TRIBUNE
Quel chirurgien-dentiste n'a pas été confronté, en achevant la présentation d'un traitement, à la remarque de son patient : « C'est trop cher » ou « Pouvez-vous échelonner les paiements ? »... Voici la ligne de conduite que se sont fixée deux confrères.
Je distingue les patients habituels et le type de soins. Dans le cas des soins, j'attends 15 jours pour toucher le chèque d'un patient qui a des difficultés. Ce délai lui laisse suffisamment de temps pour recevoir le remboursement de sa caisse d'Assurance maladie. Pour les prothèses, je fournis toujours un devis à partir duquel le patient se renseigne auprès de sa mutuelle pour connaître le montant du remboursement accordé. Ensuite je peux, à sa demande, différer le paiement de l'acte prothétique sur une durée plus ou moins importante. C'est ma façon de procéder avec les patients que je connais. Et je l'utilise très fréquemment, pour quasiment un traitement prothétique sur deux. Mis à part un chèque en bois au maximum une fois par an, je n'ai jamais eu de problèmes. En revanche, j'adresse ailleurs les nouveaux patients que je ne connais pas et qui demandent un arrangement dès le premier rendez-vous. J'estime que là n'est pas le rôle d'un cabinet libéral privé.
Mon cabinet se trouve dans une zone où les patients ont un certain potentiel financier et, ce qui va généralement de pair, une bonne mutuelle. Toutefois, la question se pose régulièrement et se posera sans doute de plus en plus... Quand les patients ont des difficultés pour financer des travaux de prothèse, je temporise avec les soins pour essayer de maintenir la fonction. Nous avons maintenant de bons matériaux, même s'ils n'ont pas l'effet esthétique souhaité. Mais lorsque la prothèse est vraiment incontournable, je propose de différer le règlement jusqu'à ce que le patient reçoive la partie remboursable et de verser le montant en plusieurs étapes. Certains patients font aussi des emprunts. Mais ce n'est plus de mon ressort. Mis à part cette souplesse dans les règlements, je ne peux pas diminuer le montant de mes honoraires qui sont déjà modérés. En tant que praticien agréé par des mutuelles, j'aligne mes honoraires sur les montants imposés. Pour réaliser certains travaux hors nomenclature comme les implants, je conseille aux patients qui ont des difficultés financières de prendre rendez-vous à l'hôpital.
La politique de prévention actuelle à l'égard des jeunes devrait permettre d'améliorer la situation dans les années à venir. Nous avons la chance, en France, de pouvoir faire les soins de base. Les patients qui entrent vraiment dans cette prévention devraient avoir moins de travaux lourds à réaliser dans les années à venir. D'ailleurs, je suis favorable à l'application en France de mesures prises dans d'autres pays pour imposer une ou deux visites annuelles chez le chirurgien-dentiste. Si ces rendez-vous ne sont pas pris, le patient n'est plus remboursé. Mais c'est vrai que toute une génération n'a pas eu cette chance !