Clinic n° 04 du 01/04/2009

 

FINANCES

GÉRER

PATRIMOINE

Robert GROSSELIN  

contact@grosselin-ega.fr

Encore sous le choc des 40 % perdus par le CAC 40, les épargnants négligent de faire évoluer leurs placements les plus simples, réputés sécuritaires, allant du Livret A aux fonds en euros de l'assurance vie. Il y a pourtant du ménage à faire.

En matière de rendement, on se réfère au Livret A (et au LDD), formule à taux de rendement fixé par l'État et à l'encours plafonné par citoyen. Pour le Livret A, on est passé de 4 à 2,5 % et bientôt à 1,75 %. Ce taux est conforme à la nature du produit qu'est le Livret A, celle d'une épargne dite de précaution qui, dans les bonnes années, assure le maintien du pouvoir d'achat. Elle couvre l'inflation.

La baisse des taux de la BCE de 4,5 % en octobre 2008 à 2 % en janvier 2009 met simultanément fin à l'état de grâce dont jouissait le compte à terme, le certificat de dépôt et autres livrets de toutes les couleurs. Le rendement net d'impôt et de contributions d'un compte à terme n'excède actuellement pas 1,57 % !

Seuls les fonds en euros, dans le cadre de l'assurance vie, émergent de façon significative, avec 4 % de rendement moyen en 2008 et une prévision à 3,8 %. Ils ne sont pas perçus, à tort, comme le meilleur placement, y compris d'attente. Logés dans le cadre de l'assurance vie, ils bénéficient d'une capitalisation non imposable et sont même totalement exonérés des contributions sociales lorsque le contrat se dénoue par décès. En revanche, celles-ci sont dues lors des retraits opérés par l'épargnant au cours de sa vie et pour autant que le contrat soit en solde positif par rapport aux versements qui y ont été effectués.

Pour cette forme de placement, idéale dans la période que nous traversons, il nous paraît bienvenu de rappeler que la règle de la diversification doit aussi s'appliquer à elle.

Tous les fonds en euros ne sont pas identiques et tous n'évolueront pas de la même manière. Et c'est précisément cette réalité qui milite pour faire évoluer ses choix initiaux. Les fonds en euros ont en commun deux caractéristiques qui leur confèrent une qualité fondamentale : ils ont un rendement annuel minimal garanti par la loi et l'acquis annuel se cliquette, ce qui signifie qu'il est définitivement intégré dans l'encours. Au-delà, chacun a sa spécificité.

En termes de politique de gestion, mais dans des limites encadrées, les gérants peuvent intégrer des actions qu'ils vont acquérir ou vendre avec plus ou moins d'opportunité, des obligations convertibles, une poche monétaire et, pour l'essentiel, des obligations. Il est d'usage de considérer que l'assureur conservera ces dernières jusqu'à leur dénouement, en recevant le remboursement au nominal à l'échéance prévue, ce qui a pour effet de ne pas prendre en compte, sur les relevés de compte annuels, les fluctuations de cotation de ces emprunts obligataires. La politique de gestion et la capacité à servir un rendement annuel sont fortement marquées par leur antériorité et leur succès commercial. Le portefeuille est ainsi directement impacté par les taux de marché au moment où les gérants doivent placer les capitaux collectés.

Leur positionnement commercial n'est pas que la préoccupation de la compagnie. C'est aussi celle de l'épargnant. Des performances de qualité, sur lesquelles la communication commerciale rebondit, peuvent, en fonction de la période, affaiblir ou contribuer à valoriser le portefeuille. Dans le cas où le fonds est un jour fermé à la souscription, on peut craindre que, n'ayant plus d'enjeu de collecte, l'établissement ne s'évertue pas à servir un rendement compétitif. Car le rendement annuel est librement déterminé par chaque compagnie. Cette fin d'année 2008 l'a parfaitement mis en évidence. Certains assureurs sur la vie ont annoncé le rendement dès l'automne 2008, d'autres début février 2009. Des messages positifs pour certains qui, n'hésitant pas à prendre sur leurs réserves, voulaient redorer un score écorné à la fin 2007 ou une stratégie de raison pour d'autres, considérant qu'il était bienvenu de conserver des réserves qui pourraient s'avérer utiles à la fin de l'année 2009. Une mutuelle bien connue des professionnels de santé a dû ponctionner 33 % de ses réserves pour servir une performance de qualité. Il ne lui reste plus que 2 % de réserves sous le coude.

