TRIBUNE
Donner un « coup d'accélérateur » à la création de maisons médicales « interprofessionnelles » ou, autrement dit, « pluridisciplinaires », tel est l'objectif que s'est fixé l'Ordre en recevant récemment ses homologues des autres professions de santé. Car si les collectivités locales y trouvent leur intérêt, la profession aussi : « La maison médicale s'inscrit dans un mouvement de fond qui privilégie l'exercice de groupe », remarque dans sa dernière Lettre le président de l'Ordre, Christian Couzinou. Mais rares sont les praticiens qui se sont lancés dans cette aventure...
Exercer en groupe avec d'autres professionnels de santé était le souhait de Jean Barbanneau depuis de nombreuses années. Mais depuis la rupture d'une association avec une consoeur pour des raisons personnelles en 1983 après 8 années d'exercice, ce praticien n'avait pas eu l'occasion de mener à bien un autre projet. « J'ai recommencé seul avec une assistante dans un cabinet du centre-ville. Et cette seconde installation que je pensais provisoire au départ a en réalité duré 26 ans... », raconte Jean Barbanneau.
C'est l'agrandissement du service de soins de suite de l'hôpital de Châtillon-sur-Indre il y a 5 ans qui va lui donner la possibilité de réaliser enfin son souhait, à 61 ans. Sept cents mètres carrés restent disponibles en rez-de-chaussée. L'hôpital propose à un médecin généraliste d'y installer son cabinet. L'idée fait boule-de-neige. Le médecin décide de venir avec son associé. Et finalement, la proposition de les rejoindre est faite aux professionnels de santé de cette petite ville de 4 000 habitants.
Un partenariat ville-hôpital
Ce projet qui est une belle illustration du partenariat ville-hôpital prôné par les pouvoirs publics est approuvé par la Direction des affaires sanitaires et sociales et par l'Agence régionale d'hospitalisation.
Des 3 chirurgiens-dentistes en exercice, seul Jean Barbanneau se porte candidat. En septembre dernier, il déménage son cabinet dentaire pour l'installer dans les nouveaux murs loués à l'hôpital. Son cabinet, y compris la salle de stérilisation et son bureau, occupe 45 m2. Mais bien qu'installé dans des locaux publics, « je suis toujours libéral », explique Jean Barbanneau. C'est toute l'originalité de cette maison médicale pluridisciplinaire d'accueillir dans des locaux publics des praticiens libéraux. Il bénéficie ainsi de la proximité de deux médecins généralistes, un médecin du travail, un cabinet d'infirmiers, un pédicure, un podologue, un kinésithérapeute, ainsi que plusieurs spécialistes qui viennent y effectuer des vacations, un angiologue, un ophtalmologiste, un gynécologue, un ORL et un cardiologue. Mais les moyens ne sont pas mis en commun puisque chacun conserve son accueil et son secrétariat.
Un environnement favorable
Ses nouvelles conditions d'exercice ont pour lui de nombreux avantages. « Je ne suis plus isolé, je peux très facilement m'entretenir d'un cas avec mes confrères. J'avais aussi des liens avec d'autres professionnels de santé auparavant, mais ce n'est pas la même chose quand il faut prendre son téléphone ! » Autre avantage aussi : la présence d'une salle de SAMU tout équipée dans la même structure et à laquelle tous les praticiens peuvent avoir recours en cas de malaise d'un patient. Et puis, Jean Barbanneau qui envisageait de prendre sa retraite il y a encore quelques mois n'y songe plus du tout. Au contraire, il a décidé de faire des démarches pour accueillir un étudiant stagiaire. L'environnement y est propice. La reprise du cabinet sera sans doute aussi plus facile.