Clinic n° 11 du 01/12/2010

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric Besse  

frbesse@hotmail.fr

Depuis toujours, le montant des honoraires est déterminé en fonction de la difficulté, du plateau technique, de la compétence et de la responsabilité du praticien pour chaque acte. Ce système a d’ailleurs été entériné dès l’origine de la Sécurité sociale. Cependant, le blocage de nos honoraires depuis 30 ans l’a fait dériver vers un règlement de nos honoraires à l’acte par compensation.

Comme chacun sait, cela consiste à faire honorer à des tarifs élevés des...


Depuis toujours, le montant des honoraires est déterminé en fonction de la difficulté, du plateau technique, de la compétence et de la responsabilité du praticien pour chaque acte. Ce système a d’ailleurs été entériné dès l’origine de la Sécurité sociale. Cependant, le blocage de nos honoraires depuis 30 ans l’a fait dériver vers un règlement de nos honoraires à l’acte par compensation.

Comme chacun sait, cela consiste à faire honorer à des tarifs élevés des actes ne demandant ni compétence, ni plateau technique, et n’engageant que très peu notre responsabilité afin de compenser le montant dérisoire de nos honoraires pour des actes d’une extrême complexité, nécessitant une grande compétence et un plateau technique lourd (microscope ou autres aides optiques, localisateur d’apex, moteurs spécifiques, composites aux prix prohibitifs, etc.). Si dérisoire qu’il fait hurler de rire nos confrères des 184 autres pays du monde.

Cette dérive a vidé de sa substance la notion de valeur de l’acte.

Le rééquilibrage de ce système pourrait être envisagé au travers d’une réduction des remboursements dentaires à un panier de soins justement rémunérés, tous nos autres honoraires étant totalement libres. Cette évolution est possible, mais peu probable.

Dans le cas où une dérive sociale serait imposée à notre société dans un proche avenir, on peut imaginer que, dans l’espoir de maîtriser des dépenses de santé confondues avec les dépenses d’Assurance maladie, il soit décidé de nous imposer un mode de règlement au forfait.

Le principe du forfait ne récompense plus la valeur de l’acte, mais la valeur du praticien.

Ce changement de paradigme ne devrait pas être vécu que comme une dérive totalement négative. En effet, cela nous permettrait, enfin, de soigner nos patients tels qu’ils doivent l’être, en réalisant au moment opportun les actes les plus adaptés à leur état, sans avoir en permanence au-dessus de nos têtes l’épée de Damoclès du chiffre d’affaires horaire. Ce paramètre angoissant, en constante augmentation, nous conduit à privilégier les actes les plus rémunérateurs, au détriment d’actes simples mais indispensables à la bonne santé bucco-dentaire de nos patients. Le paiement par le patient au forfait et par capitation, c’est-à-dire que chaque patient nous réglerait tous les mois une certaine somme, charge à nous ensuite d’exécuter dans sa bouche tous les actes nécessaires, nous permettrait peut-être enfin de consacrer autant de temps à la prévention, au polissage, à la chirurgie, qu’à l’implantologie ou à la prothèse complexe. Tout le problème viendrait alors du montant de ce forfait et de l’origine du règlement ; mais correctement négocié, ce qui nous assurerait un chiffre d’affaires en rapport avec un exercice actuel, l’impact direct pourrait ne pas être négatif. Le problème viendrait plus de ce que nous dépendrions alors de l’organisme payeur…