Simple comme un coupe-fil

Maintenant que la mode est lancée, voilà un produit qui va faire un tabac ! La mode de quoi, me direz-vous ? Eh bien, celles des reconstitutions corono-radiculaires à tenons fibrés, les RCR en matériaux foulés, quoi ! Parce qu'aujourd'hui, pour être à la page, il faut abandonner les inlay-cores et leur vilain métal tout gris.C'est du moins ce qu'on entend ici ou là.

Donc, les tenons en fibres de verre, voire de quartz, ont aujourd'hui le vent en poupe. Mais avez-vous bien lu leur protocole d'utilisation ? Les meilleurs résultats seraient obtenus en utilisant le même composite pour reconstituer le moignon et coller le tenon dans le canal. Il faut bien sûr, auparavant, avoir mordancé toute la dentine, rincé, séché et appliqué une couche d'adhésif à prise duale. Les fabricants préconisent, une fois déterminée la hauteur du tenon, de le couper à l'aide d'un disque à séparer. C'est qu'il n'est ni raisonnable ni même possible de le sectionner à l'aide d'une pince coupante, comme on le fait pour un tenon métallique : les fibres s'écrasent et la solidité de l'ensemble s'en trouve compromise. Vous conviendrez que cette opération n'est pas des plus confortables : il faut sortir la pièce à main, un mandrin muni du disque, découper la tige. Pas forcément très long, mais un poil laborieux. Sans compter toutes les opérations de nettoyage et de stérilisation de ce petit matériel, indispensables si l'on est quelqu'un de consciencieux qui respecte les bonnes pratiques.

Personnellement, je découpe l'extrémité du tenon à la fraise, lorsque le composite a bien durci et que plus rien ne bouge. Mais cette méthode, qui met à nu l'extrémité de la fibre, pourrait créer une interface indésirable et n'est pas trop recommandable. Mieux vaudrait noyer entièrement le tenon dans le composite.

Des gens intelligents ont étudié le problème et trouvé une solution fort élégante. Ce sont les inventeurs de la pince coupe-fibre de la société japonaise YDM. Cette pince travaille exactement comme un coupe-cigare. Elle présente 3 orifices circulaires, de 1,2, 1,5 et 2,1 mm de diamètre. De quoi couvrir tous les besoins, et même un peu plus. Il suffit d'enfiler le tenon dans l'orifice correspondant et de presser la poignée. La découpe est instantanée, nette, franche et sans bavure. Il existe une petite pièce aimantée en plastique transparent - attention à ne pas la perdre ! - qui sert de jauge pour découper la pièce exactement à la longueur voulue, entre 5 et 15 mm. Son utilisation ne m'a pas semblé des plus évidente. Mais sans lui, découper le tenon exactement au bon endroit s'avère un peu difficile, car on distingue mal l'endroit exact où passe la guillotine. Malgré ce petit inconvénient, cette pince a vraiment tout pour plaire : tout en acier satiné, sa qualité de fabrication est exemplaire, sa simplicité et son confort d'utilisation sont remarquables. Une vraie réussite en somme, dont on ne saurait que conseiller l'usage immodéré.