Mauvaise pioche

Ne me dites pas que vous avez loupé sa pub dans les revues professionnelles et les flyers ! Moïse tenant dans sa main une seringue de Traxodent et, devant lui, les flots de la mer Rouge en train de s'écarter. Avouez qu'il fallait être culotté pour oser pareille image. C'est Itena qui commercialise en France ce nouveau produit, mais la société américaine Premier en est à l'origine.

L'idée n'était pas mauvaise au départ : depuis quelques années, un produit sans équivalent a fait une entrée fracassante sur le marché du conditionnement tissulaire avant la prise d'empreinte : l'Expasyl de chez Pierre Rolland/ Acteon. Cette pâte épaisse et dense est un mélange de kaolin et de chlorure d'aluminium. On l'introduit autour des préparations prothétiques au moyen d'un pistolet spécial. Son succès a été immédiat, malgré des résultats quand même inférieurs à ceux d'un double fil rétracteur et la nécessité d'utiliser un équipement supplémentaire d'une ergonomie toute relative. Mais la méthode est tellement plus simple, rapide, indolore et moins traumatisante pour le parodonte qu'elle s'est imposée chez beaucoup de praticiens. Et cela d'autant mieux que le pouvoir hémostatique du produit est réellement exceptionnel.

Pâle concurrence

Le Traxodent se présente en petites seringues, très fines, un peu comme celles à insuline, enfermées à l'unité dans un sachet hermétique muni d'une fermeture à glissière pour les conserver afin que le produit ne se dessèche pas à l'air. Pour l'appliquer, on dispose d'aiguilles de gros diamètre à embout Luer, que l'on peut aisément courber selon ses besoins.

La pâte, de couleur sable, s'éjecte sans effort de la seringue. La viscosité du produit n'est pas très élevée et n'a rien à voir avec celle de son concurrent. Si l'application sur les préparations ne pose aucun problème, il ne faut pas compter sur une quelconque action mécanique pour écarter la gencive car aucune pression du produit ne s'exerce dans le sulcus. Le mode d'emploi précise que l'on peut compléter l'action de la pâte en utilisant une coiffe de coton - Comprecap (Roeko) pour ne pas la citer - sur laquelle le patient serrera les dents durant 2 ou 3 minutes. Excellente suggestion, car le Traxodent ne contient pas d'argile mais de la poudre de silice, qui n'a aucun pouvoir absorbant. Et s'il s'élimine beaucoup plus facilement au rinçage que son concurrent, l'hémostase m'a paru incertaine et de bien courte durée.

Certes, les petites seringues - à condition de ne pas les enfermer dans le sachet en plastique - sont plus ergonomiques que le pistolet applicateur, les cartouches et les aiguilles bien rigides du concurrent, mais le résultat n'est pas vraiment comparable. Heureusement que Moïse avait d'autres atouts dans son sac pour sauver son peuple des armées du Pharaon !