Clinic n° 10 du 01/11/2012

 

Enquête

Entre 1 000 et 1 500 appareils de radiologie 3D sont installés dans les cabinets dentaires en France. Il s’en est vendu 250 à 400 en 2011. L’arrivée de la 3D avec ses qualités diagnostiques il y a 5 ans a bouleversé le paysage de la radiologie. « C’est un pas technique au moins aussi important que l’arrivée du numérique il y a 30 ans lorsque nous avons inventé les capteurs RVG », estime Arnaud Cazimajou, manager chez Carestream. Et aujourd’hui, on note...


Entre 1 000 et 1 500 appareils de radiologie 3D sont installés dans les cabinets dentaires en France. Il s’en est vendu 250 à 400 en 2011. L’arrivée de la 3D avec ses qualités diagnostiques il y a 5 ans a bouleversé le paysage de la radiologie. « C’est un pas technique au moins aussi important que l’arrivée du numérique il y a 30 ans lorsque nous avons inventé les capteurs RVG », estime Arnaud Cazimajou, manager chez Carestream. Et aujourd’hui, on note une accélération de son développement sur le territoire.

Pour des diagnostics approfondis

Les chirurgiens-dentistes qui pratiquent l’implantologie de façon exclusive ont été les premiers à acquérir un cone beam CT. Puis des praticiens plus généralistes ont commencé à s’équiper pour leur orientation vers l’implantologie, mais aussi des praticiens exclusifs en endodontie. « Aux États-Unis, la 3D a été une révolution en endodontie, au même titre que l’arrivée du microscope opératoire. Elle est devenue un standard pour les soins les plus élaborés en endodontie », rapporte Arnaud Cazimajou.

« Le marché prévu au départ par les industriels intéressait moins de 1 % des chirurgiens-dentistes. Aujourd’hui, la 3D est susceptible d’en intéresser 80 % car les domaines d’application sont de plus en plus vastes », estime Bertrand Haas, directeur général des ventes de Sirona. Les appareils restent onéreux mais leur diffusion a favorisé une baisse des prix. La possibilité de réaliser des panoramiques dentaires et des images 3D avec le même appareil stimule aussi le marché. Le taux d’équipement en panoramiques en France reste encore faible – de 25 à 30 % – par contre près de 50 % en l’Allemagne ou à la Grande-Bretagne. Un effet rattrapage est en cours. Une partie des praticiens désireux de s’équiper passent directement à l’étape suivante. Sous réserve tout de même de mettre trois fois le prix d’une 2D simple !

C’est la taille du champ d’observation qui fait la différence de prix entre appareils 3D. « Il faut compter 50 000 euros pour un champ limité à 3 ou 4 dents, 150 000 euros pour un crâne complet », résume A. Cazimajou.

Un complément de la « 2D »

Si la technique 3D focalise l’attention, elle ne se substitue pas à la 2D. Les techniques d’imagerie en intraoral ou panoramique conser­vent toute leur utilité dans la pratique quotidienne. « La 3D est un complément. Et c’est d’ailleurs comme complément qu’elle doit être utilisée afin d’optimiser les doses de rayonnement », tient à préciser A. Cazimajou. Le marché de la 2D reste porteur. Les premières générations de capteurs sont en cours de remplacement. Le marché des panoramiques reste animé, stimulé par des prix qui ont été divisés par deux en 10 ans. Quant au débat argentique/ numérique, « il n’a plus lieu d’être » note le responsable chez Carestream. « L’imagerie numérique s’est totalement imposée par sa qualité et sa fiabilité. Les recherches portent plus sur l’opti­misation de l’ergonomie des appa­reils et sur les services que sur la course à la résolution ou à la performance. »

Et demain…

Les industriels ont investi des sommes très importantes pour améliorer la technique 3D, en particulier les capteurs. Mais aussi, incités par les chirurgiens-dentistes, ils ont mis au point des logiciels sophistiqués permettant de nombreuses fonctionnalités comme le planning implantaire. Si bien que l’imagerie 3D est deve­nue gourmande en logiciels. Chez Carestream, cela s’est notamment traduit par le doublement des équipes de recherche et développement en 5 ans. « Demain, la 3D sera de plus en plus intégrée dans les applications cliniques », prévoit A. Cazimajou. « La chirurgie guidée existe déjà. Il y aura certainement d’autres applications… ».

LASER : POUR SE LANCER, PRIVILÉGIER UNE DISCIPLINE

Quand on veut acquérir un appareil laser, « la question à se poser n’est pas quel laser choisir mais plutôt quelles disciplines de mon exercice privilégier », explique Jean-Paul Rocca, président de la World federation of lasers in dentistry. Mis à part l’implantologie, peu de domaines de la dentisterie échappent encore à la technique laser, que ce soit sur les tissus durs ou les tissus mous. Mais la technique du laser sera différente selon l’utilisation. Le chirurgien-dentiste qui axe son exercice sur la cariologie, la dentisterie adhésive et la cosmétique choisira un système de laser bien absorbé dans les tissus durs. Celui qui est orienté vers la chirurgie des tissus mous aura recours à des lasers diode ou à gaz carbonique.

Le laser diode, qui permet de faire la petite chirurgie des tissus mous, des fibromes, le traitement symptomatique d’un herpès…, est actuellement le moins onéreux. Et les praticiens commencent souvent par ce type de matériel peu encombrant. Ils y prennent goût et s’intéressent ensuite à d’autres équipements. Des machines plus puissantes et polyvalentes permettent de travailler à la fois les tissus durs et les tissus mous. Mais elles sont aussi beaucoup plus onéreuses. Le prix d’un équipement laser peut ainsi varier de 6 000 à 60 000 euros.

Actuellement, on peut estimer que près de 5 % des cabinets dentaires sont équipés d’un appareil laser. La proportion progresse lentement.

Aujourd’hui, l’objectif de grands projets de recherche est d’obtenir des tirs de laser tellement courts que le patient ne pourra plus les intégrer consciemment et que sa douleur disparaîtra. Il sera alors possible de se priver des techniques d’anesthésie.