Mon coeur balance

Ce nouveau matériau à empreintes n'est ni un silicone, ni un polyéther, mais un hybride des deux. Plus précisément, un vinylsiloxanether. À ce titre, il prétend posséder les avantages de chacun de ces produits sans, bien sûr, aucun de leurs inconvénients. Si les silicones sont majoritairement utilisés en France, les polyéthers ont un certain succès en Allemagne. Et la société d'Eschenburg se devait de proposer un concurrent valable au seul matériau de ce type encore en lice, l'Impregum de chez 3M ESPE. La bataille n'était pas gagnée d'avance. Très visqueux au départ, les polyéthers s'utilisent presque uniquement en double mélange : relativement souples même après la prise, ils ne se prêtent pas facilement au repositionnement en bouche et au rebasage. À cela, ajoutons une nette tendance à coller aux préparations et aux muqueuses, et une odeur et un goût pas franchement délicieux. Mais ils présentent une capacité de reproduction des détails et un caractère hydrophile exceptionnels qui les rendent extrêmement fidèles, plus précis et plus tolérants à l'humidité que la majorité des silicones.

En raison de leur viscosité élevée, le conditionnement en malaxeur automatique a constitué une innovation majeure et fait beaucoup pour leur promotion. Bref, si l'on sait oublier leurs inconvénients, les polyéthers sont des matériaux d'une fiabilité et d'une sécurité exemplaires.

L'Identium existe en 4 viscosités : un heavy, un medium et un medium soft disponibles en cartouches pour malaxeur automatique et un light en cartouches de 50 ml pour pistolet mélangeur. Ce matériau, qui n'est compatible ni avec les silicones ni avec les polyéthers, s'utilise exclusivement en un temps. Les versions medium et medium soft sont assez souples pour être employées en monophase grâce à une petite seringue réutilisable, facile à charger directement à partir de l'embout mélangeur du malaxeur. Chaque viscosité est disponible en prise normale (3 minutes 30 en bouche) ou rapide (2 minutes 15). Il faut, selon moi, privilégier la première version, beaucoup plus polyvalente pour les enregistrements multiples ou unitaires.

Un comportement inhabituel

Si la viscosité du heavy, bleu roi, est très proche de celle d'un soft, les medium ont un comportement bien spécifique. Ils sont terriblement mous au sortir du malaxeur, ce qui déroutera les utilisateurs de silicone classique. Le comportement de l'Identium, s'il se rapproche de celui d'un Impregum Pentasoft, est cependant très différent : le produit a des propriétés rhéologiques spéciales. Il continue de s'écouler après le remplissage du porte-empreinte, alors que l'Impregum se fige rapidement. Dans les porte-empreintes sectoriels de type 3 en 1, avec une gaze entre les hémiarcades, la tenue du matériau des deux côtés est souvent problématique. Le travail à 4 mains prend alors toute son importance. Naturellement, cet inconvénient n'existe pas avec les porte-empreintes complets. Malgré cette fluidité surprenante, le produit déposé à la seringue sur les préparations a du mal à s'étaler complètement. J'ai fréquemment remarqué des manques et des tirages ponctuels dus à l'aspiration du matériau lors du retrait de l'embout, même lorsque je veillais à bien laisser ce dernier au contact des préparations. Par ailleurs, la seringue fournie dans le coffret ne semble pas optimisée pour ce matériau. Il faut exercer une forte pression pour l'extruder et elle est difficile à nettoyer.

Le bon compromis

L'Identium medium soft m'a paru vraiment trop souple après la prise pour un usage universel. Le heavy est satisfaisant mais ne convient pas à mes habitudes. Finalement, pour moi, c'est l'Identium medium qui offre le meilleur compromis. On peut l'utiliser en monophase, mais les enregistrements imparfaits que j'ai presque systématiquement obtenus m'ont dissuadé de continuer de cette manière. Je me suis donc tourné vers le light en cartouche. Lors de mes premiers essais, sa viscosité trop élevée à mon goût m'a relativement déçu. La pression d'extrusion, ajoutée à l'inconfort du pistolet, m'a laissé perplexe. Jusqu'au moment où j'ai eu l'idée de remplacer les embouts jaunes habituels par ceux, plus gros, à embase turquoise. Et là, tout a changé. Bien sûr, le pistolet est resté aussi long, mais la pression est devenue tout à fait confortable. L'écoulement du produit sur les préparations s'est également amélioré comme si ce n'était plus le même. Au final, j'ai découvert que la combinaison Identium medium + light avec embout mélangeur bleu donnait des empreintes impeccables et une précision identique à celle de l'Impregum, y compris en présence d'une relative humidité.

À mettre au crédit de l'Identium, une absence totale de goût et une incomparable facilité à démouler les empreintes. Contrairement au polyéther qui colle à la peau et aux muqueuses, celui-là n'adhère pas plus qu'un silicone.

En conclusion, après des débuts un peu décevants, j'ai fini par trouver un modus vivendi avec ce produit qui m'a permis d'obtenir des résultats de très haut niveau avec le maximum de confort. Je regrette simplement cette viscosité initiale, un peu désagréable à gérer, et la nécessité d'utiliser le pistolet mélangeur, jamais idéale en termes d'ergonomie, de gestion des stocks d'embouts et de coût à l'usage.