’environnement de la pratique n’est qu’une première étape. La pratique elle-même devra aussi être évaluée. Une partie à venir sans doute plus difficile à « faire passer » dans la profession. Car si « l’environnement de soins, l’hygiène et l’asepsie, le parcours du patient sont des domaines consensuels »,les praticiens sont beaucoup plus méfiants vis-à-vis de la pratique (voir Tribune page 11).

… à la pratique

Mais plutôt que de risquer de se voir imposer des règles et des méthodes intenables, la profession se prépare à l’évaluation des pratiques. L’ADF et la HAS signeront le 9 juillet prochain (et non le 15 avril comme cela avait été envisagé en début d’année) une convention pour la constitution d’un collège de bonnes pratiques comme il en existe dans d’autres professions. Son rôle sera de produire des recommandations de bonnes pratiques et des référentiels, aujourd’hui quasi inexistants, qui soient viables techniquement et économiquement pour les praticiens.