Du fait qu'il n'est pas possible de transférer un contrat d'assurance vie dans une autre compagnie, et compte tenu des avantages liés à l'antériorité acquise d'un contrat, on comprend qu'il faut détenir plusieurs contrats et, en cas d'ouverture d'un nouveau contrat, privilégier celui qui offrira sur sa plateforme plusieurs fonds en euros. Les arbitrages au sein du contrat seront eux, dans cette configuration, parfaitement possibles. RG

Mon conseil

Matthieu GROSSELIN, gestion de patrimoine, cabinet EGA

• Le fonds en euros constituant la sécurité de base des placements financiers consacrés tant à l'après-carrière qu'à la transmission aux siens, il faut dorénavant privilégier les contrats d'assurance vie qui offrent, sur leur plateforme, plusieurs fonds en euros pour pouvoir, au fil des ans, procéder à des arbitrages s'il y a lieu.

• Il ne faut pas hésiter à retirer des capitaux sur des contrats monosupports en euros préexistants pour mieux répartir, en étant toutefois réservé lorsque ces contrats ont été fortement alimentés avant octobre 1998, du fait des avantages inhérents qui leur sont propres.

• Le PEP - bancaire ou assurance - étant transférable, il peut être opportun de le déplacer vers une compagnie offrant une meilleure possibilité de gestion. Le PEP se dénoue en totale franchise d'imposition, quel que soit le montant du retrait annuel, et constitue un excellent moyen de se servir un complément de retraite non imposable.

• Les fonds en euros de création récente ne seront pas à tout coup les plus rentables mais certains peuvent offrir de meilleures perspectives que leurs aînés, en fonction de la période où ils investissent. Ainsi, les obligations d'État souscrites au printemps 2008 serviront 4,7% de rendement annuel, celles de fin décembre 3,5 %. On comprend les différences de rentabilité des fonds. Les frais d'entrée, déterminants à ce niveau de rendement, sont négociables auprès de tous les conseillers.

Mon assistante me dit que je dois lui rembourser une partie de ses frais de trajet professionnel...

Un décret du 30 décembre 2008 dispose en effet que l'employeur doit dorénavant rembourser la moitié du coût des abonnements de transports publics ou de location de vélos exposés par les salariés pour se rendre de leur domicile à leur lieu de travail. Il n'est fait aucune obligation de prise en charge lorsque le salarié se déplace avec son véhicule, mais l'Administration admet que soit prise en charge une fraction des frais d'essence.

J'exerce en SCM avec un collaborateur. On me parle de TVA...

Le chirurgien-dentiste n'est pas soumis à la TVA sur son activité médicale mais peut l'être sur des redevances qu'il perçoit de tiers collaborateurs ou bénéficiaires des services d'une SCM, s'ils ne sont pas associés. Les redevances de collaborateurs, reçues par le titulaire, sont exonérées de TVA si elles n'excèdent pas, dans l'année, 32 000 ¤ (contre 27 000¤ jusqu'en 2008).

Je suis en fin de carrière, avec un BNC modeste, et je voudrais, comme par le passé, cotiser fortement à la retraite Madelin...

Depuis la loi Fillon de 2003, le maximum déductible s'apprécie proportionnellement au bénéfice de chacun. Toutefois, une dérogation permet à ceux qui ont cotisé dans ce régime Madelin avant 2003 de continuer à déduire avec une limite établie par référence non pas à leur BNC mais au plafond de la Sécurité sociale. La déduction n'est intéressante, rappelons-le, que si elle s'opère dans une tranche d'imposition à 30 ou 40 %.