Elle trompe énormément

Travailler en vision indirecte tout en évacuant l’eau du spray qui encombre la bouche est une ambition légitime. Conserver un miroir toujours propre et lisible est possible si l’on travaille à 4 mains avec une assistante bien rodée, du matériel correctement sélectionné et un peu d’entraînement. Hélas, ces conditions ne sont pas toujours réunies !

Aussi, quelques praticiens s’essayent-ils, chaque année, à un exercice récurrent : proposer de nouvelles solutions pour résoudre ce problème. Toutes ont en commun l’association d’un miroir et d’une canule d’aspiration.

Cette fois-ci, c’est au tour de Stephan Clasen, chirurgien-dentiste à Munster, de nous offrir le Mirasuc®-View, commercialisé par la société allemande Hager & Werken.

Le système, aperçu en photo dans le catalogue d’un grand vépéciste français, m’avait laissé perplexe. Mais mon goût du risque et mon sens du sacrifice ont été les plus forts : je n’ai pas hésité à casser ma tirelire et commander un kit du fameux dispositif. Celui-ci contient 10 canules d’aspiration chirurgicale, à peu près semblables à n’importe quelles autres, et 10 petits miroirs front-surface qu’il faut coincer à l’intérieur de la canule, dans une logette située à son extrémité. L’opération, très simple, ne requiert qu’une poignée de secondes. Chacun des deux éléments est autoclavable, séparément selon la notice. Après usage, il faut donc retirer le miroir de la canule en le faisant glisser à l’extérieur grâce à un petit levier en plastique fourni dans le coffret. Une intervention logique, mais dont on se passerait volontiers, sauf bien sûr pour remplacer un miroir trop rayé après quelques mois d’utilisation.

Très sincèrement, cela, du moins dans mon cabinet, ne se produira jamais. En voyant la photo, je me demandais comment pouvait fonctionner le système. Après l’avoir eu entre les mains, je me pose toujours la même question. L’embouchure de la canule est tellement large que sa puissance d’aspiration se révèle extrêmement faible. Comme elle est recourbée vers l’extérieur, le miroir pointe dans une direction exactement opposée à celle que l’on recherche lors du travail en bouche. Résultat : l’ensemble, vaguement utilisable au cours de détartrages mandibulaires, m’a paru totalement inexploitable pour le fraisage en vision indirecte au maxillaire. Un bon point malgré tout, même si c’est une maigre compensation, les miroirs sont d’excellente qualité et plus lumineux que bien d’autres front-surface en rhodium.