Clinic n° 11 du 01/12/2009

 

GÉRER

C'EST MON AVIS !

Meyer FITOUSSI  

Président de la SOPPrésident de la SOP

nJ'ai été très étonné, il y a un an et demi, d'apprendre qu'un confrère et ami bien établi dans la région parisienne, tant sur le plan personnel que professionnel, avait décidé de vendre sa maison et son cabinet pour s'expatrier en Suisse.

Il se plaignait de ne plus pouvoir exercer sereinement sa profession et de ne plus supporter les multiples obligations administratives, fiscales et réglementaires. Il acceptait de moins en moins la méfiance de sa patientèle sous...


nJ'ai été très étonné, il y a un an et demi, d'apprendre qu'un confrère et ami bien établi dans la région parisienne, tant sur le plan personnel que professionnel, avait décidé de vendre sa maison et son cabinet pour s'expatrier en Suisse.

Il se plaignait de ne plus pouvoir exercer sereinement sa profession et de ne plus supporter les multiples obligations administratives, fiscales et réglementaires. Il acceptait de moins en moins la méfiance de sa patientèle sous influence des médias et de lobbies divers.

« Ma vie professionnelle a changé complètement », m'a-t-il affirmé lorsque je l'ai revu dernièrement. « J'exerce en fonction des données avérées de la science, seul le sens clinique oriente mes choix thérapeutiques et aucun souci de rentabilité ne m'oblige à proposer des actes prothétiques pour équilibrer la gestion du cabinet car les soins conservateurs sont très correctement rémunérés. L'acte conservateur de dentisterie restauratrice ou endodontique est le quotidien des cabinets en Suisse tandis que l'acte prothétique reste marginal. Mes patients sont conscients de l'investissement intellectuel, technique et humain que je mets en oeuvre pour les soigner, m'expriment leur gratitude et acceptent volontiers le montant des honoraires demandés. Je retrouve l'immense plaisir intellectuel et moral que j'éprouvais au début de mon exercice. Seuls la famille et les amis nous manquent un peu mais nous commençons à faire notre place. »

Pourquoi est-il aussi difficile, voire impossible, d'exercer en France comme ce confrère expatrié en Suisse ?

Pourquoi les jeunes praticiens souhaitent de plus en plus s'installer dans des régions privilégiées et ne réaliser que des actes non opposables, donc rémunérés à leur juste valeur, c'est-à-dire des actes de prothèse, de parodontologie et d'implantologie ?

Est-il normal pour la santé publique qu'il y ait une désertification médicale de certaines zones et que les patients soient obligés d'attendre souvent trois mois pour obtenir un rendez-vous ?

Est-il normal que des patients peu fortunés doivent régler des sommes importantes, de leurs propres deniers, pour n'avoir pas bénéficié, en première intention, de soins adéquats conformes aux données avérées de la science ?

La profession n'est pas la seule à se poser ces questions, l'opinion publique se les pose aussi. C'est à partir de ces constats que des situations conflictuelles surgissent avec des médias qui posent le faux problème des prothèses fabriquées en France ou à l'étranger et qui font perdre confiance aux patients en laissant s'installer le doute sur l'honnêteté et le professionnalisme des praticiens.

Qui aura un jour le courage de dire à nos autorités de tutelle que le meilleur investissement de l'assurance sociale serait la valorisation au juste prix des actes conservateurs, seule solution pour pérenniser l'organe dentaire sur l'arcade et rendre marginale l'indication de la solution prothétique ou implantaire ?

M'est-il permis de rêver ? n