Clinic n° 11 du 01/12/2011

 

SOCIÉTÉ

INTERNET

Philippe de JAEGHER  

La généralisation de l’accès à l’internet est-elle susceptible de faire évoluer la communication entre patients et praticiens ?

D’après l’INSEE, la proportion de ménages disposant d’un accès à l’internet est passée en 10 ans de 12 à 64 %. Dans notre profession, le taux d’équipement est plus important encore, puisqu’il est de 96 % pour les cadres et professions libérales (1). Sur la toile, patients et praticiens parcourent les mêmes espaces. Si les démarches sont souvent différentes, elles sont parfois identiques. Quel professionnel n’a pas consulté un site ou un forum à la recherche d’informations sur un problème de santé le concernant ? Les conditions semblent réunies pour un nouveau mode de communication entre patients et praticiens.

Une partie de la toile, communément appelée « Web 1.0 », correspond au contenu que l’utilisateur peut consulter mais sur lequel il ne peut pas agir. L’autre versant ? Le « Web 2.0 » désigne l’ensemble des sites qui sont alimentés par les contributions des internautes, comme Wikipedia ou YouTube, et les réseaux sociaux Facebook ou Twitter. Ces deux usages de l’internet sont mis à contribution pour la communication entre patients et praticiens.

De plus en plus de praticiens assurent la visibilité de leur cabinet sur le réseau. De nombreuses sociétés proposent des sites clés en main à des conditions attrayantes, mais au prix d’une certaine uniformité. Si la présentation des lieux et de l’équipe est soignée, la plupart de ces cabinets semblent être les clones d’un modèle idéal normalisé aussi bien dans son organisation que dans son offre de soins. Certes le cahier des charges édicté par le Conseil de l’Ordre est draconien, mais il permet la communication d’une information médicale validée, sans imposer le copier-coller. Il recommande la certification par le label « Health On the Net » (HON), que très peu de sites affichent (2). Si grâce à son site, le praticien est présent sur la toile, les retombées sont difficiles à évaluer. Un professionnel installé dans une grande agglomération y sera plus sensible qu’un confrère exerçant dans une région où la densité médicale le contraint à gérer une demande de soins sans cesse croissante.

Si l’on regarde du côté du « Web 2.0 », on constate un foisonnement de sites correspondant à différentes stratégies de recherche. Le forum « Eugénol » réunit 20 000 professionnels francophones qui échangent entre eux sur une variété de thèmes (3). Il n’est pas destiné au dialogue entre praticiens et patients, mais ces derniers peuvent accéder à la totalité des contributions en ligne, et découvrir un visage bien plus contrasté de la profession, que celui proposé par la plupart des sites professionnels de la Toile. D’un autre côté, sur les forums destinés aux patients comme « Doctissimo », des praticiens répondent parfois aux questions des internautes (4). Ces échanges sont anonymes, mais ils révèlent une évolution de la communication autour de la santé.

Les étudiants en chirurgie dentaire, nés avec l’internet, et qui partagent leurs impressions et leurs espoirs sur le forum « Remede.org », donneront-ils une nouvelle impulsion dans cette direction (5) ?

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