Il sait tout faire

Les résines bis-acryl ont changé ma vie. Oh, bien sûr, pas au tout début, lorsqu'il fallait mélanger à la main deux pâtes fluides comme du miel, issues de deux seringues en plastique, l'une plus grosse que l'autre ! Ça, c'était la préhistoire.

Ces matériaux ont un comportement totalement différent de celui des résines autopolymérisables, malgré des indications presque identiques. Pas étonnant, dans ces conditions, que beaucoup de praticiens rechignent encore à les utiliser. Cependant, pour réaliser rapidement et sans effort des couronnes ou des bridges provisoires, il n'y a aujourd'hui rien de mieux. Il faut simplement appliquer un protocole spécifique, la quasi-totalité d'entre elles n'étant utilisables qu'en technique d'automoulage.

Les résines bis-acryl sont-elles toutes semblables ? Vues de loin, peut-être. Mais si on les compare avec un oeil avisé, quelques différences se dessinent. Pratiquement toutes sont conditionnées en cartouches pour pistolet mélangeur, dont les compartiments peuvent être symétriques ou non. Les premières s'utilisent avec un pistolet à silicone standard, ce qui est bien pratique, mais pas les secondes. La teinte ensuite : si presque toutes les marques proposent les A1, A2, A3,5 et d'autres couleurs plus claires ou plus sombres, le A3, qui est pourtant la nuance naturelle la plus courante, n'est disponible que chez fort peu de fabricants. Enfin, leur dureté finale : elle varie beaucoup d'un fournisseur à l'autre. Cela n'a guère d'importance pour une couronne unitaire qui ne séjournera que quelques jours en bouche. Mais pour un long bridge destiné à servir plusieurs semaines avant la pose de la prothèse définitive, mieux vaut choisir un matériau très solide.

Un potentiel unique

Malgré leur prise rapide - en 1 à 2 minutes - et leur réaction faiblement exothermique qui autorise le travail sur dents pulpées, ces matériaux rebutent certains praticiens car ils ne peuvent être modelés en bouche comme la résine autopolymérisable. De plus, ils ne peuvent être rebasés en cas de manque ou de bulles au niveau des limites cervicales.

Eh bien, qu'on se le dise ! avec le Rest Automix Prima, ces inconvénients ne sont plus qu'un lointain souvenir.

Ce composite bis-acryl, en cartouche à 2 compartiments symétriques, offre des possibilités inégalées à ce jour. On l'utilise classiquement en automoulage dans une empreinte en alginate ou silicone, mais il peut aussi être déposé, grâce à un embout intrabuccal, directement sur les préparations. Certes, l'extrusion s'avère un peu plus laborieuse qu'avec ses homologues, car il est un peu moins fluide. Mais il ne s'étale pas, ni ne coule, comme les autres dès les premières secondes. Avec un peu de doigté, on arrive à réaliser des couronnes provisoires en quelques minutes, sans aucun artifice. Une méthode rapide et très économique, qui dispense d'employer un moule ou une préforme nécessitant systématiquement des ajustements préalables. Le rebasage, en cas de manque, est tout à fait possible dans la séance. On peut même faire des rajouts au bout de quelques jours, à condition de fraiser la surface à retoucher et d'y appliquer un peu d'adhésif pour composite.

Une fois sa prise achevée, le Rest Automix Prima devient très dur. Il doit être travaillé avec des fraises diamantées à gros grain, une fraise tungstène de laboratoire surtaillée ou des disques abrasifs. Comme ses homologues, il présente un film gras un peu désagréable au toucher, qui s'élimine à l'alcool ou au savon. L'usinage de ces matériaux provoque beaucoup de poussière. Le travail dans une enceinte de fraisage est chaudement recommandé. La société Elsodent, établie en région parisienne, s'est récemment dotée d'un laboratoire de recherche. Le produit a fait l'objet d'études colorimétriques poussées. Ses teintes, A2 et A3, sont aujourd'hui très proches de celles du teintier Vita de référence.

Elsodent