Clinic n° 11 du 01/12/2010

 

GÉRER

ÉQUIPE ET ESPACE

Catherine FAYE  

Dans une rue en pente de Soisy-sur-Seine, dans l’Essonne, un petit immeuble récent abrite le cabinet dentaire de Vincent Barreyre. Non loin de là, le château du Grand-Veneur, la forêt de Sénart et la Seine : on se croirait dans un village du cœur de la France. Mais une fois franchi le seuil des locaux, c’est un tout autre univers. Teintes chaudes et reflets lumineux font corps avec l’entrain d’une équipe de choc.

Dans le regard bleu glacier de Vincent Barreyre, il y a du piquant : celui de l’ambition et de la passion. Il s’est installé dans « cette ville qui a l’aspect d’un village gaulois » après avoir soigné à Évry, pendant près de 15 ans, une patientèle familiale rachetée à Robert Denayrou, le plus ancien praticien de la préfecture de l’Essonne. Il y a 3 ans, avec son épouse orthodontiste qui partageait avec lui leurs anciens locaux, ils décident de changer de cap. C’est une annonce dans un magazine spécialisé qui le met sur la piste de Soisy-sur-Seine. Il saute sur l’occasion. Son épouse, elle, décide d’ouvrir son propre cabinet à Versailles.

« J’ai commencé par racheter les murs d’un premier cabinet ainsi que la patientèle », indique-t-il. C’est un ami qui, par la suite, lui parle d’un projet de bâtiments neufs. Un an plus tard, il devient propriétaire de 115 m2 où il pose enfin fauteuils et instruments. On est en mars 2009. « Ce qui est amusant, c’est qu’ici j’ai pour voisins deux omnipraticiens et un stomatologue – avec qui je m’entends très bien –, alors que l’on manque de chirurgiens-dentistes dans la région ! »

Diplômé de la faculté de Paris Descartes (Montrouge) en 1991, Vincent Barreyre ne cesse de se spécialiser : diplômes universitaires de chirurgie préimplantaire et péri-implantaire, de restauration chirurgicale maxillo-faciale, CES de biomatériaux, formations diverses. « J’ai étoffé tout ça, c’était mon objectif. J’ai poussé à l’extrême mes formations, en France mais aussi aux États-Unis et en Allemagne. » Attaché à la consultation de stomatologie de l’hôpital de Corbeil-Essonne, son « dada c’est l’implantologie et la chirurgie buccale, les extractions, les greffes… ». Ses assistantes, Sandrine qui officie à ses côtés depuis 9 ans et Béatrice, sont formées au MEOPA, « un confort de travail pour nous, mais pour le patient aussi », reconnaît le chirurgien-dentiste qui travaille avec un réseau de correspondants.

Sa collaboratrice associée, Lauriane Filipe, est diplômée depuis 1 an, elle termine son DU de pédodontie. Elle reçoit les enfants et la génération des 30-40 ans dans une salle de soins aux tons rouges. « Ce type de soins me plaît, c’est comme un défi. Il faut que tout se passe bien et que les petits patients veuillent revenir. » Comment se sont-ils rencontrés ? Alors que Lauriane cherchait à faire son stage de 6e année, Vincent Barreyre n’a pas hésité à l’engager : « Face à la pénurie de praticiens, il faut donner accès aux étudiants de 6e année, déjà expérimentés, avec des contrats de salariés. »

Située au rez-de-chaussée et facilement accessible, l’entrée du cabinet, « convivial, ouvert et intense » selon son propriétaire, fait penser à un bel appartement. Une grande bouche marron glacé encadrée accueille les patients. Sur une console, des prospectus d’information et de prévention. « Les patients aiment bien repartir avec quelque chose, surtout des brossettes ou des échantillons », s’amusent les assistantes. Le comptoir d’accueil a été conçu sur mesure : « On ne voulait pas quelque chose de linéaire, mais des arrondis. » Entre l’accueil et la salle d’attente, un mur creusé d’une niche dans laquelle est exposée une belle pièce de bois tropical, aux formes courbes et oblongues : « Certains patients pensent qu’elle représente la Guadeloupe… » Dans un cadre, posé un peu plus loin sur le comptoir, défilent des photos de dentures, prises par Vincent Barreyre, « qui permettent d’expliquer concrètement aux patients les soins qu’on leur propose ».

Toute l’équipe s’est concertée pour la décoration. « Notre choix s’est porté sur des tons neutres, une atmosphère zen », raconte Béatrice. Des miroirs clairs ou fumés reflètent objets et lumière. Une impression d’espace et de profondeur s’en dégage. Les couleurs, c’est ce qui définit le mieux les lieux, aussi bien dans les détails que pour les blouses : « Un jour par couleur. Turquoise, rose pâle ou corail en été ; rouge, noir ou marron en hiver », décline Sandrine. Un tabouret en forme de visage, signé Starck, indique aux patients la radiographie panoramique, dans laquelle trônent une série de vachettes colorées et un Bouddha posé à même le sol, du PVC imitation bois cérusé. « Ce qui compte dans l’univers du cabinet, c’est une ambiance de détente et que chacun se sente bien », assure Lauriane Filipe.

Fauteuils, scanner et radiographie panoramique 3D Arseus, tout est signé Planmeca. Les deux salles de soins et la salle de chirurgie sont agencées autour de la stérilisation et d’une petite terrasse qui embrasse la verdure. Les portes vitrées ouvrent sur l’extérieur, le moindre rayon de soleil donne l’occasion à l’équipe et aux patients de profiter de l’air et de la lumière. « On peut même y déjeuner aux beaux jours », s’enthousiasment les assistantes. La stérilisation respecte un ordre bien établi : le cycle va du sale vers le propre. Bacs de décontamination et à ultrasons, stérilisateurs, soudeuse, placards… tout est chromé ou blanc. Sur un mur, le planning pour les 15 jours à venir et une liste de tous les matériaux utilisés avec le nom des fournisseurs et les codes clients. « Il n’y a plus qu’à cocher et à indiquer les quantités à commander », se félicite Sandrine.

Une horloge design veille sur le bloc chirurgical. On y accède derrière une porte coulissante. Le patient, lui, passe par une petite pièce où il peut se changer, effectuer un bain de bouche et enfiler blouse, surchaussures et charlotte. Le bloc est aseptisé et décontaminé à l’aide d’un appareil, le Nocospray, qui propulse du Nocolyse sous forme de brouillard sec. Sous l’écran informatique, un clavier plat aseptique Cleankeys qui ne retient aucun résidu de poussière. « De plus, le bloc est très bien insonorisé, car l’aspiration se fait en dessous de la pièce, dans les garages », affirme Béatrice.

Dans sa salle de soins aux tons bleus, Vincent Barreyre propose aux patients documentaires ou concerts sur son écran Zenium placé au-dessus du fauteuil. Pour le praticien qui, « en implantologie, ne pose que du Straumann », plaisir, humour et décontraction riment avec professionnalisme et efficacité. Il ne se lasse pas de surfer sur de nouveaux projets. « Au fond, un cabinet c’est un peu comme une maison. Il faut en avoir construit trois pour enfin avoir ce que l’on veut. » Son idée ? « Créer une clinique odontologique de 500 m2 à Évry, avec un caractère mixte, à la fois public et privé, pour qu’enfants, patients handicapés, âgés ou non puissent être soignés. »

ON AIME : Dans la salle de soins de Vincent Barreyre, un drôle de placard mural circulaire azur, signé Dental Art – comme le reste du mobilier –, dans lequel il cache gants, gobelets…