Clinic n° 11 du 01/12/2011

 

L’ANALYSE

À LA PAGE

Simon PERELMUTER  

L’objectif de ce guide clinique paru aux Éditions CdP est de recenser l’ensemble des paramètres susceptibles de se produire durant les étapes du traitement, des préparations jusqu’à l’assemblage final.

Les auteurs, pour l’essentiel des enseignants de l’université de Strasbourg, font partie de disciplines dont la pratique clinique s’exerce suivant des modalités assez semblables – par exemple inlay d’obturation versus inlay d’ancrage ou encore facette versus couronne jacket – mais qui s’appuient sur un fond de matières fondamentales différentes, à savoir les biomatériaux pour l’une (la prothèse) et l’histophysiologie pour l’autre (l’odontologie conservatrice). Et c’est l’addition de ces savoirs qui est à l’origine de la richesse de ce livre.

La première partie, « Restaurations coronaires indirectes sur dents vitales », est un rappel sommaire des différents types de préparations envisagés en évaluant la mutilation relative de chaque proposition. Une première remarque : la préservation des tissus est un premier pas pour prévenir l’apparition de sensibilités postopératoires.

S’appuyant sur la littérature médicale, les auteurs font ressortir que la prévalence des sensibilités postopératoires sous des restaurations varie de 0,03 à 63,6 %, ce qui suggère un facteur opérateur dépendant important. L’âge et le sexe auraient également une influence.

La deuxième partie, « Mécanisme et étiologie des sensibilités dentinaires », est une fresque quasi exhaustive de la réponse des tissus dentaires, en fonction de leur nature et de leurs particularités histologiques, aux différentes agressions qu’ils subissent tant du fait des actes thérapeutiques que de l’interaction induite par les matériaux de recouvrement. Il faut y ajouter les vicissitudes dues aux agressions thermiques et bactériennes ainsi qu’aux contraintes occlusales.

La troisième partie, « Prévention des sensibilités postopératoires à chaque étape de la restauration prothétique », est également une analyse très large des incidences multiples pouvant être subies par l’élément dentaire au cours de sa pérégrination thérapeutique de la part d’une foule d’agents physiques ou chimiques : instruments rotatifs ou de sonoabrasion, solutions et produits de toutes sortes (fond de cavité et substituts dentinaires, agents de désensibilisation et d’hybridation, matériaux à empreinte et d’assemblage). L’ensemble est étayé par une bibliographie et une revue de la littérature très complètes.

Les trois dernières parties sont consacrées aux « Procédures cliniques », au « Traitement des sensibilités postopératoires » et aux « Cas cliniques ». Les techniques sont détaillées temps par temps avec une belle iconographie ainsi que de nombreux conseils thérapeutiques avisés, que ce soit pour traiter les sensibilités postopératoires ou pour gérer la mise en œuvre des restaurations.

En conclusion, un guide clinique précieux pour une large audience : étudiants, confrères diplômés et enseignants, qui y trouveront des informations judicieuses, claires sur le plan clinique mais surtout réalisant une synthèse remarquable au niveau des connaissances fondamentales. Avec ces auteurs, nous prenons conscience d’un changement de paradigme : nous sommes dans l’air du temps et clairement passés de la chirurgie dentaire à la médecine dentaire.

Notre critique portera sur un point secondaire mais qui a son importance : le titre du livre, Restaurations tout-céramique sur dents vitales, avec, en sous-titre, Prévenir et traiter les sensibilités postopératoires, risque d’être mal interprété car l’intérêt véritable de l’ouvrage et sa supériorité résident dans le sous-titre. Peut-être faut-il incriminer l’éditeur et son maquettiste qui auraient ainsi gauchi la réflexion des auteurs ?

Cette remarque ne jette aucune ombre sur la qualité de ce travail qui est une réussite et qui marquera un changement dans les mentalités.