Presque un plaisir

Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit : je déteste l’alginate. Enfin, ce que je n’aime pas, c’est son côté visqueux, collant, salissant, le fait de devoir nettoyer bol et spatule après usage, sa stabilité dimensionnelle désastreuse qui oblige à couler rapidement les modèles. D’accord, c’est le moins cher des matériaux à empreinte, mais à quel prix !

Peut-on faire mieux que l’alginate ?

Adepte inconditionnel des malaxeurs automatiques de silicone et polyéther, je ne manque pas une occasion de tester tout nouveau produit déclaré substitut d’alginate et conditionné en cartouche pour ce type d’appareil. En fouinant dans le catalogue d’un grand vépéciste américain, j’ai déniché l’Algin X Ultra Deca et l’ai immédiatement commandé. Bien que ce silicone soit signé Dentsply, je ne pense pas qu’il soit commercialisé en France. Cette société produit l’un des light les meilleurs du marché. Je ne m’attendais donc pas à être déçu par celui-ci. Des produits de ce genre, j’en ai déjà essayé au moins 4 ou 5, avec un sentiment mitigé : ce sont des matériaux de moyenne viscosité, légèrement plus élevée que des light et plus faible que des monophases, donc très souples à l’extrusion et qui le restent après réticulation. Une propriété proche de celle de l’alginate, censé être fidèle et facile à retirer de la bouche, même en présence de fortes contre-dépouilles. Toutefois, le silicone n’étant, par nature, aucunement hydrophile, il n’a pas d’affinité pour les régions humides et enregistre avec difficulté les régions cervicales. Son inertie, très différente de celle de l’alginate, provoque quasi immanquablement des tirages dans les zones muqueuses, au palais en particulier. Bien pour la réalisation d’empreintes antagonistes de prothèse conjointe, mais trop imprécis pour la prothèse amovible. Le prix enfin, de ces matériaux, bien qu’inférieur de moitié à celui des silicones de précision, reste très élevé par rapport à celui de l’alginate.

Une excellente surprise

L’Algin X Ultra se présente en cartouches en plastique de 380 ml, sur lesquelles on installe un embout mélangeur verrouillé par une bague de plastique bleue. Cette présentation n’est pas la plus fréquente, c’est dommage. La couleur bleu pâle du silicone est très agréable et sa consistance très fluide. Il se distingue par un agréable parfum de chewing-gum à la menthe, fort apprécié des patients. Une fois pris, le produit est beaucoup plus ferme qu’un alginate mais autorise sans difficulté le démoulage des modèles en plâtre. Grâce à sa faible viscosité, les tirages s’avèrent réduits au minimum. De fait, j’ai obtenu des empreintes presque aussi parfaites qu’avec un bon alginate, en utilisant des porte-empreintes non perforés. Étant donné sa consistance, il est même possible d’en remplir une seringue directement au sortir de l’embout et de l’injecter en bouche au niveau des zones cervicales ou de toute région dont on ne veut pas rater l’enregistrement. Son temps de prise raisonnable — 2 minutes 30 — permet de travailler sans se presser inutilement, avec un excellent confort.