Effets de l’humidité sur les adhésifs M&R 2

Contexte

Les systèmes adhésifs en deux temps avec mordançage (M&R 2) et rinçage, largement répandus, requièrent l’élimination de la boue dentinaire et une déminéralisation de surface de la dentine sous-jacente par l’utilisation d’un conditionneur acide. La dentine déminéralisée doit ensuite être maintenue humide pour conserver la porosité interfibrillaire et permettre une infiltration suffisante du monomère. L’habilité du praticien, l’interprétation des recommandations du fabricant, le temps de séchage, la distance dent-la seringue à air et la température environnante sont des facteurs affectant l’humidité adéquate du site. Une technique plus simple serait l’adhésion à une dentine déminéralisée asséchée mais la force de l’adhésion est alors réputée altérée. Cependant, des chercheurs rapportent que la technique d’assèchement de la dentine est techniquement faisable tout en permettant une force d’adhésion élevée si les adhésifs sont frottés vigoureusement sur la surface dentinaire. Une étude randomisée contrôlée a été réalisée pour évaluer les performances cliniques à 24 mois de composites au niveau de lésions cervicales non carieuses après utilisation d’un adhésif avec M&R 2 appliqué avec un frottement vigoureux sur des surfaces dentinaires sèches ou réhumidifiées.

Méthode

Cent soixante restaurations ont été réalisées sur 40 patients. Les évaluations ont été faites immédiatement après la réalisation de la restauration puis à 6, 12 et 24 mois. Les adhésifs One-Step (OS) Universal Dental Adhesive System (Bisco Inc.) et Adper Single Bond (SB) Plus Adhesive (3M ESPE) ont été utilisés sur une dentine réhumidifiée ou sèche. Le même composite a été utilisé pour réaliser les restaurations. Les évaluations ont pris en compte la mesure de la rétention, l’adaptation marginale, la décoloration marginale, les caries secondaires et les sensibilités postopératoires.

Résultats

Au bout de 6 mois, il n’y avait pas de perte de rétention. Cependant, au bout de 12 mois, 3 restaurations ont été perdues et, au bout de 24 mois, 7 restaurations se sont soldées par un échec. Le taux de rétention pour SB était de 95 % sur dentine réhumidifiée et de 97,5 % sur dentine sèche. Le taux de rétention pour OS était de 97,5 % sur dentine réhumidifiée et de 91,9 % sur dentine sèche. Les taux de rétention à chaque période de contrôle n’ont montré aucune différence significative entre les groupes.

L’adaptation marginale était excellente au bout de 6 mois, mais 7 restaurations ont perdu leur adaptation au bout de 12 mois et 7 au bout de 24 mois. Les groupes ne différaient pas significativement.

Une décoloration marginale était présente sur 4 restaurations au bout de 6 mois, sur 12 restaurations au bout de 12 mois et sur 29 restaurations au bout de 24 mois. Les groupes dentine réhumidifiée et dentine sèche n’ont montré aucune différence significative. SB et OS différaient significativement indépendamment de l’humidité de la dentine, les restaurations avec OS présentant une plus grande décoloration marginale, d’abord au bord amélaire, que les restaurations avec SB.

Aucune des restaurations n’a été altérée par une carie secondaire. Trois ont montré une sensibilité postopératoire immédiate, au bout de 6 mois et de 12 mois. Cinq ont été accompagnées d’une sensibilité postopératoire au bout de 24 mois.

Discussion

L’humidité de la dentine n’est pas un facteur significatif influençant la rétention des adhésifs M&R 2 quand ils sont vigoureusement frottés sur la surface dentinaire. Le système adhésif à base d’acétone a présenté une meilleure performance que l’adhésif à base d’éthanol/eau.