C'est pas du cinéma

GACD commercialise depuis longtemps, sous sa marque R & S, une série de produits courants de bonne qualité : matériaux à empreinte, ciments, composites. Mais il n'avait jamais encore proposé d'instruments endodontiques.

Les CMA, ou « coronal median apical », forment une séquence complète pour la préparation canalaire, qu'il s'agisse de traitement ou de retraitement. Ils sont disponibles en 21 et 25 mm de long.

Le kit complet contient 6 limes : 2 manuelles de type K en acier, n° 10 et 15, et une série de 4 instruments rotatifs en nickel titane (Ni-Ti).

Les limes manuelles ressemblent étrangement à celles d'une marque française très connue. On les utilise pour l'exploration puis la préparation initiale du canal, selon la méthodologie classique. La longueur de travail est déterminée à l'issue de cette première phase ou, mieux, juste après avoir passé le premier instrument Ni-Ti de la séquence, la lime C (coronal). Comme les autres, son manche doré de 11 mm de long présente une bague d'identification colorée. Celle-ci est blanche. La lime C est courte : 15 mm en tout. Elle mesure 25/100 mm à la pointe, avec une conicité de 8 %, et sert à évaser l'entrée du canal, en éliminant les interférences. Ensuite, vient la M (median). Longueur habituelle (21 ou 25 mm), bague jaune, 25/100 mm à la pointe et conicité 6 %. Enfin, les deux limes apical : la A1 avec sa bague rouge, sa conicité de 4 % et son diamètre à la pointe de 20/100 mm, et la A2, bague bleue, de même diamètre nominal mais à la conicité de 6 %.

Quand j'ai lu le descriptif de ces limes sur le prospectus, par ailleurs remarquablement bien réalisé et illustré de radiographies éloquentes, j'ai été pris d'un doute : toutes les études montrent depuis longtemps que l'on ne peut se contenter d'élargir un canal à seulement 20/100 à l'apex, à moins d'avoir une conicité de 8 %. Cette séquence peut-elle vraiment suffire dans la majorité des cas ? Quant au choix des couleurs, clairement inspiré de la nomenclature ISO, comment ne pas y voir une certaine tromperie ? Une bague rouge pour un n° 20, passe encore, mais bleue pour le même diamètre ?

Ensuite, il fallait les essayer. Chaque plaquette contient un kit complet, ce qui est très pratique. Les instruments Ni-Ti ressemblent à des limes H avec des spires très serrées.

J'ai commencé par m'en servir en reprise de traitement. Leur agressivité est tout à fait intéressante. Ils éliminent vraiment beaucoup de matière et pénètrent sans faiblir dans les pâtes à canaux un peu dures. Même impression d'efficacité sur la dentine pariétale lors de traitements en première intention. Le sentiment de sécurité est réel, bien qu'on arrive, en forçant un peu - ce qu'évidemment, il ne faut pas faire -, à fracturer leur pointe sur 1 ou 2 mm. Prudence donc, malgré une sensation globale extrêmement positive !

Deux inconvénients à noter toutefois : utilisés sur un contre-angle endo et le moteur de mon unit, les CMA ont montré une tendance irrépressible à être aspirés dans le canal. Avec un moteur à vitesse constante et contrôle de couple, je n'ai pas rencontré cette sensation désagréable et effrayante. Par ailleurs, leurs spires très rapprochées bourrent énormément. Il faudra donc bien les nettoyer entre 2 utilisations.

Grâce au choix des diamètres, à la limite inférieure, on n'a jamais le moindre problème de pénétration : la lime C est parfois indigente en raison de sa conicité assez faible, mais elle s'utilise toujours de manière optimale. Quant aux autres instruments, bien rares sont les canaux qui leur résistent : un système, en somme, qui valorise le chirurgien-dentiste en lui donnant un sentiment de réussite, quand d'autres le frustrent de ne pouvoir atteindre le diamètre apical souhaité.

J'avoue avoir été agréablement surpris des résultats obtenus avec les seuls CMA. Mais il faut dire que j'ai systématiquement recherché, en fin de préparation, à gagner la longueur de travail avec la lime M de 25/100.

Bien sûr, on ne peut s'empêcher d'espérer une séquence plus riche, notamment pour les canaux particulièrement larges au départ. Si l'on n'est pas tranquille, rien n'interdit de passer, pour terminer, la lime de finition de son système favori. Contrairement à certains, je ne suis pas opposé au mariage d'instruments de marques différentes dans le même canal, pourvu que cela se fasse de façon logique et raisonnée.

La robustesse des CMA, leur efficacité et leur simplicité d'utilisation en crown-down plaident vraiment en leur faveur. Même si le concepteur a pris quelques libertés avec le code couleur ISO, il faut saluer l'intelligence du protocole et sa présentation pédagogique. Ce produit correspond parfaitement à sa cible et devrait logiquement rencontrer un succès mérité.