Éclaircissement dentaire vs jus d’orange

Contexte

Les chirurgiens-dentistes et les chercheurs ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’effet des traitements d’éclaircissement dentaire sur les tissus, en particulier la façon dont les agents éclaircissants réagissent avec les composants organiques et inorganiques de l’émail et initient des altérations chimiques, structurelles et mécaniques. La déminéralisation de l’émail en serait une conséquence grave mais les recherches à ce sujet n’ont pas montré de résultats probants. La salive humaine peut avoir un effet reminéralisant qui contrecarre le processus de déminéralisation causé par les traitements d’éclaircissement. L’alimentation peut exercer des déminéralisations similaires sur les tissus dentaires. En moyenne, un Américain consomme plus de 212 litres de soda par an, ce qui correspond à une moyenne de 1,5 canette de 35 cl par jour. Ces boissons gazeuses provoquent une érosion de la surface amélaire de la dent, une altération de la morphologie de surface et une modification des valeurs de la dureté amélaire. L’effet des traitements éclaircissants sur les surfaces dentaires a été évalué en comparaison à celui des sodas.

Méthodes

40 disques d’émail humain ont été incubés dans de la salive pendant une nuit pour qu’une pellicule s’y forme, 3 groupes ont alors été formés. Un traitement éclaircissant a été réalisé sur 15 disques, 15 ont été immergés dans du jus d’orange et 10 dans une solution saline normale pour servir de contrôles. La microdureté a été mesurée avant et après les traitements en utilisant l’indenteur de dureté de Knoop ; la topographie de surface a été évaluée par un microscope électronique à balayage 3D à variation focale. Les traitements ont consisté en 5 cycles d’immersion de 20 minutes chacun dans du peroxyde d’hydrogène à 6 % ou dans du jus d’orange, simulant une consommation quotidienne de ces produits pendant 5 jours. Entre les cycles, les échantillons étaient conservés dans de la salive. Les mesures de microdureté et de rugosité de la surface, de la distance maximale entre le pic et le creux des rugosités et la proportion de surface développée ont été comparées avant et après traitement et entre les groupes.

Résultats

La dureté de surface décline de 287,3 au départ à 45,3 après l’immersion dans le jus d’orange, indiquant une diminution de 84,4 % de la microdureté de surface. La diminution était de 5,6 % pour le groupe éclaircissement et de 3,1 % pour le groupe solution saline. Seules les modifications apparues dans le groupe jus d’orange étaient statistiquement significatives. La valeur moyenne de la modification de la microdureté de surface variait de façon significative, avec une modification supérieure à 10 % pour 4 des 15 échantillons du groupe éclaircissement et 2 des 10 contrôles.

Les images de la surface montrent un émail visiblement plus rugueux dans le groupe jus d’orange après traitement, comparé aux groupes éclaircissement et contrôle. Les images 3D de la surface de l’émail montrent des érosions ponctuelles dans le groupe éclaircissement mais à un degré moindre que le groupe jus d’orange. La perte de tissu amélaire était évidente sur les échantillons immergés dans le jus d’orange mais pas sur les échantillons des autres groupes.

Discussion

Les modifications de la surface amélaire dues à l’éclaircissement dentaire sont insignifiantes comparées à celles qui apparaissent lors de l’exposition au jus d’orange. L’exposition au jus d’orange pendant 20 minutes chaque jour pendant 5 jours réduit significativement la dureté de la surface des tissus dentaires et augmente sa rugosité.

Les modifications observées dans les échantillons éclaircis ne diffèrent pas significativement de celles observées pour les échantillons traités à la solution saline normale.