Dentisterie restauratrice
AHU en odontologie restauratriceExercice libéralMembre de Bioteam MarseilleMarseille
Thérapeutique courante de nos pratiques quotidiennes, le composite direct postérieur n'en reste pas moins un acte particulièrement exigeant. Chaque étape de la procédure regorge d'erreurs potentielles qu'il faudra contourner sous peine d'échecs à court ou moyen terme (sensibilité post-opératoire, point de contact défaillant, coloration marginale, inflammation parodontale, récidive carieuse, usure du matériau, fracture de la restauration, fracture de la dent). Méthodologie,...
Thérapeutique courante de nos pratiques quotidiennes, le composite direct postérieur n'en reste pas moins un acte particulièrement exigeant. Chaque étape de la procédure regorge d'erreurs potentielles qu'il faudra contourner sous peine d'échecs à court ou moyen terme (sensibilité post-opératoire, point de contact défaillant, coloration marginale, inflammation parodontale, récidive carieuse, usure du matériau, fracture de la restauration, fracture de la dent). Méthodologie, rigueur de travail et tours de mains cliniques sont les clefs du succès thérapeutique.
Voici une liste (non exhaustive) de 18 conseils pour mener à bien vos composites postérieurs.
1. Connaître et appliquer les protocoles
Même si tous les produits sur le marché n'ont pas les mêmes performances cliniques, c'est la manipulation qui en est faite qui a le plus d'influence sur le résultat final [1].
2. Enregistrer l'anatomie naturelle initiale pour la reproduire :
– technique du « tampon » en occlusal [2] (fig. 1 à 3) ;
– technique de l'anneau personnalisé en proximal [3] (fig. 4) ;
– technique de la paroi personnalisée (clef en silicone d'une paroi à recouvrir) [4] (fig. 5).
3. Poser la digue même quand cela est délicat
La digue est une alliée incontournable (isolation, calme, sérénité, confort visuel...) mais elle ne peut « entrer » dans une concavité ; du téflon compacté y assure alors l'étanchéité. En cas de lésions profondes, si les papilles empêchent d'apicaliser la digue (effet faîtière), une papillectomie ou une élongation coronaire doit être réalisée (fig. 6).
4. Primum non nocere
Une matrice métallique bloquée par un coin protège les dents adjacentes des « coups de fraises » iatrogènes qui augmentent la prévalence des lésions carieuses [5] (fig. 7).
5. Préserver la vitalité pulpaire grâce au curetage sélectif
Recommandé en proximité pulpaire pour en éviter l'effraction et les thérapeutiques associées, le curetage sélectif s'autorise à conserver de la dentine affectée en regard de la pulpe si des marges dentinaires périphériques parfaitement curetées assurent une étanchéité optimale [6] (fig. 8 et 9).
6. Finir avec soin la cavité
Après contrôle du débridement par un révélateur de carie, les structures dyschromiées [7] et celles à risque de fracture sont éliminées (émail non soutenu, parois fines ou fêlées). Enfin, les limites cavitaires sont placées en dehors de la zone de contact (pour un accès au polissage et au brossage) puis polies (pour une bonne adaptation du composite et pour éviter l'arrachement des prismes d'émail) (fig. 10 et 11).
7. Choisir sa matrice selon la hauteur et la distance inter-dentaires
Son sommet doit correspondre à celui de la crête adjacente (fig. 12) et son galbe doit être adéquat pour éviter sa déformation (si trop marqué) ou un contact trop coronaire (si insuffisant).
8. Enrober le coin de téflon et l'insérer par l'embrasure la plus ouverte pour une adaptation plus précise et une isolation efficace (si la digue est draguée par le coin) (fig. 13).
9. Faire une priorité de l'ajustage cervical de la matrice (retouches difficiles) et l'améliorer en poussant du téflon entre la matrice et le coin.
10. Veiller à ce que l'action du coin soit apicale à la limite cervicale et ne déforme pas la matrice (retouche possible à la fraise).
11. Photopolymériser !
Plusieurs facteurs influencent la polymérisation (puissance, distance, orientation, épaisseur du composite) [8]. Les recommandations des fabricants calculées en situation idéale in vitro seront largement augmentées in vivo (fig. 14).
12. Appliquer un « liner » (composite fluide) en fond de cavité et à la jonction dent matrice pour une adaptation optimale (fig. 15).
13. Éviter les manques et vides en déposant un peu de composite fluide (non polymérisé) avant chaque apport. Il jouera le rôle de « ciment » pour colmater les manques.
14. Modeler et lisser chaque apport avec un seul instrument : un pinceau fin rond et coudé (fig. 16).
15. Utiliser un liquide de modelage pour améliorer l'état de surface et la coaptation des différents apports entre eux et pour ne pas coller aux instruments [9].
16. Reproduire une anatomie primaire guidée par les « lignes occlusales essentielles » [10].
17. Retirer les inévitables excès d'adhésif (curette), soigner la finition des marges (fraises multi-lames, disques, strips) et le polissage final (fig. 17).
18. Évaluer son travail avec une radio post-opératoire (fig. 18).
L'auteur déclare n'avoir aucun lien d'intérêts concernant cet article.