Un de plus !

Depuis 2 ou 3 ans, presque toutes les grandes compagnies nous proposent des composites d’obturation en masse des cavités postérieures. Autrement dit, des matériaux autorisant des couches de 4 mm d’épaisseur, soit le double de ce que réclame la stratification conventionnelle. De quoi aller beaucoup plus vite lors de pertes de substance importantes et encourager les plus réticents d’entre nous à passer aux restaurations esthétiques collées plutôt que de se cantonner à l’amalgame. Il ne pouvait être question, pour la prestigieuse firme américano-germanique, d’abandonner plus longtemps à la concurrence sa part du marché. Il faut accepter certaines concessions et réaliser un compromis cliniquement acceptable.

Bien sous tous rapports

Afin de polymériser sur une importante épaisseur, le matériau doit être relativement translucide. On ne l’emploiera donc qu’en sous-couche, recouvert d’un composite esthétique fortement chargé qui masquera son aspect peu flatteur et résistera bien à l’usure occlusale. Car une autre caractéristique recherchée pour ce genre de produit est de pouvoir remplir rapidement, sans le fouler, tous les recoins des cavités. C’est l’option choisie ici, avec un matériau très souple, disponible en petites seringues de 2 g – avec embouts assez larges – ou en capsules pour pistolet. Un composite fluide est forcément peu chargé et se contracte beaucoup lors de la prise. Un savant mélange de résines, associé à un choix judicieux de la taille et de la nature des particules, a permis d’obtenir un matériau qui, si l’on en croit l’impressionnante brochure scientifique téléchargeable sur le site du fabricant, possède des propriétés équivalentes, voire supérieures à celles de ses principaux concurrents. Il est de toute évidence plus résistant et se contracte moins que les composites fluides classiques et, une fois polymérisé, il est aussi solide que les composites à prise duale employés pour les reconstitutions préprothétiques : une remarque pas innocente quand on sait qu’à ce jour, 3M ESPE n’a pas jugé utile de proposer ce type de matériau.

Un peu jaune

Le Filtek Bulk Fill existe en teintes universelle, A1, A2 et A3. Notons que cette dernière durcit sur une épaisseur à peine inférieure à 4 mm contrairement aux précédentes, et en 20 secondes sous la lumière d’une lampe à LED de 1 000 mW/cm². C’est cette version en seringue que j’ai eu le plaisir d’essayer. Avouons-le, je n’ai pas remarqué un comportement vraiment différent de celui de ses concurrents. Il coule bien mais pas trop et, franchement, rien à signaler de ce côté. Le seul point qui a attiré mon attention est sa couleur très jaune. Aucun souci une fois recouvert de composite classique, qui l’occulte complètement, mais juste une impression bizarre car inhabituelle. À bien y réfléchir, la dentine elle-même est d’un jaune soutenu la plupart du temps. Donc, pas de quoi s’affoler outre mesure. En définitive, un produit bien de son époque, qui répond sans doute à une demande ou un besoin réels, mais qui ne révolutionnera sûrement pas la pratique quotidienne.