QU’EN DITES-VOUS ?
Repoussées plusieurs fois ces derniers mois, les négociations conventionnelles devraient commencer au tout début du mois de décembre. Chaque syndicat a mis en avant ses principales revendications. Mais dans la profession, l’intérêt manifesté pour ce rendez-vous important est mitigé…
Je n’attends plus rien des négociations. J’avais encore un peu d’espoir lors de la dernière convention de 2006. Mais aujourd’hui, je ne me fais plus d’illusions car les marges de manœuvre des caisses sont extrêmement étroites. Finalement, tout cela n’a pas beaucoup d’importance ; au cours de mes 26 années d’exercice, j’ai appris à m’accommoder de l’hypocrisie de la situation (et je m’adapterai pour les 15 à 17 années à venir). Cependant, une bonne partie de mon exercice dépend toujours de ce qui est négocié dans la convention, notamment les soins sur les enfants, l’endodontie et les détartrages.
Compte tenu de la situation et de l’importance prise par les complémentaires dans les remboursements, je pense qu’à l’avenir la Sécurité sociale va conserver le panier CMU et leur lâcher tout le reste du dentaire…
Malgré l’absence d’attente de ma part quant aux résultats de ces négociations, je félicite les confrères qui, contre vents et marées, continuent de se battre pour notre profession !
J’attends un apport financier important mais légitime pour la profession, qui permette d’honorer correctement les soins conservateurs et chirurgicaux et la cotation des radiographies et des actes techniques lors des consultations. J’attends aussi de ces négociations la mise en place de vraies mesures de prévention et d’un système qui responsabilise les patients. Les coûts des traitements dentaires seraient bien moins importants si les patients s’astreignaient à une visite annuelle. Je n’apprends rien à personne. Pourquoi donc ne pas rembourser moins bien ceux qui ne respectent pas le rendez-vous annuel de prévention ? Je souhaite aussi que ces négociations permettent la mise en place ou l’extension de mesures incitatives fortes en faveur des praticiens déjà installés dans des déserts médicaux et de ceux qui veulent s’y installer. Ces mesures pourraient prendre différentes formes, notamment fiscales. Dans ces zones, les praticiens subissent des pressions tellement fortes qu’elles peuvent les conduire au burn-out, à la démotivation ou à l’abandon d’exercice. Et puis je souhaite que les accords signés soient respectés. Mais tous ces souhaits ne sont peut-être que des vœux pieux !
J’attends une revalorisation substantielle des actes de soins. Comment continuer à faire des détartrages à 28,92 euros quand le coût de 1 heure au fauteuil dentaire dépasse 100 euros en frais professionnels ? Et ce n’est qu’un exemple. On se plaint du prix élevé des actes de prothèse, mais mon cabinet ne vit que de cela ! Si je n’en fais pas, je ferme. Et si je gagne bien ma vie, c’est parce que je travaille près de 50 heures par semaine au fauteuil. Je ne suis pas certain que les jeunes acceptent cette vie. Je voudrais que la convention me permette de gagner ma vie avec les soins, de proposer des céramiques à 300 euros comme en Allemagne et d’investir dans les nouvelles technologies. Mais sincèrement, je ne crois pas que les choses vont changer. Avec la crise, il n’y a plus d’argent dans les caisses.
Mon autre grand souci est lié au fait que mon carnet de rendez-vous est rempli 2 mois et demi à l’avance et que je ne trouve pas de collaborateur. J’aimerais qu’une hygiéniste puisse au minimum prendre en charge les détartrages.