Le bonheur au bout des doigts

Depuis le printemps dernier, GC nous propose sa colle autoadhésive G-Cem en seringue d'automélange. Ce produit, présenté à l'IDS de Cologne en 2007, n'était disponible qu'en capsules à vibrer. Rappelons qu'il s'agit d'un composite fluide à prise duale, contenant des esters d'acide phosphorique et de la résine 4-MET. Ses propriétés adhésives à l'émail et la dentine sont donc très supérieures à celle des ciments de scellement classiques, ciments verre ionomère (CVI) ou ciments verre ionomère modifiés par adjonction de résine (CVIMAR). Plusieurs études de laboratoire le prouvent : ce produit est très performant et bénéficie d'une excellente stabilité dimensionnelle. Il convient au collage d'inlays ou d'onlays en composite, de couronnes en céramique y compris à noyau de zircone, et à celui de restaurations métalliques. En principe, aucun traitement des surfaces dentaires n'est nécessaire pour assurer l'adhésion. Le G-Cem est proposé en 3 teintes : A2, translucide et OA3.

J'avais beaucoup apprécié, à sa sortie, la viscosité légèrement élevée du matériau. Il n'a pas trop tendance à s'écouler une fois les restaurations en place, rendant plus facile le retrait des excès. Comme avec tous les composites de ce type, il faut maintenir les pièces sous pression légère pendant 3 à 4 minutes, le temps que s'effectue la prise chimique. Une très brève insolation des excès permet cependant de les figer rapidement, mais incomplètement, afin de les retirer à la sonde.

Même si l'ergonomie des capsules GC est parfaite, la quantité de produit qu'elles contiennent ne correspond pas toujours à celle dont on a réellement besoin. C'est donc avec beaucoup de satisfaction que j'ai accueilli le nouveau conditionnement en seringues, bien plus pratiques et maniables que les capsules puisqu'elles ne nécessitent pas de pistolet applicateur. Munies de leur petit embout mélangeur, elles permettent de déposer très facilement le produit dans l'intrados des prothèses, qu'il s'agisse de restaurations unitaires ou plurales, quelle que soit la quantité nécessaire.

Colle à tout faire ?

Comme le soulignent les fabricants qui veulent sûrement en vendre beaucoup plus, ces nouvelles colles sont universelles. Certes, mais cela condamne-il pour autant les autres ciments ? Leur chimie particulière les rend très hydrophiles. Il ne faut donc pas en attendre des performances idéales sur le long terme lorsque les limites de la restauration sont exposées au milieu buccal. Bien que ces matériaux soient automordançants, un traitement de l'émail à l'acide phosphorique - en évitant soigneusement la dentine - améliore significativement l'adhésion des restaurations partielles. Dans ces conditions, on peut s'interroger sur leur pertinence, car les systèmes à plusieurs composants, à peine plus compliqués à mettre en oeuvre, s'avèrent tout de même plus performants. Enfin, leur prix relativement élevé dissuade de s'en servir de manière intempestive, même si la facilité de mise en oeuvre reste incomparable. Personnellement, je réserve ce produit au collage des tenons radiculaires et des inlay-cores. L'assemblage est beaucoup plus sécurisant qu'avec un simple ciment de scellement, employé, lui, pour fixer la couronne. La procédure est extrêmement simple et sans risque de durcissement prématuré de la colle, à condition de ne pas utiliser de lentulo, qui accélère la prise, mais un embout « endo » fin et coudé pour l'introduire dans le canal et sur les parois de la cavité.