Un pas vers le futur

Bien qu’un peu en retrait par rapport à la concurrence qui sait parfois mieux faire parler d’elle, Kerr n’en est pas moins un redoutable challenger à la pointe du progrès. Il y a 2 ans, l’un de mes amis m’avait informé que la société envisageait de lancer un nouveau composite de restauration autoadhésif. Le fabricant a sans doute dû revoir ses ambitions à la baisse car c’est seulement un flow qu’il nous propose depuis le dernier IDS. Il n’empêche, le Vertise Flow est une réelle innovation qui nous fait toucher du doigt le Graal tant attendu de tous les chirurgiens-dentistes : un matériau d’obturation esthétique et résistant, sans traitement de surface préalable, et aussi simple à utiliser que l’amalgame.

Le coffret d’introduction contient 4 seringues de 1,2 ml de teintes assorties – Universal Opaque, A2, A3 et A3,5 – à mettre impérativement au réfrigérateur dès réception.

Le conditionnement ne laisse rien au hasard puisque sont livrés avec elles une série de sachets contenant un embout intrabuccal et un pinceau applicateur.

C’est que le mode d’emploi du produit doit être respecté à la lettre pour éviter toute déconvenue. Rassurez-vous, rien de bien compliqué. Grâce à sa chimie particulière, dérivée des fameux adhésifs Optibond, ce composite fluide s’utilise directement sur les surfaces fraisées et assure lui-même mordançage et collage. Il suffit pour cela de frotter avec le pinceau une goutte appliquée sur l’émail et la dentine durant 20 secondes. Ce n’est qu’après ce laps de temps qu’on utilisera la lampe à polymériser pour figer cette première couche. Dans le cas contraire, le matériau, dont le pH plafonne à 1,9 avant la polymérisation, mais qui remonte à 6,5-7,0 après la prise, n’a pas le temps de mordancer les structures dentaires et d’y adhérer suffisamment. Les autres couches suivront avec le même composite, ou un autre, plus ferme, pour remplir le reste de la cavité.

Comme toujours avec les automordançants, l’adhésion est meilleure à l’émail fraisé qu’à l’émail intact. Il est donc recommandé de biseauter les bords des préparations. Lorsque l’on utilise le Vertise Flow pour obturer des sillons occlusaux, le fabricant conseille quand même, dans ce cas particulier, un mordançage préalable ne serait-ce que pour mieux décaper l’émail si le sillon n’a pas déjà été ouvert à la fraise.

L’aspect esthétique de ce nouveau composite fluide est tout à fait satisfaisant et l’on se réjouit d’avoir à sa disposition un éventail aussi large de teintes. Son usage pour le traitement de caries cervicales peu profondes est étonnamment pratique et rapide, avec des résultats esthétiques remarquables. Le collage semble être tout à fait à la hauteur de ses prétentions, tout du moins pendant quelques mois. Si l’on peut toujours regretter qu’un composite de haute viscosité sans traitement de surface n’existe pas encore, avouons que l’on s’approche de plus en plus de cet objectif. La seule remarque que je ferais concerne les pinceaux fournis avec l’ensemble : comme tous les autres du même type, leur manche excessivement étroit n’est pas des plus pratiques car il glisse entre les doigts. Pour le reste, bien sûr, seule l’épreuve du temps permettra de juger si le concept tient la route.