Clinic
n°02
02/2019
Quand la plaque dentaire éclaire l'histoire
Les dépôts de tartre sur les dents d'une religieuse ayant vécu au XIe siècle dans le Nord de l'Allemagne actuelle ont permis de dévoiler le rôle important des femmes dans la réalisation des manuscrits religieux précieux. En analysant le tartre de cette femme de 45 à 60 ans enterrée dans un cimetière médiéval de Dalheim, une équipe d'archéologues a découvert des pigments bleu outremer très bien conservés et identifiés comme provenant de cristaux de lapis-lazuli. À l'époque, cette pierre aussi précieuse que l'or voyageait par les routes de la soie depuis les montagnes de l'Hindi Kuch en Afghanistan. L'hypothèse la plus vraisemblable est que cette femme aurait été copiste spécialiste de l'enluminure. Pour obtenir la pointe la plus fine possible, elle aurait mis le bout de son pinceau entre ses lèvres.
Cette découverte révèle le rôle des femmes dans cette activité pendant cette période du Moyen Âge alors que jusqu'à présent, on l'attribuait plutôt aux hommes. Il faut dire que, par humilité, les artistes de l'époque ne signaient pas les enluminures.
ACD
1 Radini A, Tromp M, Beach A, Tong E, Speller C, McCormick M, Dudgeo JV. Medieval women's early involvement in manuscript production suggested by lapis lazuli identification in dental calculus. Science Advances 2019 ; 5(1) eaau7126. DOI : 10.1126/sciadv.aau7126