Fort en colle

Comme beaucoup de ses concurrents, le japonais Kuraray commercialise depuis 1 an - j'ai aperçu les premières seringues au dernier IDS de Cologne - un nouveau composite de collage autoadhésif et automordançant à prise duale, le Clearfil SA Cement. Ce type de produit répond à une demande croissante, celle d'un matériau d'assemblage de prothèses en céramique à la fois performant et simple à utiliser. Bien sûr, on peut l'employer pour les couronnes en métal ou les céramo-métalliques, mais il est surtout formulé pour les restaurations indirectes esthétiques, en particulier les couronnes et bridges sur zircone. Selon une étude récente présentée au congrès de l'IADR (International Association for Dental Research) à Toronto, ce produit adhérerait mieux à la zircone que ses deux principaux concurrents, leaders du marché. Il est vrai qu'en principe, rien ne colle à la zircone, car elle ne peut pas être mordancée comme une céramique feldspathique. Si vous n'êtes pas un habitué de ce type de prothèse et que vous travaillez toujours avec des matériaux classiques, ne pensez pas nécessaire de passer votre chemin : le fabricant japonais maîtrise depuis des années l'art du collage, et toutes les générations de « Clearfil » ont été des succès. Il possède le brevet d'un composant exclusif, le monomère de phosphate MDP qui assure une liaison chimique avec l'hydroxyapatite dentinaire. Selon le fabricant, le silanage de l'intrados des prothèses en zircone, alumine, composite et même céramique hybride, comme l'Estenia de la même firme, est inutile pour assurer le collage. Un simple sablage suffit. Notons cependant que s'il convient à pratiquement tous les types de restaurations, le Clearfil SA Cement est contre-indiqué, comme ses concurrents d'ailleurs, pour les facettes et les bridges collés.

Le produit est distribué en seringues de 5 ml à double compartiment. Il existe en 2 teintes : blanc opaque et A2. La première est tout à fait intéressante pour le collage des tenons radiculaires, d'autant qu'en plus des embouts mélangeurs classiques, d'autres, de type « endo », coudés et très fins sont également disponibles. Comme sa prise est duale, les excès peuvent être figés en quelques secondes et éliminés rapidement. La prise chimique complète s'achève en 5 minutes. À l'usage, le Clearfil SA Cement s'avère étonnamment visqueux : il faut appliquer une importante pression sur le piston de la seringue, encore plus importante lorsqu'on utilise l'embout « endo ». C'est sans doute la raison pour laquelle le fabricant propose, en option, un minipistolet, semblable à ceux pour les silicones à empreinte, afin de démultiplier la force d'extrusion. Les deux produits, l'un blanc l'autre jaune, sont très opaques et, malgré leur viscosité élevée, ne semblent pas extrêmement chargés. Peut-être n'est-ce là qu'une impression, le fabricant annonçant une teneur en particules de verre de baryum (de 2,5 µm de diamètre) de 45 % en volume et 66 % en poids. Comme beaucoup de produits automordançants, le Clearfil SA Cement doit être conservé au réfrigérateur lorsqu'il n'est pas utilisé, c'est-à-dire durant la nuit. Une précaution indispensable pour prolonger son efficacité dans le temps.