Comment jugez-vous la plate-forme du SNCDCS ? - Clinic n° 4 du 01/04/1999
 

Clinic n° 4 du 01/04/1999

 

Tribune

« Nos propos ne sont pas révolutionnaires, préviennent les responsables du SNCDCS ; cette plate-forme est faite d'idées simples mais oubliées au fil des ans. Nous avions en fait fini par perdre le b a ba de la santé publique ! Et il fallait réagir d'autant plus vite que tout va beaucoup évoluer dans les mois à venir.

Nous devons maintenant nous battre comme les étudiants ont su le faire, mais sans être corporatistes ».

Cela étant, le SNCDCS ne peut agir seul. Il entend d'ailleurs « travailler » avec les syndicats professionnels « libéraux ». Nous avons donc cherché à connaître leurs réactions.

Rapidement, cela va sans dire. Juste pour lancer un débat. Il manque néanmoins la position du président de la CNSD, trop accaparé par l'élection du nouveau bureau confédéral qui le verra briguer un troisième mandat à la fin de ce mois.

Grandes divergences

Marc Brouard (FSDL)

« Nos divergences portent bien évidemment sur les propositions: certes, il faut redresser la prévention, revoir la nomenclature, tenir compte des coûts et des frais inhérents au fonctionnement d'un cabinet, mais le SNCDCS ramène tout à une prise en charge toujours plus forte de la Sécurité sociale.

Or, à l'interlocuteur unique venant négocier, le pistolet sur la table, pour nous imposer ses vues avec, comme seule alternative, le tarif d'autorité (dont le SNCDCS ne parle jamais), nous préférons une mise en concurrence avec des assurances complémentaires, françaises ou étrangères.

Au sujet de la refonte de la nomenclature, question : ce qui ne pourra être pris en charge restera-t-il opposable ? Il est hors de propos pour nous que les caisses verrouillent ce qu'elles ne remboursent pas.

Le chiffre de 10 milliards à injecter dans le dentaire est réaliste. Mais le SNCDCS ne prévoit aucune solution si la Sécurité sociale ne peut pas payer. Pour nous, seule la levée de l'opposabilité des actes permettrait de négocier des conventions de remboursements. Autre solution, nationaliser la profession - ce qui ne signifie pas étatiser - c'est-à-dire racheter nos outils de travail et définir, par exemple, notre rémunération en référence aux chirurgiens-dentistes conseils.

Avec le droit de grève en prime!… »

En partie hors sujet

Hervé Parfait (FCDF)

« Sur la prévention, la plate-forme constate comme nous que l'UFSBD c'est insuffisant et le travail des caisses trop cher. A l'évidence, la vraie prévention ne peut se faire que dans les cabinets libéraux, dès 7 ans, avec visites obligatoires. Mais à quoi bon ces structures de concertation régionale en lien avec les DRASS ? Les usines à gaz ça suffit !

Quant à la refonte de la nomenclature, nous la comparons au tonneau des Danaïdes : on met beaucoup dedans et il en ressort très peu. Depuis 1960, nous réclamons une nomenclature réelle des actes avec “prise en charge” et non “opposabilité”. L'opposabilité de tous les actes peut être formidable pour les 10 ans à venir mais catastrophique à 20 ans. Car il n'y aura pas d'évolution. On le sait.

Les actes conformes aux données acquises de la science ne peuvent se concevoir qu'avec des honoraires non remboursés. Sinon on se contente du “soin Sécu”, du “tarif Sécu” et de l'exercice d'il y a 50ans… Par ailleurs, nous sommes d'autant plus d'accord sur le rééquilibrage entre soins et prothèse que la FCDF s'est créée sur ce credo il y a 30 ans !… Mais pourquoi et comment chiffrer ? Seule la volonté politique importe : veut-on une santé dentaire à la hauteur des moyens actuels ? Dans des cabinets libéraux ou fonctionnarisés ?

Tout le reste est hors sujet. »

Plutôt en phase

Jacques Deniaud (UJCD)

« J'ai toujours été pour un pluralisme syndical, sain et souhaitable, parallèlement à un regroupement d'idées communes nous rapprochant dans la défense professionnelle. Je suis donc plutôt favorable au travail du SNCDCS, d'autant qu'il reprend des thèses soutenues par les libéraux. Seul le moment de sa publication me surprend.

Il va sans dire que nous partageons les constats. Ils sont maintenant bien établis. Au-delà, on peut discuter des pistes de solutions. L'UJCD est en phase avec une bonne partie de la plate-forme mais certaines propositions apparaissent trop imprécises pour être vraiment jugées. Il en va ainsi de la prévention, facteur évidemment primordial : on ne comprend pas vraiment comment le SNCDCS envisage les actions collectives. Si elles sont menées tous azimuts par des personnels formés tant bien que mal sans contrôle de chirurgiens-dentistes, je suis perplexe. Je le suis autant devant la mise en place d'un “groupe de travail” chargé de définir un tel programme. Cela sert souvent à enterrer les dossiers.

Autre exemple préoccupant : le “conventionnement spécifique par département” pour lutter contre l'exclusion. On a déjà vu les limites d'une telle démarche dans les conventions RMISTES.

Elle entraîne souvent des disparités choquantes… »

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