Inside (Eyework)
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CE QUE J’EN PENSE
Une fois n’est pas coutume : j’avoue ne pas avoir essayé de longues heures durant ce matériel dans mon cabinet. J’en ai vu la démonstration sur fantôme, d’abord à l’exposition du congrès de l’ADF, puis au siège de la société qui le commercialise. J’ai discuté avec son directeur, observé la consœur chargée de la formation des praticiens et testé le système durant 1 heure sous sa conduite. Son originalité, les perspectives qu’il offre et ses origines...
Une fois n’est pas coutume : j’avoue ne pas avoir essayé de longues heures durant ce matériel dans mon cabinet. J’en ai vu la démonstration sur fantôme, d’abord à l’exposition du congrès de l’ADF, puis au siège de la société qui le commercialise. J’ai discuté avec son directeur, observé la consœur chargée de la formation des praticiens et testé le système durant 1 heure sous sa conduite. Son originalité, les perspectives qu’il offre et ses origines partiellement françaises m’ont convaincu de lui trouver une place dans cette rubrique.
L’Inside est une caméra intrabuccale permettant au chirurgien-dentiste de filmer et d’observer la progression de son travail sur un moniteur de télévision. Il offre, de ce fait, deux avantages simultanés : la possibilité de conserver une posture totalement confortable, les épaules basses, la tête et le dos droits, et la capacité de voir, fortement agrandie à l’écran, l’image des dents traitées.
Le concept n’est pas nouveau : le génial Armand Malençon, à qui notre profession doit beaucoup, avait déjà imaginé une telle caméra, le Dentoscope, il y a plus de 20 ans. Je me rappelle l’avoir tenue en main quelques instants lors de la visite d’un SITAD : l’ensemble était certes intéressant, mais le bras beaucoup trop rigide et peu maniable. Fruit du travail conjoint d’un ingénieur français et de la société italienne Faro qui en a assuré la fabrication, l’Inside Eyework bénéficie aujourd’hui de perfectionnements qui le rendent beaucoup plus opérationnel. La gestion de l’image, en particulier, est grandement améliorée.
Tous ceux qui ont utilisé une caméra intrabuccale ont constaté à quel point il est déroutant de suivre ses déplacements à l’écran. Le boîtier de contrôle de l’Eyework présente trois touches de fonction : miroir, rotation droite ou gauche. Il suffit d’appuyer sur l’une ou plusieurs d’entre elles pour, instantanément, orienter les dents telles qu’on les voit à l’œil nu. Dès lors, il devient beaucoup plus confortable de manœuvrer la sonde, puis l’insert du détartreur, et lorsqu’on a acquis l’entraînement suffisant, la fraise à turbine, en ne regardant que le moniteur.
La caméra est logée dans un gros boîtier cylindrique, prolongé par une longue tige. Elle est fixée à un bras articulé, arrimé à la colonne de l’unit. La mobilité de l’ensemble dans les trois dimensions de l’espace est relativement aisée et sa stabilité parfaite. Un fois positionné, le bras peut être laissé en place, ou maintenu de la main gauche, par exemple pour écarter la joue du patient, sans que l’image ne souffre d’aucun flou de bougé.
Deux embouts sont disponibles : l’un tout droit, l’autre terminé par un miroir orienté à 45°, pour filmer les surfaces inaccessibles en vue directe. Astuce intéressante, un minijet d’air, dont on peut régler la puissance, expulse en permanence l’eau et les éclaboussures de la surface du miroir.
La caméra est un modèle analogique, d’un quart de pouce et 765 × 582 pixels. L’écran, un 19 pouces médical, alimenté par du courant de basse tension et doté d’une dalle étanche, est situé de telle sorte que l’opérateur conserve toujours un port de tête optimal. On peut le remplacer par un écran plat de téléviseur, mais à condition de l’installer à distance de l’unit pour des raisons de sécurité.
La caméra ne possède pas de zoom. La focale est fixe, mais elle est dotée d’un autofocus très réactif qui ne donne à aucun moment l’impression de patiner, pourvu que l’on se trouve entre 1 et 6 cm du sujet. L’image est donc nette en permanence. On peut arriver à voir jusqu’à 3 dents contiguës sur l’écran. Le fabricant annonce un grossissement de 40 fois. Étant donné la distance de vision, il est difficile de le comparer à celui procuré par des loupes ou un microscope opératoire. D’après mes observations, il pourrait correspondre à un grossissement de 5 à 10 fois avec un dispositif optique traditionnel.
La première chose que j’ai constatée en utilisant l’appareil, c’est que la caméra ne voit pas du tout les choses sous le même angle que le chirurgien-dentiste : le champ opératoire apparaît dans un axe très différent de celui auquel on s’attend. Heureusement, les touches de fonction restituent rapidement une image plus facile à exploiter. J’ai ainsi découvert que sans changer ma position ni faire tourner la tête du patient, je pouvais voir plusieurs faces de la même dent simplement en déplaçant la caméra.
Le guide droit est beaucoup plus facile à utiliser, tout au moins au départ. D’abord parce qu’il fournit une image en vision directe, ensuite parce que le grossissement optimal est obtenu à une distance assez grande de la zone observée. Avec l’embout à miroir, il faut être vraiment très près de la dent concernée pour la voir correctement. Une nouvelle version de la caméra, en cours de finalisation, résoudra ce problème : elle procure une image légèrement agrandie tout en étant plus éloignée de l’objet.
Malgré le jet d’air permanent, le miroir est rapidement souillé de poussières et d’eau. Ces saletés persistantes produisent des images parasites désagréables à l’écran. L’utilisation d’un surfactant semble indispensable pour améliorer la lisibilité du miroir.
La finesse de l’image sur le moniteur de l’unit n’est pas optimale. Transférée sur un téléviseur de bonne marque, elle s’est révélée bien plus riche et précise, avec des couleurs beaucoup mieux restituées. Il faut l’avouer, le piqué n’est cependant pas comparable à celui d’un microscope. Mais la vision à distance est sans doute plus confortable, car il n’y a aucune tension dans le cou ou le dos lorsque l’on regarde un écran placé à 1 mètre devant soi.
Il n’est jamais facile, a priori, de savoir si un équipement aussi particulier que l’Inside peut convenir ou pas. La société Eyework invite les confrères intéressés à se rendre dans ses locaux pour voir le matériel et le tester comme je l’ai fait. Les acquéreurs, quant à eux, bénéficient de 4 heures de formation dans leur propre cabinet le jour de l’installation, et 1 mois plus tard, lorsqu’ils se sont familiarisés avec le système, de 8 heures supplémentaires par groupe de 3 au siège de la compagnie ou chez un confrère déjà équipé. Cette journée interactive leur permet de partager leurs expériences et d’améliorer les procédures, toujours perfectibles avec ce matériel disponible depuis seulement 2 ans. Car au-delà des performances de la machine, qui s’amélioreront certainement au fil du temps, la manière de s’en servir reste le point clé à maîtriser pour exploiter pleinement ses multiples possibilités.
Les plus
• Posture de travail optimale.
• Accès visuel de toutes les zones de la bouche.
• Excellente gestion de l’image.
• Formation et mises à jour incluses dans le prix d’acquisition.
Les moins
• Qualité d’image perfectible.
• Gestuelle spécifique à acquérir.
• Gestion délicate de la netteté du miroir.
Prix de vente recommandé
21 900 € environ.