Vous venez de publier un ouvrage sur la photographie en odontologie : en quoi cette pratique peut-elle s’avérer une aide précieuse pour l’exercice de vos confrères ?
Confucius qui a vécu environ 500 ans avant Jésus Christ disait déjà « une image vaut mille mots ». Et à cette époque il était loin de disposer des outils informatiques modernes qui ont rendu l’image reine…
Au cours des dix dernières années, la médecine bucco-dentaire a connu une véritable révolution et s’oriente dorénavant vers des traitements de moins en moins invasifs, mais de plus en plus esthétiques. Dans ce cadre l’image devient de ce fait une nécessité.
C’est en grande partie ce qui justifie l’importance de la photographie extra et intra orale dans notre exercice quotidien.
Dès la première consultation, quelques images figeant la situation initiale vont permettre au praticien de faire comprendre au patient avec beaucoup de facilité et de pédagogie quelles sont les pathologies dont il souffre. Partant de ce constat initial, le praticien ne disposera plus d’une « impression fugace » ressentie lors de la première consultation, mais de documents objectifs qu’il pourra ré-analyser à distance, à tête reposée et qui lui permettront dans un second temps de proposer à son patient la thérapeutique la plus adaptée à son cas.
Riche d’une importante banque d’images, ce même praticien sera à même, lors d’une séance de présentation du plan de traitement et du devis de monter à son patient des cas semblables à celui envisagé et qu’il a antérieurement résolus. Ceci est toujours ressenti de manière très positive. Le patient « éclairé » a en effet tendance à adhérer davantage aux propositions ainsi faites et le praticien pourra ainsi augmenter de manière très significative le nombre d’acceptation de traitements.
Enfin lors de la phase finale de traitement, il est toujours intéressant de revenir avec le patient sur le chemin parcouru en comparant la situation avant et après traitement, la situation antérieure trop souvent tendance à être oubliée par le patient.
Dans des situations conflictuelles d’ordre médico-légal, que chacun souhaite les plus éloignées possibles de l’exercice quotidien mais qui malheureusement tendent à se multiplier, les photographies viennent étayer l’argumentation thérapeutique et confortent la défense du praticien, diminuant son stress.
Quelles sont les bases principales à maîtriser pour le praticien qui s’initie à la photographie ?
Afin de pouvoir réaliser des photos de qualité (familiales, artistiques ou dentaires) il est nécessaire de maîtriser un certaines notions théoriques simples permettant de comprendre le fonctionnement d’un appareil photo et donc de le régler correctement.
La notion fondamentale en photographie est l’exposition. C’est la quantité de lumière qui atteint la surface photosensible de l’appareil. Une photographie est bien exposée si le capteur numérique ou la pellicule argentique ont reçu la bonne quantité de lumière pour reproduire fidèlement l’objet photographié. Mais si les paramètres sont mal maîtrisés, la photographie sera soit sur exposée (excès de lumière) soit sous exposée (lumière insuffisante)
Pour maîtriser cette exposition, nous pouvons agir sur trois facteurs : l’ouverture de diaphragme, la vitesse d’obturation et la sensibilité. Chacun de ces facteurs doit être paramétré pour obtenir une photo correcte.
Le diaphragme est un trou circulaire situé à l’arrière de l’objectif dont le diamètre est modifiable, permettant ainsi le dosage de la quantité de lumière parvenant sur le capteur. C’est par exemple le symbole f/16. Plus le chiffre situé après f/ est élevé plus le diaphragme est fermé.
La vitesse d’obturation est le temps pendant lequel la lumière pénètre dans l’appareil photo. Elle s’exprime en dixième ou centième de secondes. (Ex : 1/100s)
La sensibilité est le niveau d’amplification du signal en photographie numérique. Elle s’exprime en ISO (Ex : ISO = 200).
Les photos dentaires intra-orales sont des images techniques qui nécessitent des réglages spécifiques et la connaissance des paramètres précédemment décrit est indispensable. Il convient d’ajouter que compte tenu du faible niveau de lumière à l’intérieur de la cavité buccale, l’utilisation d’un flash spécifique est indispensable pour réaliser des images de qualité.
La connaissance de ces bases de fonctionnement va permettre au praticien de mieux comprendre les contraintes liées aux clichés dentaires. Il lui sera ensuite aisé d’adapter les réglages de l’appareil (au prix de quelques essais simples mais rapides), grandement facilités par l’utilisation du « numérique ». Il pourra alors réaliser très facilement et avec succès de bonnes photos dentaires.
Vous consacrez un chapitre à l’utilisation des smartphones : il est donc possible d’utiliser un téléphone au cabinet dentaire ? quels sont les avantages et les contraintes de ces appareils ?
Les smartphones actuellement disponibles sur le marché incluent tous un appareil photo numérique qu’il est très tentant d’utiliser dans notre exercice quotidien.
Ce type d’appareil va permettre au confrère qui s’initier à la photographie buccale et l’introduire dans son exercice quotidien de le faire à un coût raisonnable puisqu’il dispose déjà de l’appareil photo. Il pourra dans un premier temps le faire en adjoignant simplement à son smartphone des éclairages additionnels qui sont décrits dans l’ouvrage. Ces éclairages simples sont aisément disponibles sur internet. Il lui sera ensuite possible de monter en gamme et d’investir dans des systèmes professionnels plus élaborés qui permettent d’obtenir un complément de lumière de grande qualité.
Un second avantage des smartphones est, une fois l’image enregistrée, la facilité de transmission aux autres membres de l’équipe dentaire et en particulier le prothésiste de laboratoire. En effet tous les smartphones permettent une diffusion aisée et rapide de l’image, que ce soit par internet ou par l’intermédiaire des réseaux sociaux.
Ce type de dispositif, au même titre que toute autre technique présente malgré tout quelques contraintes. Parmi elles, on se doit de citer la très petite taille du capteur qui va rendre difficile toute exploitation de l’image autre que la communication rapide pour les besoins d’une réalisation prothétique de faible étendue. Toute modification de l’image par « recadrage » sera à l’origine d’importantes pertes de qualité avec une image qui va rapidement « pixelliser ».
Par ailleurs la partie optique de l’appareil photo des smartphones étant du type « grand angle » va être à l’origine de déformations importantes de l’image dès lors qu’il va s’agir de réaliser des photos de portrait ou des photos de sourires si utiles dans les thérapeutiques à visée esthétiques.
Enfin comme dernière contrainte on pourra citer le coût relativement élevé des dispositifs d’éclairage additionnels professionnels qui peut inciter à « basculer » vers un appareil de type reflex numérique très souple d’utilisation dès qu’on a assimilé les réglages de base somme toutes assez faciles à acquérir.
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