« La 6e année d’études pourrait inclure un stage de 6 mois chez des praticiens libéraux près du lieu d’études »
 
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16/02/2023

« La 6e année d’études pourrait inclure un stage de 6 mois chez des praticiens libéraux près du lieu d’études »

Démographie, création du statut d’assistante dentaire niveau 2, encadrement des centres de soins déviants, lutte contre les violences faites aux femmes : Philippe POMMARÈDE, président de l’Ordre national des chirurgiens-dentistes depuis 18 mois, présente à CLINIC les principaux enjeux de l’année 2023.

QU’EN EST-IL DU CHANTIER DE LA DÉMOGRAPHIE DES DENTISTES QUI EST UN ENJEU IMPORTANT DEPUIS VOTRE ÉLECTION ?

Les pouvoirs publics ont enfin pris conscience de l'importance des déserts médicaux.

En 2021, nous avons obtenu, auprès de l’ONDPS, une augmentation du nombre d’étudiants en odontologie de 14 % sur 5 ans.

Cinq nouvelles facultés ont ouvert en 2022 : Rouen, Caen, Tours, Dijon et Besançon. L’ouverture d’Amiens aura lieu en septembre 2023 avec l'aide des enseignants de la faculté de Reims.

C’est bien entendu une solution à moyen terme en attendant que les futurs professionnels soient diplômés. L’objectif est notamment de créer des facultés dans des zones désertées par les étudiants, mais aussi de les fixer dans ces zones où ils n'ont pas l'habitude de s’installer. En dehors des grandes villes universitaires classiques, toutes les régions rurales étaient défavorisées : Normandie, Centre, … Il faut maintenant réussir à fidéliser des jeunes diplômés dans ces régions désertifiées. Ils sont, en effet, 75 % à s’installer près de leur ville universitaire.
Une autre piste focalisée sur la R3C (réforme du 3e cycle) est à l’étude. La 6e année d’études pourrait inclure un stage de 6 mois chez des praticiens libéraux, en plus des 6 mois de stage en clinique ou hôpital. Ces derniers obtiendraient le statut de maître de stage universitaire. Cela pourrait permettre d’augmenter le maillage territorial.

COMMENT SE CONCRÉTISE L'ENGAGEMENT DE L’ORDRE NATIONAL DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ?

La vice-présidente du Conseil national de l’Ordre, Geneviève WAGNER, suit ce sujet de près. Depuis plusieurs années, le Conseil de l'Ordre est très engagé dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Parmi les nombreux outils mis en place : un modèle de certificat médical délivré par le chirurgien-dentiste lorsqu'il constate des blessures qui pourraient éventuellement être liées à des violences. Un signalement peut être fait en prenant, bien sûr, en compte ce que souhaite la patiente. Chaque conseil départemental de l’Ordre a désigné un référent « violences faite à autrui ». Nous avons diffusé un kit de formation élaboré avec la MIPROF (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences). À cela, s’ajoutent les recommandations de la HAS destinées aux professionnels de santé pour permettre de repérer les femmes victimes de violences ainsi qu'un questionnaire élaboré par la MIPROF, afin de dresser un état des lieux des pratiques professionnelles. Enfin, un guide pratique concernant le signalement aux autorités, établi avec la DGOS et la MIPROF, va prochainement être communiqué à la profession.

LE MINISTRE DE LA SANTÉ SOUTIENT LA PROFESSION ET L'ORDRE SUR L’ENCADREMENT DES CENTRES DE SANTÉ ET LA CRÉATION DU STATUT D’ASSISTANTE DENTAIRE NIVEAU 2. QUELLES SONT LES PROCHAINES ÉTAPES ?

Les deux nouveaux ministres, François Braun et Agnès Firmin-Le Bodo, ont en effet été très attentifs au projet de création du statut d'assistance dentaire niveau 2, qui permettra une délégation de tâches choisies et limitées. Bien que préparé de longue date, le détail des tâches sera fixé secondairement par décret. Deux auditions ont déjà eu lieu au Sénat. Il y a, je crois, une unanimité entre le Conseil de l'ONCD, les syndicats, l'ADF et l’Académie pour aboutir à cette création.

Concernant l'encadrement des centres de santé, j'ai été auditionné par le Sénat le 26 janvier 2023 en tant que président du Conseil de l’ONCD. L'ARS et les conseils départementaux de l’Ordre pourront collaborer afin de connaître plus en détails les activités des centres de santé déviants et les praticiens qui y exercent. L'ARS recevra également les contrats des salariés de ces centres par l'intermédiaire de leurs directeurs. Le contrôle sera également renforcé : les centres pourront être déconventionnés pour 5 ans, sur décision de l'ARS.

Nous allons notamment porter plainte et nous constituer partie civile dans la récente affaire du centre de soins dentaires de Trappes soupçonné par l'Assurance maladie d'avoir établi de fausse facturation afin de détourner des fonds. Les patients, la santé publique et les finances de la Sécurité sociale ne doivent pas être lésés. [NDLR : 2 centres viennent d'être déconventionnés ]

Nous avons également demandé que les praticiens interdits d'exercice par les chambres disciplinaires régionales puis nationale ne puissent pas gérer des centres de soins.

ENFIN, QUELLES MESURES SONT ENVISAGÉES QUANT À LA PRISE EN CHARGE BUCCO-DENTAIRE DES ENFANTS ?

De nombreux praticiens généralistes ne prennent pas en charge les enfants et les jeunes jusqu'à l’âge 18 ans. Cela peut s'apparenter à du refus de soins. Selon nous, Doctolib par exemple a favorisé cette situation en laissant aux praticiens la liberté d’inscrire qu’ils n’acceptaient pas les enfants et adolescents. La plateforme, que nous avions pourtant alertée à 2 reprises, a offert effectivement la possibilité aux praticiens de restreindre l'âge des patients acceptés dans leur cabinet. La CNAM et la Défenseure des Droits ont été saisies. De fait, nous sommes très favorables au DES d’odontologie pédiatrique et l’appelons de nos vœux depuis plus de 2 ans. Nous travaillons afin qu’il soit reconnu dans le cadre de la réforme de la R3C en cours.

Propos recueillis par Camille Grange


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