Comparaison de l’utilisation du PRF dans le traitement des récessions gingivales de classe I ou II de Miller par rapport aux techniques conventionnelles - Clinic n° 07 du 01/07/2022
 

Clinic n° 07 du 01/07/2022

 

Revue de presse

Internationale

Bichoy MATTA  

La fibrine riche en plaquettes (PRF) a été développée en tant que concentré plaquettaire de deuxième génération. Après centrifugation, une membrane dense en fibrine est produite. Les plaquettes et les leucocytes de l’hôte sont piégés, ce qui favorise la libération lente et progressive des facteurs de croissance. Nombre de revues systématiques ont documenté de manière approfondie l’utilisation du PRF en dentisterie régénérative : il a été montré qu’il favorise...


La fibrine riche en plaquettes (PRF) a été développée en tant que concentré plaquettaire de deuxième génération. Après centrifugation, une membrane dense en fibrine est produite. Les plaquettes et les leucocytes de l’hôte sont piégés, ce qui favorise la libération lente et progressive des facteurs de croissance. Nombre de revues systématiques ont documenté de manière approfondie l’utilisation du PRF en dentisterie régénérative : il a été montré qu’il favorise particulièrement la cicatrisation des tissus mous par rapport à la cicatrisation des tissus durs. Traditionnellement, des greffes de tissu conjonctif (GC) en combinaison avec différentes conceptions de lambeaux ont été utilisées dans le traitement des récessions gingivales. Néanmoins, des options thérapeutiques alternatives, comprenant divers biomatériaux et/ou agents bioactifs, ont été proposées au fil des années dans le but d’améliorer les résultats cliniques.

Le but de cette revue systématique et méta-analyse est d’évaluer l’efficacité de l’utilisation du PRF dans le traitement des récessions gingivales de classe I ou II de Miller en termes de recouvrement radiculaire en comparaison avec d’autres options de traitement.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Des recherches ont été effectuées dans PubMed/Medline, Cochrane, Web of Science et Embase pour des articles publiés jusqu’en septembre 2019 sans restriction de dates ni de langue, ceci étant couplé à une recherche manuelle sur des revues comme le Journal of Periodontology. Le critère de jugement principal était la variation du pourcentage de couverture radiculaire.

Cette revue systématique a inclus des méta-analyses, des essais contrôlés randomisés et des essais contrôlés prospectifs avec des périodes de suivi de 6 mois et plus comparant les performances du lambeau tracté coronairement (LTC) associé à un PRF avec le LTC seul ou en association avec d’autres biomatériaux (LTC/biomatériau) chez des patients ayant des récessions gingivales de classe I ou II de Miller (ou Cairo RT I). Les critères d’exclusion comprenaient des études animales, des études de cohorte rétrospectives, des études in vitro, des séries de cas, des rapports de cas et des revues.

Le processus de recherche et de sélection des études a été mené par deux auteurs. Tout d’abord, les titres et les résumés ont été soigneusement évalués, suivis d’une évaluation approfondie des articles potentiels selon les critères d’éligibilité de cette étude.

Dix-sept études publiées entre 2009 et 2019 ont été incluses dans cette revue systématique : 11 essais contrôlés randomisés avec un design en bras parallèle et 6 avec un design en split-mouth ont été inclus. Au total, 831 récessions gingivales de classe I ou II de Miller ont été traitées.

RÉSULTATS

L’étude compare plusieurs paramètres de chirurgie.

• LTC seul versus LTC/PRF : au total, 9 études ont comparé ces deux techniques. Plus précisément, ce sont les méta-analyses qui montrent que l’ajout de PRF au LTC améliorerait de manière statistiquement significative le ratio de recouvrement radiculaire et du niveau d’attache. Les techniques de centrifugation ne sont pas détaillées, ce qui peut expliquer l’absence d’amélioration du ratio de recouvrement radiculaire dans certaines études.

• LTC/GC enfoui versus LTC /PRF : les résultats de la méta-analyse ont révélé qu’un avantage statistiquement significatif a été observé dans le groupe LTC/GC enfoui pour le ratio de recouvrement radiculaire par rapport au groupe LTC/PRF.

• LTC/GC enfoui versus LTC/GC/PRF : une seule étude a examiné l’utilisation du PRF en combinaison avec la GC et montre une augmentation statistiquement significative du ratio de recouvrement radiculaire.

DISCUSSION

De manière globale, il est intéressant de noter que, d’après les résultats de la méta-analyse, l’utilisation du PRF en complément du LTC améliore significativement les résultats par rapport au LTC seul. Lorsque le LTC associé au PRF a été comparé au LTC associé à une greffe de conjonctif (GC), il y avait un ratio de recouvrement radiculaire statistiquement plus important en faveur du LTC associé à une GC.

De ce fait, le LTC associé au GC et au PRF semble être le plus prometteur en termes de recouvrement radiculaire et de gain d’attache mais les études ne sont pas assez nombreuses pour conclure sur ce point. En revanche, il n’y a pas de différence particulière concernant la kératinisation des tissus.

PERTINENCE CLINIQUE

En général, l’utilisation du PRF en combinaison avec les procédures LTC a conduit à des améliorations statistiquement significatives en termes de recouvrement radiculaire.

Un autre sujet d’intérêt très pertinent ces dernières années a été l’impact du dispositif de centrifugation et du protocole utilisé pour obtenir les membranes de PRF. Il semblerait que des protocoles différents fournissent des résultats différents en termes de recouvrement radiculaire. D’autres études doivent être menées dans ce sens.

La Revue de presse est coordonnée par

Philippe FRANÇOIS

MCU-PH en Biomatériaux, UFR d’Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Bretonneau.

Ont collaboré à cette revue de presse :

Marianne LAGARDE

AHU en Odontologie pédiatrique, UFR d’Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Bretonneau.

Bichoy MATTA

AHU en Parodontologie, UFR d’Odontologie-Montrouge, Université de Paris, Service de Médecine bucco-dentaire, AP-HP, Hôpital Louis-Mourier.