Parodontie muco-gingivale
Ancien assistant hospitalo-universitaireParis VIIExercice libéralParis 16e
Les traitements orthodontiques, qu'ils soient menés sur des adolescents ou des adultes, ont un faible taux de complications. Parmi celles-ci, on peut citer les complications muco-gingivales qui peuvent se manifester pendant le traitement, dans les quelques mois ou les quelques années qui suivent la fin du traitement. La prévalence des récessions gingivales après traitement orthodontique rapportée dans la littérature est faible [
Les traitements orthodontiques, qu'ils soient menés sur des adolescents ou des adultes, ont un faible taux de complications. Parmi celles-ci, on peut citer les complications muco-gingivales qui peuvent se manifester pendant le traitement, dans les quelques mois ou les quelques années qui suivent la fin du traitement. La prévalence des récessions gingivales après traitement orthodontique rapportée dans la littérature est faible [1]. Et les incisives mandibulaires semblent être particulièrement susceptibles de développer cette complication [2].
Les raisons pour lesquelles les incisives mandibulaires paraissent davantage soumises au risque de récession pendant ou après un traitement orthodontique semblent être principalement anatomiques. Elles peuvent être liées à la finesse notable de la table osseuse vestibulaire, notamment en présence de biotypes parodontaux fins. L'inclinaison de la dent serait également impliquée dans le phénomène, les objectifs de position de l'incisive centrale mandibulaire standardisée à une certaine angulation ne correspondant pas forcement à toutes les anatomies symphysaires. Le déplacement dentaire en direction vestibulaire a le potentiel de faire sortir la racine de l'enveloppe osseuse lorsque celle-ci est étroite, ce qui peut faire survenir une déhiscence osseuse [3]. La récession gingivale survient alors avec le temps en présence de cofacteurs comme le brossage traumatique ou l'inflammation gingivale [4]. Cliniquement, on constate que les incisives centrales mandibulaires sont plus fréquemment touchées que les incisives latérales.
Face à une récession gingivale unitaire sur une incisive mandibulaire chez un sujet ayant eu un traitement orthodontique (quelques mois à quelques années auparavant), il convient d'emblée de recherche la présence éventuelle d'un syndrome du fil [5] (fig. 1). Il s'agit d'un phénomène particulier de rotation progressive d'une ou de plusieurs dents autour de la contention post-orthodontique dans laquelle elles sont engagées. Cliniquement, la différence de torque de la ou des dents s'étant déplacées est manifeste. Cela impose la dépose de la contention, la reprise possible d'un traitement orthodontique et, souvent, une correction parodontale des récessions gingivales conséquentes à ce syndrome après retour à un alignement correct.
En l'absence de ce syndrome, l'incisive centrale porteuse d'une récession gingivale est dans sa situation de fin de traitement. En général, sa controlatérale a un début de récession ou des tissus gingivaux particulièrement fins. Bien que sa racine soit légèrement en dehors du couloir osseux, il est souvent peu envisageable ou impossible de reprendre le traitement orthodontique pour « rentrer » la racine. Il est donc indiqué d'intervenir chirurgicalement pour réparer le parodonte superficiel qui a disparu.
La forme clinique de ce type de récession peut être de classe I de Miller ou de classe II avec une disparition quasi-totale de la gencive. En fonction de l'analyse de chaque cas, des techniques chirurgicales différentes peuvent être proposées. La greffe épithélio-conjonctive est performante pour recréer la gencive qui a disparu mais le recouvrement radiculaire est très peu prévisible en présence de dénudations importantes [6]. Nous ne recourons pas à des greffes étendues aux 4 incisives car, souvent, les incisives latérales ne nécessitent pas de traitement et parce que la morbidité est augmentée lors d'un prélèvement tissulaire de grande surface. Le lambeau translaté est une bonne option mais son indication est souvent limitée par la présence d'une gencive fine et de faible hauteur sur l'incisive latérale voisine. La technique décrite par Bernimoulin et al. [7] reste souvent l'alternative de choix mais elle impose deux interventions chirurgicales. La technique chirurgicale proposée dans cet article concerne les situations de récessions gingivales de classe I ou II de Miller, avec un environnement muqueux apical qui est sain et manipulable chirurgicalement (fig. 2 à 13). Elle est l'application de la technique bilaminaire décrite par de Sanctis et Zucchelli [8] à cette situation clinique particulière. Lorsque le tissu apical est très inflammatoire malgré la préparation initiale par détartrage, il est nécessaire de recourir à une greffe épithélio-conjonctive qui sera déplacée en direction coronaire dans un second temps.
L'auteur déclare n'avoir aucun lien d'intérêts concernant cet article.