Clinic n° 05 du 01/05/2010

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine Vassalo  

Le blanchiment dentaire utilisant des peroxydes est considéré comme une approche de traitement conservatrice qui donne des résultats satisfaisants dans la majorité des cas. Cependant certains rapports ont démontré des effets négatifs liés à ces peroxydes sur les tissus durs et mous de la cavité buccale. Pourtant, dans le but d’obtenir des dents plus blanches en une courte période, de nombreux professionnels multiplient les applications de produits, sans se préoccuper des...


Le blanchiment dentaire utilisant des peroxydes est considéré comme une approche de traitement conservatrice qui donne des résultats satisfaisants dans la majorité des cas. Cependant certains rapports ont démontré des effets négatifs liés à ces peroxydes sur les tissus durs et mous de la cavité buccale. Pourtant, dans le but d’obtenir des dents plus blanches en une courte période, de nombreux professionnels multiplient les applications de produits, sans se préoccuper des changements structurels des tissus durs survenant pendant ou après le traitement. L’objet de cette étude est d’évaluer la composition morphologique et élémentaire des surfaces d’émail après des blanchiments répétés sur une courte période avec des produits de fortes concentrations.

Matériel et méthode

Des portions coronaires de 30 incisives mandibulaires de bovins obtenues par sectionnement sont séparées en 3 groupes de 10. Elles sont coupées verticalement en 2 moitiés. Une moitié n’est pas traitée et sert de contrôle. L’autre moitié est soumise soit à 1 séance de blanchiment (groupe 1), soit à 3 séances (groupe 2), soit à 5 séances (groupe 3), avec du peroxyde d’hydrogène à 35 %. Chaque séance consiste en 3 applications de gel pendant 15 minutes chacune (soit 45 minutes par séance). Les surfaces d’émail sont ensuite analysées à l’aide d’un microscope électronique à balayage et, pour déterminer les éléments présents sur l’émail avant et après le blanchiment, de la spectroscopie X en dispersion d’énergie.

Résultats et discussion

Le blanchiment excessif a des effets significatifs sur l’émail bovin des groupes expérimentaux comparés au groupe contrôle. Dans de précédentes études, l’émail bovin a été considéré comme comparable à l’émail humain. Les altérations de surface dans le groupe 3 (5 séances) sont significativement plus importantes que dans les groupes 1 et 2. L’analyse spectroscopique montre que la diminution la plus importante des pourcentages d’ions calcium a lieu dans les groupes 1 et 2 comparés au groupe contrôle, ce qui montre l’effet déminéralisant de l’agent de blanchiment testé. Les pourcentages d’oxygène et de phosphore sont comparables dans les spécimens contrôle et ceux traités. L’analyse au microscope électronique à balayage montre des altérations de surface directement proportionnelles à la période d’exposition aux agents de blanchiment. À basses concentrations, les agents de blanchiment agissent cliniquement dans des limites de sécurité.

L’essentiel

L’objet de cette étude in vitro est d’enquêter sur les effets extrêmes d’un agent de blanchiment appliqué sur un émail bovin, assimilable à l’émail humain, spécialement dans des cas de colorations sévères ou de patients qui nécessitent un blanchiment complémentaire, dans un délai rapproché, quand le blanchiment initial n’a pas été exécuté correctement. Les résultats indiquent que l’utilisation abusive de l’agent de blanchiment au peroxyde d’hydrogène testé ici, dans des séances consécutives rapprochées, a le potentiel de causer des altérations morphologique et chimique de la structure de l’émail bovin. Dans les 2 groupes expérimentaux qui ont été soumis à de multiples séances, la diminution des ions calcium est la plus importante, par comparaison avec le groupe des spécimens non traités. Les pourcentages d’oxygène et de phosphore sont comparables sur l’émail du groupe contrôle et sur l’émail des groupes traités, indépendamment du nombre de séances. Les résultats de cette étude sont valables seulement, bien sûr, pour l’agent de blanchiment testé et des études futures, avec d’autres produits, in vivo de préférence, sont nécessaires. La structure originelle de l’émail peut être restaurée par une fluoration régulière avec une pâte dentifrice.