Comme une caresse

La plupart d'entre nous ne connaissent que les détartreurs à ultrasons. Ces appareils rendent, certes, d'indéniables services, mais ils ne sont pas exempts de défauts : vibrations désagréables, incapacité quasi constante à éliminer les colorations de faible épaisseur, agressivité inutile sur les surfaces radiculaires. Ils sont en revanche relativement silencieux et leur spray, bien dirigé, n'éclabousse pas trop. Parallèlement à ces dispositifs sophistiqués bourrés d'électronique, il en existe d'autres, beaucoup plus simples, qui marchent à l'air comprimé. Ce sont les soniques, dont la fréquence des vibrations se situe un cran en dessous. On les installe sur le cordon air-eau de la turbine. Grâce à leur raccord tournant, ils offrent une maniabilité exemplaire. Faciles à utiliser et moins coûteux, ils présentent malheureusement aussi, quelques inconvénients : bruyants à cause du sifflement de l'air comprimé, ils éclaboussent beaucoup à cause d'un spray souvent dispersé. Moins puissants que les ultrasons, ils jouent sur un autre terrain : grâce à eux, la plupart des dépôts tabagiques, alimentaires, ou médicamenteux - traces brunes de café, thé ou bain de bouche - disparaissent sans effort car la fréquence et l'amplitude des vibrations sont bien adaptées à ce travail. L'élimination du tartre sous-gingival, dur, noir et adhérent, est en revanche plus difficile avec ces appareils. Bien que le marché français soit dominé par les marques européennes, quelques fabricants de soniques américains ou asiatiques ont tenté une percée dans l'Hexagone. C'est le cas du Micron SSS, dont la publicité était axée au départ sur le silence de fonctionnement.

Sérieux et discret

L'appareil, fabriqué au Japon, est de très bonne facture. La pièce à main gris satin, un peu plus courte que celle de ses concurrents, reprend la forme oblongue traditionnelle, pas très originale mais finalement assez confortable. La version dont j'ai disposé se branchait sur le raccord multiflex Kavo, bien pratique pour les utilisateurs des turbines de cette marque. Même si ce n'est pas un modèle de souplesse - je lui reproche une certaine raideur -, il possède une bague de réglage du spray très précise pour ajuster l'arrivée d'eau de telle sorte que le patient ne soit pas trop éclaboussé.

Les inserts disponibles sont au nombre de 6. Certains sont droits, exactement semblables à ceux des détartreurs piézoélectriques. D'autres ont une forme un peu plus élaborée. Les inserts pour soniques sont souvent mieux adaptés à l'élimination du tartre, non seulement parce qu'ils sont très étroits mais aussi parce qu'ils permettent de balayer absolument toutes les surfaces dentaires dans un geste plus confortable. Sur le Micron SSS, les plus intéressants sont ceux, très fins, en forme de crochet ouvert. Pour les visser sur la pièce à main, nul besoin d'une clé volumineuse, encombrante et peu pratique à stériliser dans l'autoclave : une simple barrette métallique échancrée suffit.

Dire que le Micron SSS est silencieux serait un abus de langage. Le son est aigu, mais le niveau assez bas. En vérité, il n'est pas très bruyant lorsque l'on s'en sert en bouche, mais il émet, dès qu'on lâche la pédale, une sonorité bizarre un peu plus forte pendant 1 ou 2 secondes. Comme le bruit de l'aspiration chirurgicale domine largement l'ensemble, cela n'a pas grande importance.

Doux et confortable

Lorsqu'il vibre, l'insert du Micron SSS bouge à peine. La douceur de fonctionnement est vraiment unique sur ce genre d'appareil. Je l'ai trouvé au départ un peu moins incisif que mon système habituel, mais je m'y suis fait rapidement. À quelques exceptions près, les patients ont beaucoup apprécié son confort. Certains ont noté une nette différence et déclaré vouloir revenir plus souvent pour leur détartrage périodique ! L'énergie modérée déployée par l'appareil ne l'empêche pas d'être efficace aussi bien sur le tartre supragingival que sur les colorations de faible épaisseur. Pour les autres dépôts, c'est selon, comme avec les autres systèmes.

Au final, le Micron SSS se révèle un excellent produit pour la majorité des procédures de prophylaxie courante. Il n'est pas question d'abandonner les ultrasons dans les situations où une puissance importante reste nécessaire ou pour d'autres applications en dehors des détartrages, mais cela n'est pas un scoop.