L’usage des ressources numériques dans l’enseignement s’est considérablement développé et les facultés de chirurgie dentaire ne sont pas en reste, comme le prouvent de nombreuses initiatives.
En novembre dernier s’est tenu à l’université Victor-Segalen de Bordeaux, le 11e congrès international « Internet et pédagogie des sciences de la santé et du sport [1] ». La session consacrée à l’odontologie a été l’occasion de découvrir les productions d’équipes résolument engagées dans l’innovation pédagogique. Si les premières expériences utilisant les technologies de l’information et de la télécommunication sont apparues il y a une dizaine d’années, l’appropriation de ces outils par les enseignants a été un processus plus lent. Les résistances observées face au risque de pillage des contenus ont peu à peu cédé la place à la reconnaissance des bénéfices liés à la mutualisation des ressources. À côté de cela, la qualité exigée par la mise en ligne a également été mieux mesurée et les institutions se sont mobilisées pour y consacrer les moyens nécessaires.
La Conférence des doyens des facultés de chirurgie dentaire a été un artisan majeur de cette évolution. Son secrétaire général, Jean Valcarcel, a exposé pour Clinic ce qu’ont été les progrès de ces dernières années. La principale avancée a consisté en la mise en place, par les ministères du Budget et de l’Enseignement supérieur, d’un groupement d’intérêt public rebaptisé en 2009 « Université numérique francophone des sciences de la santé et du sport (UNF3S) [2] ». L’Université numérique des sciences odontologiques francophones (UNSOF) en fait partie et vise à être le portail national de référence en matière de partage des ressources pédagogiques numériques de l’odontologie [3]. Elle assure la promotion et la valorisation des projets répondant aux appels d’offres émis. Ces dernières années, il a été décidé de favoriser les petites structures comme les collèges de disciplines. Cette politique a porté ses fruits car si au début un seul projet a vu le jour, ils n’ont cessé de se multiplier avec six projets en 2010 et près d’une dizaine en préparation.
De nombreuses facultés se sont impliquées, à l’image de Nantes avec le « Campus numérique d’odontologie » consacré à l’enseignement des biomatériaux dentaires [4], ou encore Paris-Diderot avec un document pédagogique, intitulé Anatomie oro-faciale, destiné aux étudiants préparant le concours de première année des études de santé. Avec « Dental life », une application fondée sur la plateforme multijoueurs « Second life », Strasbourg a exploré une voie originale en faisant appel au concept de « jeux sérieux » pour former les chirurgiens-dentistes aux urgences médicales [5].
Les notions de partage et d’échange sont au centre du projet de l’UNSOF. Il prend toute sa dimension dans le cadre de la francophonie et personne n’aurait pu imaginer que ce réseau reliant étudiants et enseignants s’arrête aux frontières de l’Hexagone. Pour la même raison, il conviendrait de l’étendre à l’ensemble des praticiens puisque, si le développement professionnel continu devient de plus en plus clairement une mission de l’université, pourquoi ne bénéficieraient-ils pas de ces innovations pédagogiques ?